Un calme paradoxalement chargé règne dans le hall vide, la porte encore ouverte face à Katsuki, dont les mains tremblent toujours, hors de contrôle, la poussée d'adrénaline trop soudaine bouillonnant dans son sang.
Le cœur prêt à rompre, ne sachant plus quel tempo adopter, cognant parfois trop vite, d'autres fois trop fort, sa poitrine se contracte d'une douleur sourde et insidieuse, la sensation d'une brique posée sur les côtes et le diaphragme perforé par le martellement douloureux de ses émotions en fusion.Son estomac tambourine, remonte et redescend dans son abdomen comme on déplacerait ses organes pour laisser passer le stress et l'euphorie partout entre ses entrailles.
Un peu plus, et la transpiration ruissellerait à son front, trahissant l'effort mental qu'il vient de faire, cet élan soudain d'honnêteté et de vérité qui, en plus de secouer son corps, vide son cœur et assèche ses réserves d'énergie.
Le coup de barre le saisit juste derrière, cette sensation toute soudaine de recevoir un parpaing sur le front, qui écrase ses tempes et comprime sa cervelle.
La tête lui tourne un peu quand il réalise qu'il vient littéralement de larguer un obus sur sa vie et celle de son entourage.Devant le fauteuil, Izuku n'a pas changé de posture, les genoux repliés pour se positionner plus bas que lui, et son regard se promène sur les traits de son visage, cherchant son attention en silence sans se montrer envahissant.
Il ne le touche pas, n'interfère d'aucune manière dans son espace vital, mais sa présence et l'écho apaisé de son souffle près de lui le maintiennent conscient et connecté à ce qui l'entoure, lui rappelant progressivement qu'Eijiro est parti, que la tornade est passée, et qu'il peut désormais se ressaisir.
Alors, en avalant sa salive, espérant adoucir les pulsations désagréables qui chargent ses côtes et son sternum, il lève le menton vers le plafond pour inspirer plus profondément, ouvrant sa gorge à l'oxygène offert pour reprendre pied.Viens t-il de balayer la moitié de sa vie, si moisie soit-elle, en un claquement de langue ?
Lentement, sans faire de bruit ni insister davantage, Izuku se redresse complètement, dépliant ses genoux pour marcher vers l'entrée encore ouverte.
En silence, presque en évitant de faire tinter le trousseau de clés pendu à la serrure, il referme la porte sans brusquerie, ramenant l'intimité dans l'appartement en faisant disparaitre le couloir.
Puis, ses pas discrets contournant Katsuki sur son fauteuil, il se penche partiellement à son épaule, murmurant sans ordonner quoi que ce soit._ Tu viens ? Reste pas là, ça ne sert plus à rien, il est parti maintenant.
Malgré le bourdonnement sous ses tympans, sa voix l'atteint suffisamment clairement et, même s'il marque quelques secondes de réflexion immobile, il cède à sa proposition, gonflant son torse pour réveiller son corps sidéré.
Ses bras agissent lentement, mais ses doigts parviennent à s'agripper aux mains courantes de ses roues, alors qu'il remercie intérieurement Izuku de ne pas l'avoir traîné de force en tirant sur les poignées de l'engin pour le déplacer sans son consentement.Pressant les barres métalliques, il fait tourner les larges roues en marche arrière, gagnant l'accès vers le salon sans avoir ouvert la bouche, et il se déplace quelque peu mécaniquement vers le canapé.
Puis, en s'arrêtant près de l'accoudoir, observant Izuku qui le rejoint en prenant place sur l'assise confortable, un déclic le frappe soudain, et il inspire brutalement comme s'il ouvrait ses poumons pour la première fois de sa vie.
L'air chauffe un peu le long de sa trachée, la brûlure légère lui rappelle le souffle piquant que l'on reprend après avoir bu la tasse, les bronches imbibées d'eau et la toux menaçant au bord du larynx.A croire qu'il buvait la tasse depuis des années, et qu'il vient seulement maintenant de retrouver le bord de la piscine, la petite dalle à laquelle il s'accroche pour sortir son visage de l'eau.
Il ne dira pas qu'il se sent plus lourd ou plus léger, Katsuki ne ressent pas ce soudain sentiment de devenir tout à coup une nouvelle personne, ou encore d'avoir changé de peau en même temps que de trajectoire.
Il ne s'agit pas tellement de se sentir une quelconque renaissance, en fait, il perçoit juste ce soulagement interne qu'un enfant peut expérimenter en retrouvant son chemin dans les rayons immenses d'un grand magasin après s'y être perdu.
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Breαthe me
FanfictionEn haut des marches, il resserre solidement sa prise sur les mains courantes de son fauteuil roulant. L'agitation derrière lui, qui ne lui parvient plus que comme un écho vague et sans intérêt, lui rappelle seulement à quel point ce monde ne lui in...