Chapitre 1

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Nicolas grogna sans ouvrir les yeux, sa tête était lourde et il avait encore besoin de dormir. Les coups répétitifs sur son bras commençaient à l'agacer et il avait une affreuse douleur dans le dos. Il essaya de bouger un peu pour diminuer sa souffrance, mais son corps était bloqué de ses fesses jusqu'à ses épaules. Il fronça le nez et essaya de se tortiller pour échapper à cette emprise. De petits bruits stridents, au creux de son oreille, finirent de le tirer du sommeil et il ouvrit un œil pour voir ce qui l'empêchait de dormir paisiblement. Il fit un bond en arrière devant la vision qui lui parvenait. Son cerveau bloqua sur les informations improbables que ses yeux, encore endormis, lui offraient. Il s'assit rapidement pour analyser la situation, alors que le poids qui était sur son dos auparavant se retrouva propulsé quelques dizaine de centimètres plus loin sur le lit, avec un rire horripilant.

Il se frotta nerveusement les yeux et regarda son environnement. En face de lui se dressait un grand mur beige, qu'il ne reconnaissait pas et où se trouvait une armoire ainsi qu'une petite commode. Sur sa droite un autre mur de la même couleur avec une grande fenêtre d'où il pouvait voir le ciel gris. À sa gauche, toujours ce beige désespérant et une petite porte marron au milieu. Il baissa son regard vers la source des chocs répétitifs sur son bras et tomba sur une horreur. Une petite fille aux yeux effilés, aux joues potelées et haute comme trois pommes essayait d'attirer son attention pour monter sur le lit, car sa petite taille ne le lui permettait pas. Il n'eut pas le temps de l'envoyer paître que la porte s'ouvrit et il se figea en reconnaissant le nouvel arrivant.

- Les enfants, laissez papa se reposer, il est fatigué. Le regard de son vis-à-vis se posa sur lui et il lui offrit un grand sourire qu'il détesta de suite. Ça va mon cœur ?

Nicolas se leva sur le lit. Ce n'était pas possible, pas lui ! Et puis c'est quoi cette connerie de papa ? Il regarda à tour de rôle les trois personnes présentent dans la pièce. Sur sa gauche il y avait toujours la petite qui essayait de passer tant bien que mal sa jambe sur le matelas, à sa droite un autre petit qui rigolait comme un dément avec un sourire angoissant sur le visage et en face de lui, le connard avec qui il s'était battu la veille. Qu'est-ce qu'Alexandre Pastrot faisait là ? Pourquoi l'avait-il appelé« mon cœur » ? C'était une blague, c'est ça ?

- Nico ça va ? Son vis-à-vis paraissait inquiet. Tu as mal quelque part ?

Le plus vieux, toujours debout au milieu du lit, lui jeta un regard noir. Bien sûr qu'il avait mal ! Ce bâtard lui avait cassé la main la veille et elle était encore plâtrée. Automatiquement son regard se baissa sur son bras et il fut surprit de n'y trouver qu'une petite cicatrice et plus d'atèle. Il observa un petit moment sa main sans comprendre. Il était en train de rêver c'est ça ? Il allait se réveiller au milieu de ses couvertures dans le clapier à lapin qu'il partageait avec Romain son meilleur ami, n'est-ce pas ?

Une forte douleur au mollet le ramena sur terre et il secoua frénétiquement la jambe en criant pour essayer de déloger le gamin au sourire de détraqué qui était en train de le mordre. Mais c'est quoi ce bordel ? Lui Nicolas Gléant, vingt ans, hétéro, étudiant à la fac, futur grand traducteur de littérature Anglaise ne comprenait pas ce qu'il se passait.

Quand l'autre s'approcha de lui en l'appelant par de petit surnom sucré il revint à cette réalité parallèle. Sous la panique il sauta du lit, sortit de la chambre en poussant celui qui lui demandait s'il allait bien et descendit en trombe les escaliers de cette maison qu'il ne connaissait pas. Après avoir traversé ce qui lui semblait être une cuisine, il se retrouva dans un petit couloir sombre. Chaque portes étaient une possibilité de quitter cet endroit, mais aussi une nouvelle possibilité de rester coincé. La panique naissante se tue quand il aperçut le sac de sport qu'il ne quittait jamais et qui contenait un dictionnaire et quelques classiques. Après avoir attrapé le seul truc qu'il reconnaissait dans ce cauchemar, il ouvrit la seule porte avec une fenêtre qui laissait apparaître la lumière du jour et partit en courant dans la rue en essayant d'occulter la voix qui répétait son prénom dans son dos. Il ne savait pas ce qu'il se passait, mais il ne comptait pas rester là. Il vit un bus passer et monta dedans sans savoir où il allait. Il avait besoin de mettre de la distance avec cet endroit. Il s'installa sur un strapontin et souffla. Il avait besoin de réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Il repensa à ce qu'il avait fait la veille et qui aurait pu le mettre dans cette situation. Il avait passé sa journée en cours, puis avait prit la route pour rejoindre ses amis. Il se souvint avoir eu un accrochage en chemin avec l'autre tête de con, sa voiture était morte et ils s'étaient foutu sur la gueule pour une histoire de priorité à droite. Il lui avait envoyé son poing dans la mâchoire et s'était cassé le poignet sur le coup. Il avait passé la soirée aux urgences et s'était finalement endormi sur le canapé de son appartement en se plaignant auprès de Romain.

Non, décidément il ne voyait pas ce qui pouvait l'avoir embarqué dans cette situation. C'était sûrement une mauvaise blague. Blague qu'il ne supportait déjà plus et qui l'avait entraîné dans un bus qui allait il ne savait où. Il regarda désespérément le bas de jogging délavé deux fois trop grand pour lui et tomba sur ses pieds nus. Dans la panique il était parti sans penser à prendre des chaussures. Ses yeux se posèrent sur son sac et il eut un espoir d'en avoir de rechange. Il l'ouvrit et resta muet. Putain ce n'était pas possible, c'était quoi ça encore ?






Pour la deuxième fois, apprend à conduire !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant