Ziam-ya0i

-9-

La première semaine de la nouvelle existence de Zayn avait filé à la vitesse de l'éclair.

Comme s'il n'était déjà pas assez difficile, la nuit de ne dormir que d'un oeil pour guetter la respiration de Sasha, il avait dû, le jour, subir le flot constant des questions d'Harry et endurer une montagne de conseils, qu'il n'avait naturellement pas demandés, de la part d'un homme qui, il y avait deux ans encore, n'avait guère plus de notions que lui sur les soins à apporter à un bébé !
Bref, pris dans un tourbillon contre lequel il n'était pas de force à lutter, Zayn avait été aspiré dans les remous d'un univers où il s'était pourtant juré de ne jamais mettre les pieds. Il se retrouvait ainsi à apprendre des choses pour lesquelles il n'éprouvait aucun intérêt et à exécuter des tâches qui l'auraient fait mourir de rire si quelqu'un lui en avait parlé un mois plus tôt.

Ajoutez à cela que, pratiquement tous les jours, Liam l'emmenait faire les magasins en affirmant qu'il manquait encore quelque chose au bébé, et vous n'aurez aucun mal à imaginer l'humeur du sergent-artilleur Malik.
Comment aurait-il pu deviner que les enfants avaient besoin d'autant de choses inutiles ! Ne pouvait-on donc pas les élever correctement sans un bac-à-couches-qui-supprime-les-mauvaises-odeurs-et-élimine-les-microbes, un trotteur matelassé et réglable en hauteur, ou un anneau de bain permettant à bébé de barboter en toute sécurité ? Des bouffes argent, rien de plus.

À quoi en était-il réduit pour n'avoir plus que des préoccupations aussi pitoyables ?

Marmonnant entre ses dents, Zayn laissa son regard errer autour de lui, sur les rayons du dernier magasin. Deux allées plus loin, Liam, tenant Sasha dans ses bras, passait en revue les robes, pyjamas, sweat-shirt, pantalons et combinaisons accrochés. Quel besoin avait sa fille de posséder autant de vêtements, alors qu'elle était encore bien trop petite pour sa salir en jouant dehors, pour se vautrer dans la boue ou sauter dans les flaques d'eau ? Quoique, corrigea-t-il un instant après, Sasha bavait et crachait si bien qu'il fallait chaque jour la changer de la tête aux pieds. Oui, côté bonnes manières, cette adorable petite bonne femme avait encore des progrès à faire !
Tandis qu'il était plongé dans ses pensées, une vendeuse s'approcha de lui pour attirer son attention.

- Excusez-moi, Monsieur, dit-elle, mais je crois que votre ami vous appelle.

Réalisant que l'employée lui avait adressé la parole, Zayn sursauta, d'instinct sur ses gardes. Il parvint néanmoins à faire comme si de rien n'était pour se tourner vers le jeune homme, qui, en effet, lui faisait de grands signes de la main pour lui demander de venir auprès de lui.
Leur proximité forcée était de plus en plus difficile à supporter. Tous les matins, il se présentait chez Liam à 4 h 30 précises, pour lui confier Sasha avant de prendre son service à l'aube. Et tous les matins, quand le châtain venait lui ouvrir la porte, il apercevait, un boxer serré qui mettait le corps du jeune homme en valeur. Rien de plus excitant pour Zayn.
L'après-midi, lorsqu'il venait récupérer le bébé et que le châtain l'accueillait avec un charmant sourire, ce n'était guère mieux. Invariablement, la bonne odeur qui arrivait de la cuisine lui faisait penser que Liam était lui-même un mets bien appétissant ! Même simplement vêtue d'un jean et d'un T-shirt, oui cet homme-là, était vraiment à croquer !

- Prenez la petite une minute, j'ai besoin d'avoir les mains libres, lui dit-il, alors qu'il venait de le rejoindre dans le magasin.

- Avez-vous bientôt terminé ?

