chap 9

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Point de vue de Bucky :
J'arrive enfin devant l'hôpital, et je me précipite vers l'accueil. Immédiatement, une infirmière arrive et m'emmène voir Sam.

Je reste bloqué devant la porte de sa chambre. À travers une petite fenêtre, j'aperçois le corps de Sam, entouré de nombreuses machines. Lorsque je trouve enfin la force de pousser cette porte, je me rue vers le lit, et, incapable de m'asseoir, je lui prends la main. Le contact de sa main tiède, mais pas froide, m'arrache un soupir de soulagement. Et une larme. Les yeux de Sam s'ouvrent lentement.

"Tu es venu... murmure-t-il
- Bien sûr, Sam, je t'aime, je suis là. Je ne t'en veux pas, je veux juste que tu restes avec moi. Tout va bien, je suis là, je réponds calmement
- Tu sais, en ce moment, si je suis un peu sur les nerfs, c'est parce que je voulais te demander quelque chose.
- Quoi ?
- J'aurai voulu que ce soit dans de meilleurs conditions, mais j'ai l'impression que je n'aurau bientôt plus la chance de le faire, ajoute-t-il avec un demi sourir.
- Je t'en supplie, dis pas ça. On a encore tellement à vivre, tu va t'en sortir.
- Si tu le dis. Bon, voilà, je voulais te demander... Si tu voulais m'épouser."

Je reste sous le choc pendant un long moment, mais ma bouche arrive miraculeusement à articuler un 'oui'. Sam affiche un grand sourire, sur son visage qui semble si faible.

On reste comme ça, à planifier notre mariage, pendant une bonne heure. Une heure de discussion, comme si on était des gens normaux. Puis j'entends un bruit, une sorte de bip aiguë. Je me tourne vers l'une des machines. Sam se met à tousser, à cracher du sang. Des infirmières arrivent, et je suis prié de sortir. À contre cœur, je me dirige vers la porte. Je reste dans la salle d'attente de longues heures. Puis l'infirmière qui m'avait amené à Sam vient me chercher une deuxième fois.

Cette fois-ci, elle affiche une mine sombre. Elle lève ses yeux vers moi, et ses lèvres esquissent un sourir timide. Mais ses yeux ne soutient pas. Je me force à refouler mes larmes. L'infirmière s'approche, et m'annonce ce que je redoutais tant.

"Monsieur Barnes, c'est ça ?
- Oui. Comment va-t-il ?
- J'ai bien peur qu'il ne lui reste que quelques heures. Ses organes vitaux sont en trop mauvais état. Je suis désolée. Il demande à vous voir."

Je la contourne et marche au ralenti jusqu'à la chambre. Je ne veux pas y croire. Je veux me réveiller, c'est juste un cauchemar. Tout allait si bien, mais on dirait que l'univers ne veut pas me voir heureux. J'arrive devant la porte. Je la pousse doucement, et rentre encore plus doucement dans la pièce blanche. Mon coeur rate un battement quand je vois dans quel état il est. Il est branché à encore plus de machines. Je m'approche du lit de Sam, et ses yeux s'ouvrent lentement. Il esquisse un semblant de sourir, et je me force à en faire un aussi.

"J'ai cru que tu serais parti, articule faiblement Sam
- N'importe quoi, tu sais très bien que je resterai toujours avec toi.
- Toujours, c'est plus très longtemps, vu la tête des docteurs."

Son ton est ironique, mais sa voix se brise à la fin de la phrase, trahissant sa peur et sa tristesse. Sans toutes ses machines, je l'aurai pris dans mes bras. Au lieu de ça, je m'efforce de continuer à sourir, je lui prends la main en m'asseyant à côté de lui, et je lui murmure un "Tout va bien se passer" aussi convaincant que possible.

Pendant les quelques heures qui suivent, je parle, encore et encore, pour masquer mon désespoir, pour éloigner la peur, peut-être la peur que si je m'arrête, il va partir. Puis Sam se met à rire, un vrai rire. Je n'arrête pas pour autant mon flot de parole.

"Tu peux t'arrêter, tu sais, me coupe Sam. Pas la peine d'essayer d'être fort, je te connais, et pour moi tout va bien. J'ai jamais vraiment eu peur de la mort. Depuis un certain temps, j'ai surtout eu peur de te quitter. Mon seul regret c'est d'être séparé de toi. Alors s'il te plaît, arrête, pleure si tu veux, ou dis moi au moins ce que tu ressens là, maintenant."

C'est trop pour moi. Un larme coule, puis une autre, et je me met à pleurer comme si une rivière coulait de mes yeux. Je parviens à peine à lui dire que je ne veux pas qu'il me quitte lui aussi. C'est idiot mais je sais que je vais finir par le trouver égoïste, à me laisse seul. Sam continue de sourir pendant que je lui explique à quel point je m'en veux de ne pas avoir été là, de ne pas être à sa place.

Quand je ne trouve plus rien à dire, il commence à me raconter sa mission. Il devait arrêter des trafiquants d'armes internationaux. Sauf qu'il transportaient aussi des armes chimiques. Tout avait explosé, et malheureusement, même s'il avait échappé à l'explosion, il avait reçu une balle. Les trafiquants l'avait laissé pour mort, et il avait été exposé aux radiations des armes chimiques. Lorsque des agents du gouvernement l'avait retrouvé, c'était déjà trop tard.

Puis on commence à parler de sujets et d'autres, comme si de rien était. Jusqu'à ce que l'une des machines s'affole, que les médecins entrent, affolés eux aussi. Je reste à ses côtés, incapable de bouger. Tout se passe très vite. Les yeux de Sam se ferment, son rythme cardiaque chute, puis silence total. Quelques instants plus tard, les médecins sortent, me laissant seul avec le corps sans vie de celui que j'aime. Je pleure en silence.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, mais on finit par venir me conseiller de rentrer, et par emporter le corps de Sam. Je rentre chez moi, enfin chez nous, dans cet appartement qui me semble désormais si vide. Je continue de pleurer. Je voudrais crier, je voudrais casser quelque chose, je voudrais l'enduire en courant, mais je n'en ai pas la force. Je m'assied sur une chaise, et j'attends que mes larmes s'arrêtent.

RecoveryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant