Chapitre 5 • Hanabe & Kyojuro

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10  a n s  p l u s  t ô t

"Père. Se plaignit la jeune Hanabe. Je ne veux pas." Hanabe n'avait pas encore le titre de Dame lorsqu'elle faisait ainsi face à son père. Pas plus âgée que de 9 ans, son père venait de lui annoncer devoirs la quitter. Son père avait beau être un talentueux forgeron reconnu par l'ensemble de la communauté des pourfendeurs, il n'avait rien pour subvenir à l'éducation de sa fille.

—"Il n'est pas question de ton avis. Tu iras aider cette femme. Pour être une jeune fille tel que le souhaite ta mère, il te faut savoir porter secours aux autres. Jusqu'à présent qu'as-tu fais ? Rien. En attendant que tu ai la force de porter une arme, je me dois te t'envoyer apprendre les bonnes manières."

Il ne s'était pas tu un instant, déballant l'ensemble de ses arguments d'un trait face à sa jeune fille. Encore occupé au travail, il frappa une nouvelle fois le fer chaud pour couvrir les cris de plainte de sa fille ainée. Lorsqu'elle eu fini, il remarqua qu'elle n'avait pas pleuré. Il avait fait le choix de l'envoyer servir une famille dans le besoin pendant quelque temps en échange de service rendu à lui personnellement.

—"Pourquoi pas y envoyer mes soeurs ?" Demanda t-elle avec insolence, croisant ses bras contre sa poitrine. Cette simple phrase attira une punition douloureuse de la part de son géniteur, qui lui, la trouva amplement mérité.

Sous la colère fini, elle se frotta nerveusement la joue, tuant du regard son père de son regard de feu avant de prendre ses jambes à son cou. Elle n'hésita pas à appuyer son pas dans la flaque de boue stagnant à l'entrée de la forge, tâchant le nouveau kimono que son père avait put lui payer. Elle fila à travers le village des forgerons. De tout le village, elle était peut-être la seule enfant de son âge. Si il y en avait d'autre, ils devaient déjà être en train d'apprendre de leurs parents le métier d'artisanat. Elle, elle était une Hanabe. Rien de tel ne devait lui être attribuée. Sa mère lui répétait sans cesse, lorsqu'elle était là, qu'elle était promise à quelque chose de grand. Mais pour l'instant, elle n'allait servir que de bonne à tout faire chez des gens qu'elle ne connaissait pas. 

Elle finit par s'assoir à l'abrit de la pluie, au pied d'un présentoir d'un vieux antiquaire survivant encore au milieu de ce village peuplé de forgeron. Les genoux ramenés contre sa poitrine, elle regardait les gens passer tel une mendiante. Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsque quelqu'un sortie de l'antiquaire, un paquet sous le bras. L'homme était grand et ne se trouva pas gêné d'observer la petite fille de haut en bas avec mépris.

"Pourquoi n'avancez vous pas Pere ?" Demanda une voix plus enfantine, caché par la silhouette du grand homme. Hanabe se leva, offensée en silence du regard que l'inconnu lui portait. Elle frotta les pans de son kimono du dos de sa main avant de tracer sa route.

Le jeune Kyojuro regarda passer Hanabe sous ses yeux. Ses cheveux flamboyants d'un rouge écarlate l'impressionnat. Il pensa un instant que ce fût l'objet de pourquoi son père se montra absent un instant. Ses yeux pétillaient à l'idée de revoir cette fille qui devait partager son âge.

Alors qu'il leva son regard vers son père pour exprimer son envie de se faire de nouveau amis tel un enfant de son âge, le regard froid de ce dernier le rendit réticent.

—"Fais moi plaisir Kyojuro, ne t'approche pas de cet enfant."

—"Pourtant mère m'a dis que les personnes à la chevelure de feu portent bonne augure..."

—"N'écoute pas tout ce que te dis ta mère. Viens."

Il conclut la discussion en décrochant  difficilement son regard de la petite-fille se faufilant entre la foule. L'homme fit voler son manteau, tournant en direction opposée à cette dernière, le regard dure, semblant réfléchir. Perdu par les affirmations des uns et des autres, Kyojuro resta un instant immobile, croisant furtivement le regard vermeille de la jeune inconnue.

Dame HanabeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant