I-Lᴀɴᴅ [EN PAUSE]

- Chapitre VII -

彡 Jake 彡

La dernière note de musique s'estompe dans la pièce pour laisser de nouveau place au silence.

Sous mes yeux, Heeseung hyung se lève, abandonnant le piano pour une destination qui m'est inconnue, très vite suivi par les autres qui étaient jusqu'alors éparpillés calmement de part et d'autre du salon. Ce n'est pas pour autant que je fais de même.

Je suis bien là, sur ce canapé.

En balayant des yeux la pièce désormais vide, je m'attarde sur le plafond et le scrute de fond en comble.

Blanc.

Il est blanc, sans aucune imperfection.

Comme le vide dans mon esprit.

Je renverse ma tête en arrière et ferme les yeux, légèrement déconcerté par cette pensée soudaine.

Le temps passe, et je reste dans cette position.

Ici les minutes, les heures et les jours ne sont pas précieux, alors ça ne fait rien si je reste comme ça.

C'est seulement une légère pression sur ma manche qui me fait relever la tête et ouvrir de nouveau les paupières, me laissant découvrir un Ni-ki qui m'observe fixement.

Je ne l'avais pas entendu arriver.

Une seconde pression fait dériver mon regard sur sa main tenant ma manche, dans l'incompréhension de son geste.

Étonnamment, il le réitére une fois, deux fois, trois fois et ne s'arrête tout simplement pas, accentuant même la force mise dedans.

Le message est clair : il veut que je me lève.

Alors je m'exécute et à peine ai-je le temps d'être sur mes deux pieds qu'il me tire déjà en direction de l'extérieur.

Mais où est-ce qu'il m'emmène ?

L'action en soit ne me dérange pas, c'est son contact qui me perturbe.

Cela va faire trois semaines que nous vivons ici, et depuis tout ce temps personne n'a jamais essayé d'effectuer un quelconque contact physique avec un autre. Ou alors pas à ma connaissance. Enfin... Il y a bien eut cette fois là avec Sunoo, mais c'était un cas à part. Alors même s'il ne me touche pas directement, puisqu'il agrippe seulement ma manche, cela me trouble.

C'est inhabituel.

Pendant qu'il me tire le long de la maison, je remarque que de son autre main il tient un crayon de papier et son cahier de dessins qu'il ne lâche quasiment jamais.

Sans même que je le réalise, la pression qu'exerçait Ni-Ki pour me faire avancer s'atténue jusqu'à disparaître complètement et nous nous arrêtons. En regardant autour de moi je découvre que nous sommes derrière la maison.

Je vois mon cadet me jeter un coup d'oeil avant de se hisser sur le muret qui entoure la cours de l'habitation et de sauter de l'autre côté. Après un court laps de temps, je l'imite et le rejoins. Une fois à ses côtés, mon regard dévie le temps d'un instant sur la lisière du bois qui nous fait face, à une centaine de mètres de là. Quand je me retourne une nouvelle fois vers l'endroit où se tenait Ni-ki il y a une poignée de secondes, il a disparu de mon champ de vision. En baissant la tête suite à un léger bruit de feuilles que l'on tournent, je remarque qu'il s'est simplement assis, le dos contre le petit mur, et qu'il feuillette son cahier à la recherche d'une page vierge.

Une fois qu'il en trouve une, il relève les yeux vers quelque chose se trouvant dans mon dos puis stoppe tout mouvements. Mon regard suit le sien et tombe sur un point légèrement au dessus de la cime des arbres. Et c'est ainsi que je réalise.