Chapitre 3 • Le sabre

119 22 0
                                    

Le pas trainant, Dame Hanabe alla rejoindre le manoir papillon. Elle semblait vidé de vie à en voir sa démarche fatigué. De ses deux mains, elle agrippa son ventre, elle avait une étrange envie de vomir. Perdue par ses émotions elle abandonna son ombrelle sur le bord du chemin. Des larmes ne cessèrent de couler le long de ses joues rosées. 

—Ils ne peuvent pas faire de mal à mon fils... Ce n'est qu'un enfant... Il ne fera de mal à personne... Murmura t-elle de vive voix, parlant seule au milieu du bois entouré de glycine. Elle s'arrêta un instant, les rayons de soleil lui brulait la peau, elle souffrait le martyre mais sa douleur était toute autre. Comme poussée par une force nouvelle, elle accéléra le pas. 

Les jeunes pourfendeurs venaient de terminer leur entrainement de la journée, lessivés. Tandis qu'ils reprenaient leurs souffles, assis dans le jardin, ils virent tout les trois revenir la silhouette effilé de Dame Hanabe. Alors que Zenitsu semblait prêt à l'accueillir avec dévouement, cette dernière passa près de lui sans un regard, sans un mot. Les trois garçons remarquèrent alors le vide dans ses yeux et l'absence de son ombrelle avec laquelle elle était partie. 

Tanjiro se leva à son tour, inquiet. 

—Dame Hanabe, tout va bien ? Elle se contenta de lever une main en sa direction, le faisant taire. 

Elle n'avait pas de temps à perdre avec ce garçon. Le trouble régna au sein de la demeure. Personne n'osa intervenir auprès de Dame Hanabe après que tout le monde soit témoin du rejet qu'elle avait fait part vis à vis de Tanjiro. Le garçon ne s'y trouva pas offensé mais seulement inquiet. Ils la regardèrent tous passer en silence, lui suivant des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse entre les murs de la demeure. Même Inosuke et Zenitsu, habituellement bruyant, restèrent de pierre. 

Malgré la colère froide émanant de Dame Hanabe, aucun son synonyme de dispute ne traversa les panneaux de papier. Les oiseaux s'étaient arrêtés de chanter alors que le printemps vivait ses plus beaux jours. 

Dame Hanabe s'invita dans la salle de recherche de Shinobu. Alors qu'elle se montrait extrêmement polie envers elle en temps normal, frappant dignement contre le squelette en bois des murs pour faire acte de présence, elle alla cette fois ci droit au but en faisant claquer le paravant. 

Shinobu sursauta à l'arrivée brutale de Dame Hanabe. Elle travaillait bien souvent seule dans cette pièce et ce jour là ne fit pas exception. Les deux jeunes femmes se regardèrent en silence un instant. Dame Hanabe calma son souffle, essuyant de s'apaiser le plus possible malgré les informations dont elle disposait. 

—Kyojuro est-il au courant de vos droits ? Shinobu semblait tétanisé devant Dame Hanabe, ses mains restèrent immobile dans le vide, semblant s'accrocher à l'air. Ses petites lèvres se pincèrent avant qu'elle ne cligne lentement des yeux. Elle ramena ses mains le long de son corps, levant ses grands yeux vers Dame Hanabe qui se tenait devant elle, une fureur nouvelle l'animant. 

—Il en a été décidé ainsi entre les piliers et Oyakata-sama. Si vous devez contester quoi que ce soit, ce n'est pas à moi qu'il faut s'en prendre Dame Hanabe. Elle se tu un instant, le temps que la jeune mère ne se décompose sur place, s'appuyant en dernier recourt à la structure du paravant qu'elle serrait dans sa main. Avec tout le respect que je vous doit. Rajouta t-elle d'une petite voix, chose qui n'attisa encore plus les émotions de Dame Hanabe à cet instant. 

—Taisez-vous ! S'écria t-elle en faisant volte face, mettant fin à la courte discussion en filant dans les couloirs. Elle frôla les trois petites servantes venues apporter leurs aide à Shinobu sans leur accorder un seul regard. Elles échangèrent silencieusement entre elles avant de se mettre à suivre Dame Hanabe, ayant peur d'un désastre. 

Dame HanabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant