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Même en plein été, alors que le soleil domine le ciel jusqu'aux premières heures tardives, il finit toujours par tirer sa révérence, contraint de partir illuminer d'autres zones du globe pour un petit moment.
Alors, quand sa mission sur place se termine, saluant son public une dernière fois, il s'échappe par delà l'horizon pour céder sa place à sa collègue de la nuit.

Ses rayons se fanent et disparaissent progressivement derrière les bâtiments, et l'obscurité se dépose sur le décor, tout juste éclairé par la frêle lumière de la lune.
A son tour, elle se fait le témoin des virées nocturnes des uns et des autres, veillant sur les promeneurs et les groupes d'amis profitant des températures estivales le long des trottoirs et sur les terrasses de cafés.

Tout devient plus calme, malgré la vie qui poursuit son existence un peu partout, et les premiers réverbères se mettent en route pour révéler les alentours un peu plus nettement.
Les phares des voitures également, viennent fendre le noir en traversant les routes et les rues, et le sifflement clair des pneus sur l'asphalte accompagne leur passage d'une mélodie discrète.

Dans les habitations calmes, certains dorment déjà pendant que d'autres commencent tout juste à se réveiller.
Les fêtards invétérés se préparent à ouvrir une bouteille, les plus sages profitent d'un film depuis leur canapé avant d'aller se coucher, et d'autres encore se découvrent de nouvelles affinités.

De l'intérieur de son appartement, Katsuki presse le bouton de ses volets électriques pour les refermer entièrement, faisant ainsi disparaitre le décor nocturne derrière le pvc.
Sur son fauteuil, alors que seul l'éclairage artificiel du plafonnier éclaire encore le salon, il pousse sur ses roues pour traverser la pièce, son téléphone posé sur ses cuisses et l'estomac rassasié.

Sur la table, la tasse de café traine encore, il se promet par ailleurs de s'en occuper dès demain, et l'ambiance demeure tout aussi silencieuse que lors du reste de sa journée.
Néanmoins, alors qu'il tape doucement sur l'interrupteur pour plonger le salon dans le noir et rejoindre le couloir toujours éclairé, il sourit encore en percevant l'écho du vibreur de son téléphone sur ses jambes.
Sans s'arrêter pour autant, il poursuit son chemin jusqu'à sa chambre qu'il se dépêcher de gagner, refermant la porte derrière lui avant de s'avancer près du lit. 

D'ici, il s'octroie une minute pour consulter enfin son portable en réveillant l'écran, observant par la même occasion que celui ci indique bientôt vingt-trois heures trente. 
Sur l'icône de son application de messagerie, une petite notification attend sagement d'être consultée et, en appuyant doucement dessus, Katsuki accède au texto fraichement reçu. 

De : Izuku 
←J'aime bien Mina malgré tout. Elle est frivole, mais elle vit encore chez ses parents et elle n'a aucune contrainte. Au final elle a raison d'en profiter. 

Haussant une épaule partiellement convaincue, il soupire pour la forme en composant une réponse, ajoutant un nouveau message à la longue liste qui ne cesse de s'étendre depuis qu'ils ont commencé à parler il y a de ça quelques heures. 
Il ne saurait pas vraiment expliquer comment et pourquoi, mais la discussion semble s'être laissée emporter au fil de leurs échanges et, si la conversation a débuté sur presque rien, elle s'est emballée jusqu'à ce qu'ils se retrouvent à se raconter les banalités de leurs vies respectives. 
Sans lâcher son téléphone, Katsuki a continué de lui parler tout en mangeant, puis en débarrassant.
Il s'est brossé les dents tout en écrivant sur son clavier, et a longuement traîné dans son salon en lisant les réponses d'Izuku. 

Le temps lui a semblé légèrement moins long, moins terne, le regard occupé sur l'écran de son portable et les pensées absorbées par la discussion. 
Pourtant, ils n'ont rien dit de particulièrement transcendant, se racontant simplement des généralités et quelques bribes de leurs routines chiantes à crever. 
Mais, par il ne sait quelle magie, les mots apaisent sa soirée, au même titre que le sentiment de solitude qui colle habituellement si fort à sa peau et, malgré le silence qui demeure fidèle à son poste, il pourrait presque dire qu'il ne le dérange plus vraiment, à cette heure. 

Breαthe meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant