Mya est une fille dans la fleur de l'âge, elle habite dans une somptueuse demeure dans la ville de Saint Denis sur l'île de la Réunion aux côtés d'Ignace, un homme riche et puissant exerçant la profession de notaire. Elle a tout pour être heureuse...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La nuit s'était passée ainsi, et pour ainsi dire, elle s'est passée dans le plus grand calme pour Mya. La pauvre Malgache n'avait jamais connu une nuit aussi sereine depuis qu'elle vivait auprès de ce notable.
Après leur petite discussion dans le grand salon, Ignace était passé aux fourneaux et avait réchauffé le reste de nourriture du midi pour lui et Mya, puis après un repas calme, copieux et sans tension, il avait fait la vaisselle et débarrassé lui-même la table pour éviter que la jeune femme ne fournisse le moindre effort. Mya avait pris sa dose de fer et elle s'en était allée prendre le lit. Ignace l'avait rejointe mais cette fois-ci il l'avait laissée dormir tranquillement sans la contraindre à avoir des relations avec lui. Cette nuit avait des allures de vie presque idéales pour Mya. Si seulement cet homme aurait été comme cela depuis toujours !
Mais Mya n'était pas dupe ! elle savait très bien que ce n'était pas dans la nature d'Ignace de faire preuve d'humanité envers elle, elle savait que toute cette gentillesse de mari attentionné n'était que pure mascarade – car il n'avait pas le choix – il fallait qu'elle aille mieux et qu'elle se rétablisse au plus vite de ses soucis de santé – il se devait de soigner cette belle image de l'époux irréprochable surtout pour lui ! et par souci de plaire aux gens autour de lui qui l'adulaient... Mya savait aussi que cette bonté artificielle ne serait éphémère et qu'elle ne durerait que le temps de sa petite convalescence, et qu'une fois la semaine passée, tout redeviendrait comme avant, qu'elle se remettrait à travailler d'arrache-pied comme avant autant dans le domaine de plantation que dans toute la maison, et qu'elle subirait la maltraitance physique et mentale, qu'elle devrait se plier aux humeurs de monsieur le soir dans leur chambre.
Il était encore un peu tôt ce matin, mais en revanche il faisait bon, du moins meilleur que la veille – les dernières pluies nocturnes avaient bien rafraîchi l'atmosphère très chaude de l'île et désormais les températures avaient chuté de quelques degrés.
Ignace était à son travail depuis de bonne heure et avait simplement ordonné à la femme de faire la cuisine et aussi d'aller de temps en temps dans son domaine de café pour approvisionner les agricultrices en eau en fin matinée qui travaillaient déjà dans le verger; d'ailleurs, d'où elle se trouvait, Mya qui était provisoirement dispensée de nettoyage dans toute la maison ce matin, pouvait les entendre manipuler la pioche de manière régulière et énergique, ainsi que des propos bourdonner entre elles, parfois en Français, parfois en Malgache.
La jeune femme se trouvait debout accoudée au balcon de sa suite conjugale et, le regard perdu dans le vide, elle prenait l'air, et tout en entendant au loin les bêcheuses travailler, elle ne cessait de penser à celui dont elle était amoureuse : Tintin. Lui seul occupait ses pensées désormais. Elle se sentait heureuse rien qu'à l'idée de le revoir ce soir à ce gala qui était organisé à la Rivière des Pluies. Elle qui habituellement détestait les galas et Garden Party avec tous ces gens de la Haute Bourgeoisie, à présent, pour la première fois depuis trois ans, Mya mourrait d'envie de se rendre à cette petite soirée chic.