Liam se retourna, juste le temps d'un regard.

- Encore une chose ou deux et ce sera bon.

Par bonheur, il fit son choix assez rapidement. Quand il eut terminé, ils regagnèrent la sortie pour régler les achats. Là, Zayn, donna sa carte de crédit à une employée, qui la lui arracha des mains comme s'il risquait de changer d'avis à la seconde.

- Où va-t-on maintenant, mon général ? plaisanta le métis pendant qu'ils patientaient à la caisse.

- Je crois que ça suffit pour aujourd'hui. Sasha ne manque plus de grand-chose, à présent.

- Quelle bonne nouvelle !

- Si vous voulez bien signez là, les interrompit la caissière à cet instant.

Zayn confia le bébé à Liam, signa sa note... en s'efforçant de ne pas trop en regarder le montant, puis fourra son reçu dans la poche de son jean.

- Puisque nous n'avons plus de courses à faire, que diriez-vous d'un bon dîner ? proposa-t-il enfin.

« Tentant. Bien trop tentant », songea Liam. Depuis une semaine, chaque jour l'avait amené à pénétrer un peu plus dans l'intimité de Zayn Malik. Le voir tous les matins et tous les après-midi était presque devenu une habitude. Une habitude qu'il commençait à apprécier beaucoup trop...

Comment en était-il arrivé là sans s'en apercevoir ? s'interrogea-t-il. C'était pourtant seulement parce que Sasha l'avait fait craquer au premier regard qu'il avait proposé à Zayn de la garder. Du moins était-ce ce qu'il avait cru sur le moment, car l'évolution de la situation lui portait maintenant à reconsidérer ses motivations. Pourquoi, s'il n'avait de sentiments que pour le bébé, ses pensées se retournaient-elles toutes vers Zayn dès qu'il avait une seconde de liberté ? Pourquoi ses rêves étaient-ils emplis de lui ? Pourquoi, chaque nuit, imaginait-il ses mains sur son corps ? Et pourquoi cela provoquait-il en lui une multitude de délicieuses sensations, qui le laissaient, au réveil, en proie à un sentiment de frustration chaque jour grandissant ?
Peut-être était-ce de voir Zayn faire son apprentissage de père, de voir ce grand gaillard, un peu emprunté, tenir son minuscule bébé dans les bras, qui l'attendrissait plus que de raison ? Il y avait quelque chose de si touchant, de si vulnérable en lui, se prit-il à rêver une seconde, avant de se ressaisir. Seigneur ! Les choses étaient en train de déraper dangereusement et il devait reprendre ses distances avant qu'il ne soit trop tard...

- Liam ? dit Zayn, en lui passant la main devant les yeux pour le faire sortir de ses pensées. Alors, et ce dîner ?

Ah oui, le dîner ! S'il disait oui, il y aurait ensuite le « dessert » et qui sait même si cela ne finirait pas par le petit déjeuner le lendemain matin.

- Euh... euh..., bégaya-t-il. Non.

- Comment ça, non ?

Pourquoi avait-il l'air surpris et comme vaguement offensé ? Que croyait-il, ce prétentieux ? Qu'il n'avait qu'à claquer des doigts pour qu'il laisse tout tomber ? Qu'il n'avait rien de plus important à faire que de passer son temps avec lui et Sasha ?

- Non, redit Liam, cette fois avec plus de fermeté dans le ton. Je ne peux pas, je... J'ai déjà des engagements.

Un dernier regard dans les yeux brun de Zayn faillit de nouveau le faire revenir sur sa décision. Mais, se reprenant heureusement à temps, il se redressa, releva le menton et lui remit Sasha dans les bras. Mieux valait ne pas garder contre lui ce petit corps tendre et chaud s'il voulait être capable de résister à la tentation.

- Merci quand même pour l'invitation, ajouta-t-il.

- De rien, répondit Zayn, cachant mal sa déception. Allez, venez, je vous raccompagne.