Le Médaillon aux trois vies ( Sous contrat d'édition)

Chapitre 2

20 mai 2008, Bayeux.

Je dépose une fleur sur la pierre tombale de ma grand-mère, morte il y a trois jours. Cela a été une surprise, avec son regain d'énergie, nous avons pensé l'avoir récupérée pour quelques mois. Mais la rechute a été fatale. Je ne pense pas qu'elle ait souffert. C'est la seule chose qui me réconforte. Ma mère n'arrête pas de me dire « elle est mieux là où elle est ». Je ne suis pas d'accord. Mais je ne souhaite pas débattre avec elle. Je suis dévastée et je ne pense qu'à la promesse que je lui ai faite. Je vais passer pour une folle.

Et si ? Cette question me hante. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai presque l'impression que ça va marcher et que je vais être projetée dans le passé. Puis, la raison refait surface et efface cette pensée loufoque. Que m'arrive-t-il ?

Ma mère passe son temps à parler à nos proches, nous sommes la source de toutes les attentions de la part de nos amis et de notre famille. Au bout d'un moment, je réussis à m'éclipser dans ma chambre et ouvre le bouquin que je viens de m'acheter sur la Seconde Guerre mondiale. Je me découvre une passion pour cette période de l'histoire. Je tente de retenir un maximum d'informations.

***

J'ai décidé de me rendre à la bibliothèque et de m'instruire un maximum depuis la mort de ma grand-mère. Non pas que je crois au pouvoir du médaillon, mais j'aime tout contrôler et si cette folle théorie se révèle vraie, autant m'y préparer un minimum. J'inscris sur un carnet toutes les dates, les lieux des évènements importants, ainsi que les noms des principaux protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, comme Montgomery, De Gaulle, Eisenhower.

Je passe voir une de mes amies, Louisa, que j'apprécie beaucoup. Nous sommes internes dans le même hôpital. J'ai commencé il y a trois jours et nous en profitons pour réviser ensemble. Elle m'accueille les bras ouverts en me demandant d'où je viens.

— Bibliothèque.

— Encore ton histoire de Seconde Guerre mondiale ? Tu crois vraiment les sornettes de ta grand-mère ?

Elle hausse un sourcil en m'observant prendre place dans son canapé.

— Bien sûr que non ! Mais imagine que ce soit possible, j'aurais vraiment l'air conne si je n'y connais rien !

Elle lève les bras au ciel, désespérée par mon attitude.

— Mais ça n'arrivera pas ! Tu vas juste te taper la honte devant la tombe d'un soldat inconnu !

— Je sais, dis-je en balançant ma tête en arrière et en fermant les yeux. Mais je le lui ai promis. Je dois faire les choses comme si j'y croyais.

— Comme tu veux, tu y vas quand du coup ?

— Demain. Tu as ce que je t'ai demandé ?

Je me redresse pour l'observer avec intensité. Elle plisse son nez fin et me répond sceptique.

— Hum... Mais tu as intérêt à me le rendre quand tu te seras ridiculisée ! Je ne veux pas avoir de problème !

Elle fouille dans son sac à main et extrait un sachet en plastique contenant mon sésame, de la morphine, des instruments sortant du bloc opératoire, du désinfectant et des bandages. Je souris en la remerciant gracieusement.

— J'ai l'impression de nourrir tes fantasmes en te fournissant ce matériel, comme si tu allais opérer un soldat mourant !

Elle lève une nouvelle fois les bras au ciel, déboussolée. Je ne lui en veux pas, je me prends déjà pour une aliénée.

Nous passons le reste de la soirée à regarder un film. Je ne réussis cependant pas à me concentrer. Rêveuse, curieuse, je songe à la possibilité de voyager dans le temps. Je n'arrive pas à effacer l'espoir qui fulmine dans mon esprit, que ma grand-mère dise vrai. Je me suis préparée au mieux. Mais si cela se révèle véridique, serai-je à la hauteur ? Et si cela est faux, vais-je être déçue ?