Chapitre 35 - Il faut qu'on parle

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« Elle sait. »

Emma pouvait encore visualiser la scène cauchemardesque de la veille. Après avoir atteint maintes et maintes fois le septième ciel aux côtés de sa déesse aux cheveux ébène, aux lèvres couleur sang et aux yeux chocolat, la jeune blonde avait failli céder à l'envie pressante de lui avouer ses sentiments grandissants. Seulement, elle n'avait pu le faire, coupée dans son élan par la conseillère à la tignasse rousse qui avait déboulé dans le bureau, l'air tout affolée. Un échange de regards écarquillés avait suivi. Bien trop déboussolées pour se laisser aller à une quelconque explication, aucune des trois femmes n'avait prononcé la moindre parole. La brune s'était simplement écartée de son amante d'un pas ou deux, espérant que cela suffise à rendre leur proximité moins soupçonnable. Le souffle court et le pouls agité, elles furent rapidement confrontées à l'arrivée d'un quatrième protagoniste, et non des moindres. De son apparence stricte mais élégante, jusqu'à sa chevelure sombre et ses yeux ténébreux, en passant par le rouge qui dessinait ses lèvres, aucun doute ne planait quant au lien de parenté qu'entretenait cette nouvelle arrivante avec la directrice des lieux. Dès que sa mère avait fait irruption dans le bureau, l'état de surprise de Regina s'était instantanément mué en une expression impénétrable, ce qui n'avait fait qu'étonner davantage la blonde. La mine toujours stupéfaite, cette dernière avait pris un temps pour reprendre ses esprits et jouer à son tour le rôle que la brune la poussait à interpréter. Malgré le regard pressant de la mère Mills sur sa fille et elle-même, Emma pensait qu'elles s'en étaient sorties à merveille, que Cora et Zelena n'y avaient vu que du feu. Mais voilà qu'elle retrouvait en ce mardi matin une Regina presque dévastée qui lui affirmait tout le contraire.

« Tu en es vraiment sûre ?, voulut-elle s'assurer.

- Oui, elle me l'a dit elle-même, soupira Regina, Elle sait.

- Peut-être qu'elle bluffait, suggéra la blonde, Comment elle peut être sûre de ça en nous voyant cinq minutes dans un bureau ?

- Sérieusement ?, railla-t-elle, Soyons honnêtes, le plus sombre des abrutis nous aurait démasquées. »

Emma soupira, la brune n'avait pas tort.

« Si seulement j'avais pensé à verrouiller cette fichue porte, se lamenta Regina en laissant tomber son visage au creux de ses paumes.

- Désolée d'avoir été trop irrésistible, s'amusa la blonde, La porte est verrouillée, là, tout de suite ?, enchaîna-t-elle, Parce que ça ne me dérangerait pas de continuer ce que l'on faisait hier...

En disant ces mots, Emma s'approcha du dos de la brune auquel elle commença à offrir de lascives caresses.

- Arrête !, repoussa aussitôt la directrice, Je ne suis vraiment pas d'humeur à ça aujourd'hui !

La blonde se recula en grimaçant, forcée de constater que sa belle était encore plus contrariée qu'il n'y paraissait.

- Pourquoi est-ce que ça te tracasse autant ?, interrogea-t-elle en essayant vainement de lire dans les yeux chocolat.

- Parce que je connais ma mère, expliqua Regina, Elle n'accepte pas que les choses n'aillent pas dans son sens.

- Mais qu'est-ce qui la dérange tellement ?, questionna la blonde, Le fait que je sois une femme ? Ou c'est parce que je suis en taule ?

- Si ce n'était que ça, moqua-t-elle.

- Mais qu'est-ce que c'est alors ?, chercha Emma, Elle n'accepte pas que tu aies quelqu'un ?

De l'autre côté des barreauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant