Ziam-ya0i

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- Ma mère va se remarier, avoua Liam, peu fier d'avoir à annoncer une telle nouvelle, fut-ce à son meilleur ami.

Niall Horan, en train d'essuyer la bouche de son bébé débordant de bouillie, écarquilla les yeux, l'air abasourdi.

- Se remarier ! répéta-t-il sur un ton incrédule. Encore !

Tournant lentement sa cuillère dans sa tasse à café pour se donner un contenant, Liam ravala sa gêne.

- Et oui, la reine des cauchemars matrimoniaux va replonger, confirma-t-il en faisant mine de prendre les choses à la légère.

- Incroyable ! Et ça fera combien, en tout ? Au moins son cinquième ou son sixième mari, non ?

Dieu merci, Liam connaissait assez Niall pour savoir qu'il ne la jugeait pas. Une profonde amitié liait les deux hommes depuis le lycée. C'était aussi cette entente parfaite qui les avait poussés, deux ans plus tôt, à s'associer dans la création d'une agence d'intérim. Le travail n'avait fait que renforcer leur amitié, et Liam se réjouissait d'avoir enfin quelqu'un de stable dans son entourage, une personne sur qui il pouvait compter en toutes circonstances. Niall Horan était un homme équilibré et épanoui. Fou amoureux de sa femme, qui menait une vie heureuse et rangée. Le seul reproche que Liam pouvait lui faire, c'était de vouloir à tout prix le persuadé de suivre le même chemin que lui, en lui répétant sans cesse que le bonheur passait par l'amour, voir le mariage. Or cette vie que son ami lui faisait miroiter était justement celle à laquelle, il avait renoncé depuis bien longtemps...
Fort de l'expérience de sa mère, Karen, le contre-exemple par excellence. L'illustration parfaite de ce qu'il ne fallait pas faire. Liam avait pris la décision depuis des années : il resterait célibataire. Plutôt vivre seul que d'aller de relation raté en relation raté !
Seigneur, quelle honte ! Soupira-t-il en son for intérieur, repensant à la conduite de sa mère. Dans les autres familles, n'étaient-ce pas plutôt les enfants qui plongeaient les parents dans l'embarras pas le contraire. Aujourd'hui encore, c'était lui, l'adulte, et sa mère, l'adolescente. Une adolescente de quarante-huit ans, tout de même ! Hélas, il y avait bien peu de chance pour que Karen née Shay... épouse Hasting... épouse Watson... Payne... Gorgio (deux fois)... Harries... et bientôt Wilson. Ouf ! Peu de chance qu'elle devienne la mère classique que Liam avait toujours rêvé d'avoir.
« Puisque tu ne peux rien y changer, apprends à t'y faire », lui souffla une petite voix intérieure.

- Liam ?

Tiré brutalement de ses pensées, le jeune homme revint à la conversation donc il s'était éloigné un moment.
- Officiellement, c'est son sixième mariage, mais ma mère prétend que cela ne fait que cinq, expilqua-t-il répondant à la question que Niall lui avait posé, quelques instants plus tôt. Comme elle a épousé deux fois son troisième mari, elle ne le compte que pour un.

« Merci, Niall, pour ton sourire indulgent ! »

- Je suis franchement désolé pour toi, repris son ami, je sais que ce n'est pas facile, mais il faut que tu acceptes une fois pour toutes que ta mère est quelqu'un d'un peu... Spécial.

Liam secoua la tête.

- Ça, pour être spéciale, elle est spéciale !

- Sa vie ressemble à un feuilleton à l'eau de rose.

- Si tu veux mon avis, j'aimerais bien qu'elle se décide un jour à changer de littérature ! observa Liam sur un ton mi-amusé, mi-sérieux.

Malgré toute la compréhension dont il faisait preuve, Niall ne pouvait pas imaginer ce que cela avait été de grandir avec une mère aussi immature que Karen. À l'âge où ses camarades avaient encore des préoccupations d'enfants, Liam, lui, avait dû assumer des responsabilités de grandes personnes. Il avait mûri trop vite.
Comme chaque fois que ces pensées lui revenaient, une pointe de culpabilité l'assaillit. Avait-il le droit d'en vouloir à sa mère ? Après tout, celle-ci avait fait de son mieux. Au moins, elle ne l'avait pas abandonné. Pas comme son père.
Liam se mit à regarder autour de lui. En dépit de l'étroitesse de la cuisine de Niall et du bric-à-brac qui l'encombrait, il y avait là, incontestablement, quelque chose de plaisant et de chaleureux. Un gribouillage de crayons de couleur était fièrement exposé sur la porte du réfrigérateur, le bol du chien traînait dans un coin, et de minuscules empreintes de doigts étaient imprimées sur les vitres. Voilà exactement à quoi devait ressembler l'univers d'un enfant, songea le jeune homme. Ce qu'il ne connaîtrait jamais, à moins d'en faire adopter un, puisqu'il n'était pas attiré par la gente féminine et qu'il ne voulait pas élever un enfant seul... À cette idée, un sentiment de vide l'envahit, qu'il refoula aussitôt en se disant qu'il pourrait toujours satisfaire ses besoins paternels avec les enfants des autres.