Mya est une fille dans la fleur de l'âge, elle habite dans une somptueuse demeure dans la ville de Saint Denis sur l'île de la Réunion aux côtés d'Ignace, un homme riche et puissant exerçant la profession de notaire. Elle a tout pour être heureuse...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Mya venait de récupérer ses tomates... Presqu'en même temps que s'effectuait ce petit troc entre les deux femmes, la brocanteuse sur la droite était en train de remettre au jeune touriste le tout petit moulin à café artisanal soigneusement emballé dans du vieux papier journal, après que ce dernier lui ai remis lui aussi quelques sous en souriant. Mya, sans lâcher ce beau gosse des yeux, se décala très légèrement sur le côté, afin de laisser la place à d'autres acheteurs.
Tout à coup, son ventre émit un gros gargouillis. Elle fit la moue: la faim la taraudait. Tout en se retournant prudemment pour voir si Ignace la verrait, elle se saisit en douce d'une tomate dans son panier... La plus petite ! Ignace était loin d'elle et à présent, il était toujours debout à converser gaiement auprès de ces deux jolies aristocrates. Il ne semblait prêter attention à elle. C'était l'occasion où jamais pour Mya pour manger une petite tomate !
Affamée, elle croqua un grand morceau dans ce légume frais et juteux et, tout en jetant des coups d'œil avisés vers son lointain bourreau, elle mangea goulument. Devant son appétit féroce et sa manière de manger presque sauvage, quelques personnes accompagnés de bambins se retournèrent avec curiosité pour la regarder, mais Mya avait faim... trop faim pour se préoccuper du regard des autres, même si leurs regards semblaient plutôt moqueurs.
Soudain, tandis qu'elle achevait d'engloutir rapidement sa petite tomate, ses yeux tombèrent à nouveau sur le touriste au chapeau: elle vit ce dernier déposer son petit objet artisanal par terre et s'accroupir vers son chien. Tintin en effet, qui s'apprêtait à continuer sa balade, venait de s'apercevoir que la laisse de son chien s'était détachée - sous doute à cause des fortes tractions qu'exerçait l'animal - en particulier quand il était excité et heureux devant la nourriture, où bien au contraire quand il grognait après les autres animaux du marché. Le jeune homme, quelque peu mécontent, réajusta le collier de son chien en lui disant à mi-voix:
_"Je sais que tu détestes ça, Milou, mais je ne peux pas faire autrement, il faut t'attacher avec moi. Il y a beaucoup trop de monde et je n'aimerais pas te perdre."
Mya, immobile à quelques mètres de lui, l'observa attentivement - lui qui ne la voyait pas - et tandis qu'il se redressait vivement pour récupérer sa petite trouvaille emballée dans le papier journal, quelque chose s'échappa de la poche arrière de son pantalon marron et tomba par terre, sans qu'il ne s'en rende compte.
Alertée, Mya s'essuya vivement les recoins de sa bouche gommés de jus de tomate, et fixa aussitôt le petit objet noir par terre et qui appartenait à ce jeune homme... C'était un portefeuille ! Le beau touriste et son chien, muni de son petit présent, salua courtoisement la vendeuse, tourna les talons et se retira lentement... Mais son portefeuille était resté là, lui !
Le cœur battant, Mya regarda partout autour d'elle: personne ne semblait avoir vu le porte-papiers tombé. Avec une discrétion absolue, sans bouger d'où elle se trouvait, elle tourna doucement la tête pour s'assurer qu'au loin, monsieur Payet bavardait toujours avec ses deux probables conquêtes féminines. En effet, il se trouvait toujours au même endroit, et tel un pigeon qui roucoule une sérénade pour impressionner des pigeonnes, il se plaisait à séduire les deux bourgeoises par des propos rigolos.
