L'après midi touche bientôt à sa fin, le soleil écrase encore ses rayons contre les vitres pour faire grimper la température à l'intérieur de la pièce, et la lumière éclatante fait briller les quelques grains de poussière en suspens, un mètre au dessus du sol.
Posée sur un meuble en bois, l'horloge digitale affiche un peu plus de dix huit heure trente et, dans le silence monotone de son salon vide, Katsuki soupire sur son fauteuil.
A l'arrêt entre le canapé et la télévision éteinte, il fixe un défaut le carrelage depuis vingt bonnes minutes, la tête pleine de rien et la bouche totalement cousue.
Son souffle aussi calme que les muscles de ses jambes, c'est à peine s'il compte les secondes, hypnotisé par du néant, la solitude pour unique compagne et l'ennui en guise de seconde peau.Ses paupières tressautent par elles mêmes de temps en temps, les yeux fatigués de rester rivés sur la même cible insignifiante depuis trop longtemps, et le poids de son propre crâne le fait basculer presque imperceptiblement, par intermittence, d'avant en arrière.
Un violent sentiment de déréliction* lui pince l'estomac à mesure que le temps coule sous les roues de son fauteuil, filant en dessous de lui sans qu'il ne puisse vraiment l'attendre, fuyant comme le reste de son existence.
De l'extérieur, à le voir immobile et ainsi muet, il jure qu'on pourrait presque le croire mort, abandonné à son sort dans son appartement comme un vieux débile.Dans les faits, il s'emmerde.
Principalement.Depuis ce matin.
A la seconde où il a ouvert les yeux sur sa chambre fade, le corps étendu dans ses draps insipides et la tête posée sur son oreiller maussade, il percevait déjà l'appel de l'ennui en dehors de son lit.
Comme tous les matins, rien ne lui donnait franchement envie de sortir de son cocon creux, songeant qu'il ne ferait rien de plus dans le salon que dans la chambre, et sa journée commençait déjà dans un premier élan de déprime profonde.
Il devait être un peu plus de huit heures du matin, et les longues heures qui lui restaient à tenir avant de pouvoir s'endormir à nouveau ne lui inspiraient que toujours plus de désolation.Son quotidien ne rime qu'à ça cela dit, errer entre deux pièces.
Alors il a trainé sous la couverture un bon moment, à se balader d'un réseau social vide à un autre, suivant d'un oeil désintéressé une série de vidéos, jusqu'à se perdre dans les tréfonds des recommandations de Youtube.
Un moment, son cerveau s'est déconnecté de toute forme d'intelligence et de réflexion, et il semble qu'il n'ait repris conscience qu'aux alentours de onze heures trente, quand une publicité bruyante l'a sorti de sa léthargie.La nuque ramollie par la monotonie, il s'est trouvé la force un peu miraculeuse de sortir de son lit, déplaçant son corps du matelas jusqu'à son fauteuil pour enfin quitter sa chambre vide.
Midi approchant, bien que l'appétit demeurait absent depuis samedi soir, il a songé qu'il devrait peut-être essayer de rentabiliser au moins une heure ou deux de son lundi, histoire de dire qu'il n'a pas passé sa journée à glander inutilement.
Alors, en se faisant violence, il a pris une douche, et ça restera sans doute sa plus grosse activité jusqu'à ce soir.Puis, dans la grande salle de bain spécialement adaptée à son fauteuil roulant, restant sagement sur l'assise en plastique fixée à la paroi, il a accordé un peu plus de temps qu'à l'accoutumée à la cicatrice de son flan.
Histoire de faire passer les minutes en se concentrant sur quelque chose.En passant la crème sur sa peau encore bien humide, massant la vieille blessure sous ses paumes, il s'est attardé à en redessiner les contours sans vraiment la regarder pour autant, percevant juste ses reliefs sous les gestes de ses mains.
Il la déteste, et il déteste encore plus la sensation contre ses doigts quand il devine sa forme et ses aspérités en la touchant malgré lui, remontant le long de ses lignes détestables qui se promènent jusque sous sa première côte flottante, et les ramifications profondes qui s'invitent près des muscles de ses abdominaux.
Elle ne lui fait plus mal, mais le simple fait d'avoir conscience de sa présence suffit à l'horripiler, elle lui rappelle bien trop de choses, et elle lui semble bien trop laide pour qu'il puisse réellement la tolérer.
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Breαthe me
FanfictionEn haut des marches, il resserre solidement sa prise sur les mains courantes de son fauteuil roulant. L'agitation derrière lui, qui ne lui parvient plus que comme un écho vague et sans intérêt, lui rappelle seulement à quel point ce monde ne lui in...