Chapitre Quatre.

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Dès son réveil, un poing invisible sembla prendre plaisir à marteler la tête de Carissa. Ses paupières lourdes la suppliaient de se rendormir. Ses membres étaient trop endoloris pour effectuer le moindre mouvement - elle ne manqua pas de grimacer de douleur en s'étirant. Une odeur peu familière flottait autour d'elle et arpentait les parois de son nez - cette délicate fragrance était loin de sentir mauvais; regroupant trois parfums à la fois - mâle, épices et menthe. L'oreiller sur lequel sa joue reposait avait l'odeur de cette combinaison aromatique lui aussi; elle ne put s'empêcher d'y enfouir la tête pour inspirer profondément.

Mais très vite, la réalité la rattrapa.

Elle se força à ouvrir les yeux et tourna la tête de droite à gauche avec horreur - ce n'était pas sa chambre. Ce n'était pas son appartement. Ce n'était même pas l'immeuble dans lequel elle résidait. Elle baissa la tête et inspecta la couette - définitivement pas la sienne non plus. Elle leva les yeux à nouveau; la commode sur laquelle elle les posa n'était, comme le reste, pas habituellement en sa possession. Elle fut surprise de constater que, mis à part tous ces changements, elle était toujours vêtue de ses propres vêtements; manifestement, rien d'autre ici ne semblait lui appartenir. Elle referma les yeux, furieuse contre elle-même, laissant les souvenirs de la veille bombarder ses pensées.

« Tu m'as puni aujourd'hui - il est temps que tu apprennes une leçon. »

« Dis-moi ce dont tu as envie, princesse. »

« Tu me fais confiance? »

Tables. Fessées. Gémissements - d'une quantité inchiffrable. Debout. Bureau de M. Dale. Vidéo compromettante effacée. Tout lui revint en petites bribes, certaines images plus floues que d'autres, mais la plupart des évènements de la nuit passée étaient encore bien frais dans sa mémoire et surtout, on ne peut plus réels.

Sa respiration semblait devenir superficielle - quasi-inexistante, même - au fur et à mesure qu'elle y repensait et tentait par tous les moyens de se concentrer. Tout autour d'elle inspirait propreté et élégance, à l'exception de la chemise olive à carreaux qui pendait nonchalamment sur la poignée du placard à l'autre bout de la pièce. Son cœur s'arrêta.

C'était la chambre d'Harry.

Une frayeur désarmante déferla dans ses veines. Elle regarda frénétiquement chaque recoin de la pièce; il n'y avait pas un indice qui pourrait trahir son éventuelle présence pendant la nuit, mis à part l'apparition qu'il avait dû faire pour jeter sa chemise. Elle tourna la tête vers le petit réveil posé sur la table de nuit et s'épouvanta: onze heures du matin. Merde! pensa-t-elle. Je suis en retard au travail! Comment vais-je bien pouvoir expliquer ça?

Travail. Une deuxième vague d'effroi la frappa de plein fouet. M. Dale apprendrait-il pour leur petite escapade charnelle dans son bureau? Elle se sentait tellement coupable - M. Dale était un homme bon, et elle avait laissé Harry la prendre sur son beau bureau en acajou. La bile commença à se frayer un chemin dans sa gorge en s'attardant sur cette pensée outrageante; son patron en éprouverait que du dégoût.

Elle se dégagea finalement de la couverture et posa les pieds par terre, sentant ses muscles la tirer, encore endoloris après la soirée qu'elle avait passée. Le silence semblait régner dans tout l'appartement - était-il bien là? Elle traversa la chambre et attrapa la chemise suspendue à la poignée de porte, la portant à son nez - oui, c'était définitivement sa maison; son odeur masculine et délectable était imprégnée dans chaque fibre du tissu vert.

Elle décida qu'il serait judicieux de faire un tour du propriétaire, mais réalisa bientôt qu'il n'y avait pas grand-chose à regarder. Au-dessus de l'écran plat cloué au mur, face au lit, une petite étagère supportait le poids des nombreux trophées de forme plate en or ou en argent et quelques diplômes. Elle se grandit autant qu'elle le put, restant en équilibre sur ses doigts de pieds pour pouvoir lire la petite phrase inscrite sur l'un d'eux - « Première Place, Harry Styles, Championnat de Natation de la Côté Ouest. ». Donc, c'était un nageur.

Psycho (Version Française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant