Psycho (Version Française)

Chapitre Dix-sept.

Les phalanges d'Harry passèrent à un blanc fantôme pendant qu'il agrippait avec impatience le volant de la voiture de Lucy, où il était à l'étroit. Il essayait de garder l'allure maximum à laquelle il pouvait conduire, mais ça ne semblait quand même pas assez rapide. Quand il prenait des virages raides ou qu'il faisait une embardée sur la voie, il ne le faisait que pour essayer d'arriver à l'hôpital avant Lucas, et jusqu'ici ça fonctionnait. Il était dix-huit heures sept et le soleil d'août était toujours bien visible dans le ciel, ce qui était à son avantage - au moins, il n'allait pas se tapir dans l'ombre après que les médias l'aient dépeint comme un tueur.

Dès qu'Harry approcha sa destination, il défit sa ceinture et se gara avec négligence dans le parking vide. Il sortit les clés du contact et courut vers le bâtiment. En entrant, il regarda les alentours; il avait l'impression que, tant il avait d'adrénaline qui le parcourait, il n'avait pas les idées claires - il devait se concentrer; il devait la trouver.

Il alla à la réception, où une vieille femme à la peau cireuse et lourdement ridée était assise, tapant des renseignements sur l'ordinateur en face d'elle. Elle empestait les boules de naphtaline. Elle l'ignorait tandis qu'il attendait debout, repoussant ses lunettes sur l'arête de son nez comme si elle avait des choses plus importantes à faire que de s'occuper des besoins modestes des clients du bâtiment. Harry s'éclaircit la gorge - il n'avait vraiment pas le temps.

« Oui? » ronchonna-t-elle sans même lever les yeux de l'écran.

« Je cherche quelqu'un. Carissa Lim? »

La femme expira lentement et longuement et tapa le nom de Carissa sur l'ordinateur.

« Quinzième étage, salle de réveil C, chambre 19A. » dit-elle d'une voix fainéante, écrivant les informations sur un morceau de brouillon.

Quand elle eût fini, elle réalisa que l'homme affolé aux boucles épaisses n'était plus là.

Harry accéléra l'allure à laquelle ses jambes avançaient, montant dans l'ascenseur et pressant le bouton du quinzième étage plusieurs fois jusqu'à ce que les portes se ferment. Son cœur battait de plus en plus vite; il pouvait entendre son pouls dans les oreilles. Le bruit sinistre de l'ascenseur qui grimpait lui envoya un frisson le long de son échine - peut-être que c'était dû au fait que la moitié des personnes de cet immeuble était mourante.

Il déduisit que, si Lucas se faisait escorter à l'hôpital, il n'aurait pas d'autre choix que d'être entre les mains des gardes de sécurité et des médecins pour au moins quelques heures, pendant qu'ils examinaient ses blessures. Au moins, ça lui accordait un peu de temps pour trouver Carissa avant Lucas. L'ascenseur arriva finalement à l'étage numéro 15, et Harry passa les portes en se faufilant le plus vite possible.

Harry était rapide à réagir aux panneaux - Salle de Réanimation C, au bout à gauche, et Chambre 19A, qui était sur la droite du couloir. L'étage n'était éclairé que par plusieurs lumières au plafond, donc l'espace avait été considérablement illuminé plus faiblement comparé à l'entrée principale. Ses pas faisaient écho dans le couloir déserté. Il alla plus vite, sprintant le long des couloirs jusqu'à arriver à la pièce assombrie où se trouvait la chambre de Carissa.

Il passa devant chaque chambre avec précaution, comptant les numéros tandis qu'ils défilaient: 13A, 14A, 15A, 16A, 17A, 18A, 19A.

Il prit une grande inspiration et détacha son attention du numéro de la chambre pour la placer sur la fenêtre de la porte. A l'intérieur, il la vit allongée, la jambe élevée par une écharpe médicale qui pendait du plafond. Que s'était-il passé? Pourquoi sa jambe était-elle dans un plâtre? Qu'était-il arrivé au reste? Il avait envie de vomir - qu'avait-elle fait pour se faire aussi mal? Elle reposait dans son lit, face à la fenêtre, et rattachée à un moniteur cardiaque.