pl(heure)

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les gouttes abattues tombent sur le velux et les tuiles

comme des doigts agités martèlent un piano invisible

la chambre rose étouffe mes sanglots fatigués

mes sentiments se débattent pour sortir en premier

je survole les toits la ville en pyjama 

j'imagine Paris entre l'église et le cinéma

la Seine revisitée par un metteur en scène démodé

les spectateurs s'en vont si vite dans leur vie cabossée

encore allongée je fixe la poignée élimée au plafond 

à force de savoir j'ai égaré les raisons

la nuit les heures ne comptent plus je déverse mes troubles à torrent

des poissons étranges me sourient ils nagent à contre-courant

suis-je la seule à être réveillée ? me semble soudain effrayant

depuis la place désertée où sont partis les figurants ? 

la solitude s'enracine comme la seule vérité

l'eau coule à l'intérieur si je m'endors finirais-je noyée ?

l'odeur de la pluie les maisons endormies

la nuit grise la brise luit les nuages ruissellent 

ils m'apaisent dans mon cri

mon sommeil au dos vouté chancelle

à deux heures la pluie m'achève 

j'ai perdu mes rêves dans un coin sombre de mon âme 

j'ai maudit l'amour pour être l'objet de tous mes drames 

j'ai bercé mes peurs dans un océan de larmes 

elles et moi on s'écœure ébranlées par les flammes


03:50

Engr(âme)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant