Chapitre 46 - La fille de sa mère, le petit garçon à sa maman

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« Petite sotte ! »

Désorientée, elle resta clouée sur place. La main posée contre sa joue rendue brûlante par le choc, elle regarda sa mère rentrer en trombe dans sa chambre avec de grands yeux ronds.

« Tu t'es ruinée ! Tu nous as ruinées !, vociféra la matriarche Mills, Tu as tout gâché ! Après tout ce que j'ai pu faire pour toi, c'est comme ça que tu me remercies ?!

- Te remercier ? Mais tu plaisantes j'espère !, s'esclaffa Regina, remise de sa stupeur et à présent animée par le ressentiment.

- Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ?, s'agaça la sexagénaire.

- Après tout le malheur que tu m'as infligé tout au long de ma vie, tu oses imaginer que je puisse encore t'être reconnaissante pour quoi que ce soit ?, railla-t-elle.

- Je t'ai tout donné Regina, tout !, s'emporta l'avocate.

- Tout, sauf ce dont j'avais véritablement besoin, rétorqua la jeune brune.

- Et de quoi avais-tu donc tant besoin ?, fit-elle semblant de se soucier.

- De ton amour et de ton soutien—

- Oh je t'en prie Regina ! Ne déblatère pas d'autres inepties, j'en ai déjà assez entendu, ordonna-t-elle, Tu as toujours eu tout ce dont tu avais besoin, j'ai tout fait, tout, pour t'assurer le meilleur avenir qui soit. J'ai tout fait pendant que toi, tu t'acharnais à ruiner toutes les chances qui s'offraient à toi. Tu n'as pas fait les grandes études que je te destinais, tu n'es pas devenue la femme puissante que tu aurais pu être, tu n'as pas épousé un grand homme d'affaires comme tu le devais. Tu as fait n'importe quoi ! Tu n'en as toujours fait qu'à ta tête et regarde le résultat ! Tu as encore réussi à gâcher la seule chose qui valait encore la peine dans ta misérable petite existence, termina-t-elle, son regard débordant de mépris braqué dans les yeux las et torturés de sa progéniture.

- Sors d'ici..., souffla simplement Regina, fatiguée par cette tirade de reproches qui n'avaient plus lieu d'être.

- Je n'ai pas fini, défendit Cora.

- Sors d'ici, réitéra la jeune Mills.

- Te rends au moins tu compte que tu as tout envoyé valser pour cette... pour cette... cette—

- Cette femme ?, proposa Regina.

- Criminelle !, corrigea Cora.

- Je ne l'ai pas fait pour elle, je l'ai fait pour moi.

- Sottise !

- Je l'ai fait pour moi. Je l'ai fait pour être libre, libre de vivre, et accessoirement, libre de l'aimer, elle.

La haine qui habitait Cora prit de l'ampleur à chacun des mots prononcés par sa fille.

- Tu ne t'en tireras pas comme ça, articula-t-elle, le regard menaçant et le corps raidi par la fureur.

- Tu ne peux plus rien contre moi, contra Regina, Et quand bien même, tu n'as plus rien à y gagner, Léopold a déjà signé les papiers, alors lâche l'affaire.

Le rictus de la matriarche vint alors glacer le sang de la jeune femme.

- Je ne suis pas comme cet imbécile de Léopold, ma chérie, trouva-t-elle bon de préciser, Je ne lâcherai pas l'affaire si facilement, tu es ma fille, je ne peux pas te laisser ruiner ta vie pour une petite dégénérée qui t'attend sagement derrière les barreaux.

De l'autre côté des barreauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant