Chapitre 8

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Elizabeth se réveilla et constata que tout était noir autour d'elle. Elle entendait comme un grondement sourd qu'elle ne parvenait pas à localiser. Elle se rendit vite compte qu'elle n'arrivait pas à se mouvoir, elle sentait qu'elle était allongée sur une espèce de coussin. Elle essaya de tendre le bras mais elle se heurta à quelque chose de dur. Elle fit glisser ses deux mains à la hauteur de sa poitrine et essaya de pousser cette lourde masse au-dessus d'elle mais elle rencontrât la même résistance. Je...je suis enfermée ?! Oh mon Dieu ! La jeune femme commença à paniquer : Je vais manquer d'air, il faut que je sorte d'ici ! Pourtant à son étonnement, elle n'avait pas l'impression de suffoquer mais son instinct lui dictait de se sortir de là rapidement. Elle tâtonna, c'était du bois très épais qui se trouvait au-dessus d'elle : Jamais je ne pourrais soulever ça. 

Elle sentit le désespoir la gagner et elle tapa ses poings de toutes ses forces contre le bois, elle entendit un craquement, elle recommença, le bois se fissurait sous sa force et elle en était la première surprise. Elle continua à donner des coups puissants, elle ne ressentait même pas la douleur, c'était étrange, mais elle n'avait qu'une envie c'était se sortir de cet endroit. Sa main rencontra de la terre mouillée, une odeur d'humidité et d'herbe pourrie la submergea alors que celle-ci commençait à lui tomber sur le visage et dans la bouche. Elle réussit tant bien que mal à se redresser pour creuser. 

La panique la gagnait de plus en plus tandis qu'elle toussait en avalant la boue qui l'empêchait de se mouvoir. Enfin, après un temps qui lui sembla infini mais qui n'avait duré que quelques secondes elle sentit de l'air et surtout la pluie qui lui tombait maintenant dans les yeux. Elle se hissa hors du trou qu'elle avait creusé. Elle toussa, tentant de reprendre son souffle, elle eut l'impression de cracher ses tripes. Elle se laissa choir sur le ventre sur le sol imbibé d'eau. Elle sentait que la pluie tombait drue, sa chemise blanche maculée de terre lui collait à la peau de même que ses longs cheveux. Elle réussit à se retourner sur le dos, laissant l'eau ruisseler sur son visage, il faisait nuit. Au prix d'un immense effort elle se dressa sur ses pieds nus.

Elle avait du mal à discerner clairement où elle se trouvait. Elle tourna sur elle-même, et une boule lui enserra la gorge. Elle connaissait ce lieu, c'était le cimetière familial, que pouvait-elle bien faire ici en pleine nuit ? Elle ne se souvenait de rien, à part de la visite du duc et... Elle regarda droit devant elle, il y avait une tombe fleurie sur laquelle était écrit :

Our beloved

Elizabeth Georgia Victoria Cray

1820 – 1846

Elle eut un haut-le-cœur, elle voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle s'effondra sur le sol détrempé. Quelques heures avant les premières lueurs de l'aube un homme vint doucement vers elle et, tendrement, prit dans ses bras ce gracile corps inerte avant de s'éloigner du cimetière.

De lune et de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant