Dame Hanabe

Chapitre 14 • La famille Rengoku

Après un court séjour de marche, Dame Hanabe annonça au jeune pourfendeur l'accompagnant qu'ils arrivaient bientôt à leurs but. L'enfant qu'elle portait sur son dos était épuisée et ça la mettait mal à l'aise, nerveuse, de savoir qu'elle faisait du mal à son fils. Ces derniers temps, accentué par le décès de son époux, elle était anxieuse à l'idée d'être une mauvaise mère. Ça l'avait poussé à faire ce voyage. 

—"Senjuro..." Murmura Dame Hanabe lorsqu'elle tourna dans une allée. Tanjiro devina une silhouette au loin, passant le balais dans l'allée. Il eut, à cet instant, la rare occasion de voir le visage de Dame Hanabe si ilivide. Elle s'immobilisa, les poings serrés, pendant un cours instant, avant qu'elle ne s'engage dans cette allée. Le garçon qu'elle venait d'appeler à voix basse mit un certain temps à la voir et à la reconnaître. Quand ce fut le cas, il était lui-même tétanisé, sa poigne autour du manche se serra si fort, ses lèvres se pincèrent. 

—"Vas-t-en". Fut les premiers mots qui sortirent de sa bouche. Pourtant ses yeux humides voulaient dire le contraire. Tanjiro comprit qui il était, Senjuro n'était nul autre que le jeune frère du pilier de la flamme. Dame Hanabe devait probablement le connaitre personnellement et Tanjiro interpréta ces paroles dans leurs sens littérale. Mais il ignorait cette complicité entre Dame Hanabe et Senjuro, ni leurs passé et leurs relation de quasi frère et soeur. 

D'un même mouvement, la jeune femme et Senjuro tournèrent la tête en direction de la demeure, Tanjiro fit de même, ne sachant comment réagir aux paroles de Senjuro. Une légère colère prenait naissance au fond de lui-même, il était sensible au rejet que connaissait constamment Dame Hanabe pour une raison qu'il ignorait. 

—"Tiens. Tu en as mit du temps Hanabe pour venir chouiner ici..." 

—"Ça sera Dame Hanabe pour vous." Reprit sèchement la concernée. Tanjiro observa le visage de son accompagnatrice, elle était d'une froideur terrifiante. Ses yeux étaient plissés, sa main près de sa garde. Une tension plus que palpable renaissait entre les deux individus. Tanjiro lui-même n'eut aucun mal à deviner qui il avait devant les yeux. Shinjuro Rengoku était un homme négligé, sa barbe mal rasé et sa bouteille de saké dans la main faisait de lui l'exact opposé de son fils ainé. L'opposition était si marqué que ça eut l'effet d'un choc chez Tanjiro. 

—"Ça sera rien du tout, dégage d'ici, tu n'es pas ici chez toi." 

—"Je suis ici chez moi. Je suis une Rengoku." Elle eut l'audace de s'avancer à l'intérieur de la demeure, s'imposant au maitre de maison. Rengoku père s'apprêtait à répondre avant que Senjuro n'intervienne pour calmer l'ambiance. Surtout qu'il venait de se retrouver face à face avec le jeune Kiyotsune toujours logé dans le dos de sa mère. 

—"Père. Nous devrions..." Sa voix s'éteignit aussi progressivement que sa mâchoire se décrochait. Il était sous un choc intense face au visage de bambin qui était son neveu. 

—"Toi. Les obsèques sont passés, arrêtes avec ton air misérable. Quant à toi, déguerpit, être le larbin de cette femme ne t'autorise pas à t'approcher de chez moi"

Tanjiro qui jusqu'à présent n'était que spectateur de la scène se retrouva plongé au beau milieu de cette dernière. Alors que le l'ancien pilier, retraité depuis longtemps, leva la main pour jeter sa bouteille de saké au visage du jeune pourfendeur, la main de Dame Hanabe vint intercepter le geste à une vitesse ahurissante. Sans un mot, les deux adultes s'étaient parfaitement compris mais n'arrivaient toujours pas à trouver un terrain d'entente. 

Un silence plana alors, Senjuro, si craintif de son père, n'osa pas faire remarquer la présence de l'enfant, accroché à son balais comme à sa vie, ses épaules étaient rentrée, craignantes de son père. Cette peur qu'il avait toujours au dessus de lui. Tanjiro commença à bouillonner, les tremblements et les larmes du garçon le poussa à agir.