(pur)gatoire

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je crache mon désir comme un souffle mortel 

À en perdre la raison je me dégonfle à présent je cache mes blessures. À l'unisson les cieux et le large s'esclaffent tendrement en m'envoyant leurs doux vêtements de pluie. L'ivresse du feuillage exotique se transforme en souvenir brumeux comme un voyage en voiture, l'innocence à l'horizon. Je sens que jadis les oiseaux sauront des myriades de chansons pour les marins, ils les faisaient danser dans le vent. 

Mes yeux sont vides et le sable s'effrite dans l'horreur de l'orage ensanglanté. Les chenilles sont arrachées à leur cocon par des pieuvres géantes. Mon corps a disparu je suis plus légère que l'oubli dans les profondeurs de la nuit. Un chant de cœur agonise, écrasé par des bâtiments et frappés par la foudre sous un soleil désolé. Mes pensées se noient dans la page sillonnée par le paradis bleu. D'un geste flétri mes parents fleurissent en dormant puis les liaisons se brisent au rythme du courant. Une nymphe tresse des paniers en bambou sous le ciel sans lune. Ses habits d'hibiscus se déchirent entre les dents de l'ombre et sa peau cesse de luire. Et le ciel, qui n'était qu'un drap, se dépose sur nos dépouilles, et le chevalet qui portait la jungle s'effondre dans la lave. Sous mes paupières ma mort me saisit à la gorge. Le grillage m'a éraflé les genoux, les poings m'ont volé la vie. 

puisque personne ne me lira 

~la vague qui nous gracie  


Engr(âme)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant