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- Bah ça alors... ils auraient pu inclure des dessins de nous dans l'article pour nous mettre en avant. J'aurais bien aimé faire vos portraits.

Aussi bondées qu'à l'accoutumée, les rues de Trost ne laissaient pas aux soldats le loisir de déambuler sans regarder où ils mettaient les pieds. Ce fut pour cette raison qu'Aaron dut tirer Jean par la manche alors qu'il allait foncer dans une vieille dame toute tassée, lui qui ne pouvait pas lâcher des yeux l'article de presse qu'il avait dans les mains.

- Estime-toi heureux que le Bataillon soit pas totalement bafoué, cette fois-ci, lui répondit la jeune fille. Les gens vont peut-être enfin comprendre qu'on n'est pas que des branleurs qui se contentent d'envoyer leurs camarades à la mort.

- C'est vrai, la soutint Armin. Nos prédécesseurs avaient jamais accompli quoique ce soit d'aussi gros.

- Si même le Colossal le dit, c'est que ça doit être vrai.

Le couple toisa son ami commun lorsqu'il lui fit cette blague de mauvais goût, ce à quoi le concerné répondit par un geste de la main insensible afin de se dédouaner de la gène occasionnée. Comme pour le punir, Aaron s'empara de son exemplaire du journal dont il n'avait pas l'air de pouvoir se séparer pour le moins du monde. Il voulut objecter mais ne s'y résolut pas, condamné à soupirer et à enfoncer les mains dans les poches de son gilet.

- Alors tout est là dedans... tout le monde est au courant qu'on a affaire à un plus gros poisson que prévu, pourtant, pas de mouvement de masse à observer.

- Ça reste le chaos quand ça touche au point de vue de chacun. Y'a des groupes qui se forment, certains croient la presse, d'autres pas du tout. Y'en a même quelques uns qui crient à la manipulation de la part du Gouvernement.

- Ah oui? s'étonna Aaron face à ces informations que lui délivra Armin. Les adorateurs du Roi Fritz doivent encore l'avoir en travers de la gorge...

- C'est clair! Dire qu'une bande de gamins de seize piges et un vieillard ont mis une cadette du Bataillon sur le trône, ça a dû leur en boucher un coin.

- Sois plus respectueux du Capitaine que ça, Kirschtein! Question de sécurité.

Jean s'autorisa à se moquer de son amie sous prétexte qu'elle était soi-disant "flippée" par leur supérieur, mais quand il la vit rouler le journal qu'elle tenait tout en le fusillant du regard, il redevint muet. Armin laissa échapper un ricanement face à ce spectacle, ce qui apaisa le cœur d'Aaron, désormais bien éloignée de son idée de base qu'était de se venger des railleries de leur camarade.

Les trois adolescents poursuivirent leur balade sans se prendre la tête, parfois assourdis par les badauds alentours, dont les voix beaucoup trop fortes les empêchaient par moments de s'entendre parler. Pourtant, rien ne les empêcha de flâner, loin de leurs responsabilités bien que les nombreuses coupures de presse qu'ils croisèrent sur leur chemin leur rappelèrent le contexte historique au cœur duquel ils se trouvaient.

- Qui aurait cru qu'on parcourrait autant de chemin, en seulement quatre mois? commenta Armin.

- C'est pas si mal, au final. Je m'étais dit que j'attendrais de voir les réactions des uns et des autres pour me faire un avis, mais vu comme les opinions divergent, c'est un peu mort. Le Commandant Pixis a raison, ce serait idiot de répéter les mêmes actions qui nous ont menés à être enfermés ici. Historia fait du bon boulot.

- Savoir c'est pouvoir, et le peuple mérite bien de récupérer un peu de son influence.

Aaron et Armin se sondèrent sans rien dire pendant un instant, leurs hochements de tête respectifs signes qu'ils étaient d'accord l'un avec l'autre. Aux côtés de la soldate, Jean leva les mains au ciel dans un geste dramatique, avant de laisser échapper la plainte la plus désespérée que ses amis avaient jamais entendue venant de lui.

𝐈𝐍 𝐑𝐀𝐈𝐍𝐁𝐎𝐖𝐒. | armin arlertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant