Chapitre 7 • Pilier

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Hanabe ne dormait toujours pas cette nuit là. Sa peau était abîmée et le travail lui tuait le dos. Ses mains étaient écorchés à l'idée de tenir un katana. Perdue dans ses pensées nocturnes, elle serra la broche de sa sœur, Amaïa, contre elle. Aujourd'hui, si minuit était passé, ce fût son quatorzième anniversaire. Hanabe allait souhaiter son seizième en fin d'année, lorsque les neiges allaient tomber, marquant par la même occasion la sixième année passée sous le toit des Rengoku.

Elle joignit les mains pour exécuter une prière en silence. Seule ses lèvres rémuèrent sans qu'un seul son n'en sorte. Les larmes au bord des yeux, elle récita les mêmes paroles qu'à son arrivée, demandant leur protection et leur bonheur.

Elle rangea en sursaut au milieu de sa prière, sa broche sous son futon, feignant de dormir en un instant.

—"Hanabe..."

Souffla une voix reconnaissable entre mille. La jeune fille se retourna en direction du garçon. Ses yeux ambrées ressortaient dans la peine ombre du couloir. Lentement pour ne faire aucun bruit, il ouvrit la porte de la minuscule chambre de Hanabe.

Il souriait comme toujours, s'avançant vers la jeune fille pour lui tendre la main. Sans dire un mot, il la pria de venir le suivre.

—"Que veux tu me montrer ?"

Demanda t-elle naïvement en tirant son drap contre elle pour se montrer réticente à le suivre. Il s'agenouilla près d'elle, se rapprochant tellement qu'il la fit rougir.

—"Rien de particulier, je veux juste me promener dans le jardin avec toi."

—"Le... le jardin ?"

Il hocha vivement la tête pour appuyer sa demande. Elle remarqua alors qu'il portait sur ses épaules un manteau trop grand pour lui doublé de fourrure. Il devait probablement appartenir à son père. Kyojuro remarqua alors le regard insistant de Hanabe sur ce manteau.

—"Tu ne prendras pas froid."

Assura le garçon, en prenant sa main dans la sienne. Il s'inclina furtivement avant de rebrousser chemin, récupérant un panier d'osier posé là avant qu'il ne s'invite dans sa petite chambre. Son contenu était volumineux et poilu. Hanabe eu un mouvement de recul lorsqu'elle devina la nature de l'objet. Elle ne pouvait pas porter le manteau de Madame Ruka. Elle avait trop de respect pour elle pour salir de sa personne ses biens personnelles.

—"Mère m'a demandé de prendre soin de toi alors elle ne trouvera pas d'inconvénient à ce que je m'assure que tu n'aies pas froid"

Expliqua avec enthousiasme Kyojuro en installant le manteau sur les épaules de Hanabe sans demander son avis. Elle se sentit alors obligée de le suivre pour lui faire plaisir.

Les deux adolescents traversèrent la demeure d'un pas de loup. Les manteaux trainaient au sol, amassant de la poussière. Kyojuro tenait la main de Hanabe dans la sienne, la guidant à travers le dédale de couloir.

Hanabe se retrouva surprise au milieu des appartements de Kyojuro. Elle se contenta de les traverser mais la pureté des lieux la laissa sans voix.

—"Prends ça."

Le garçon flanqua une lanterne dans les mains de Hanabe, la prenant au dépourvu elle manqua de peu de la faire tomber. Il ria doucement de sa maladresse avant de craquer une allumette pour pouvoir l'allumer.

S'éclaira alors devant eux l'immensité du jardin entourée de glycines fleuries, brillantes  dans le noir d'un doux voile violacé.

Kyojuro prit la lanterne des mains de Hanabe, la tendant à bout de bras devant lui, ne manquant pas de reprendre la main libre de la jeune fille dans la sienne. Sa peau était toujours d'une chaleur réconfortante, rassurant Hanabe qui était jusqu'à présent angoissée à l'idée de sortir en pleine nuit.

Dame HanabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant