Lizzie se réveilla en sursaut. Elle était assise dans un avion direction New-York. Elle s'était assoupie. En même temps les 8h de vol, avec le décalage horaire, étaient terriblement longues, et puis elle n'avait jamais trop aimé l'avion. Elle était partie en début de soirée quand la nuit était tombée, elle devait arriver aux alentours de 3 ou 4h du matin, un taxi devait la récupérer à l'aéroport. Il ne fallait pas traîner bien sûr, tout devait se faire avant les premiers rayons du soleil. Dans l'avion elle n'était pas la seule non humaine, ces vols de nuit étaient très prisés des non-vivants et il y avait peu d'humains à bord. Heureusement pour eux. Une sorte de « première classe » pour les gens de son espèce avait était aménagée, les compagnies étaient au courant. Du moins les présidents de ces compagnies, les hôtesses de l'air, elles, ne savaient pas pourquoi une partie de l'avion était réservée à des espèces d'excentriques blafards, elles se contentaient juste de faire leur boulot. La jeune femme soupira, elle aurait bientôt rejoint son amant.
Après qu'il soit venu la chercher au cimetière il l'avait emmenée en France par bateau. Là-bas ils avaient été accueillis par des amis à lui. Cesare lui avait tout appris de sa condition vampirique. Tous les deux étaient très amoureux à ce moment-là, enfin, si on pense que les vampires ont des sentiments c'est ce qui s'en rapprocherait le plus. Il lui avait fait découvrir des plaisirs infinis, des expériences incroyables et impensables. Des orgies de sexe et de sang à n'en plus finir. Quand la Première Guerre Mondiale éclata, ils s'enfuirent en Amérique cette fois. Ils assistèrent aux mouvements hippies et occultes émergents, aux nouvelles technologies aussi, qui commencèrent à rendre leurs existences délicates. Dans les années 60 le Conseil des Vampires ordonna à tous les suceurs de sang de faire profil bas et de faire attention au nombre de cadavres qu'ils laissent derrière eux, sous-entendant qu'ils devaient dorénavant en laisser le moins possible. Ils encouragèrent aussi la production de la vente de sang animal par les états humains d'une part et à la collecte de sang via le don d'autre part. Car oui les grandes instances humaines étaient bien au courant, certains de ses plus grands dirigeants rêvant d'acquérir un jour l'immortalité en récompense, en se pliant aux volontés du Conseil.
Cesare avait investi dans un grand immeuble New-Yorkais qu'il louait à de grosses compagnies humaines la journée et dont le sous-sol devenait un club la nuit. Ils avaient passé 150 ans ensemble dans un calme relatif et un jour Lizzie voulut repartir en France. Son amant était contre l'idée et elle décida de partir seule. Elle avait eu envie de prendre son propre envol et de ne plus dépendre de lui, une violente dispute avait éclaté entre eux deux puis elle était partie. Et voilà qu'un peu plus de vingt ans plus tard il la réclamait de nouveau.
– Mesdames, messieurs, nous amorçons notre descente sur la ville de New-York. Veuillez s'il-vous-plaît regagner vos places et attacher vos ceintures. Il est 3h30 du matin heure locale, dit l'hôtesse dans les haut-parleurs.
Quand elle sortit de l'aéroport, Lizzie vit le taxi qui l'attendait. Elle n'eut même pas à lui donner l'adresse, il savait exactement où il devait l'emmener. Environ 45 minutes plus tard il s'arrêta devant un grand building et déchargea ses valises. Un homme en costume vint à sa rencontre.
– Bienvenue, on m'a chargé de faire monter vos bagages dans les appartements de monsieur.
– Faites donc, dit-elle en s'allumant une cigarette.
– Il vous attend en bas.
– Je sais très bien où il est, merci.
L'homme hocha la tête et fit signe à Lizzie de le suivre. Ils entrèrent. Le sol du hall de l'immeuble était en marbre noir éclairé par des lampes murales. Un homme à la réception, qui s'occupait de la sécurité, se leva à leur arrivée et salua Lizzie.
– Bonsoir madame, il vous attend. Si vous voulez bien prendre l'ascenseur numéro 3, il vous conduira au second sous-sol.
Tandis que l'homme en costume partait avec ses bagages, elle se dirigea vers la dizaine d'ascenseurs qui se trouvait derrière la réception. Rien n'avait changé. Cinq de chaque côté du mur en marbre blanc. Elle appuya sur le bouton du numéro 3 et y entra. Quand les portes s'ouvrirent au second sous-sol elle fut accueillie par une musique assourdissante de club. Ça y est, elle était arrivée. Autour d'elle beaucoup de vampires et quelques humains qui s'encanaillaient au bar, sur des banquettes ou sur la piste de danse. La décoration donnait dans le noir et rouge et des danseuses se dandinaient langoureusement dans des cages suspendues. Elle reconnaissait bien là les goûts de Cesare.
– Ah te voilà !
Tania se jeta sur elle. Elle portait une jupe courte en jean, des cuissardes et un t-shirt de The Doors. La pauvre n'avait jamais pu se remettre de la mort de Jim, si seulement elle avait eu le temps de le transformer quand ils se fréquentaient.
– Tu ne devrais pas perdre de temps ma grande, il t'attend dans l'arrière-salle.
– Beaucoup de choses ont changé depuis mon départ ?
– Pas vraiment, tu sais vingt ans c'était pas grand-chose. Terry est partie vivre au Japon, elle fait des photos de mode. Si, on a perdu Eric. Du sang contaminé, c'était pas beau à voir le pauvre.
– Et toi ?
– Oh moi je suis actuellement un jeune groupe de rock qui est en train de monter. S'ils se montrent dignes, on verra... Je veux pas reproduire deux fois la même erreur et risquer de perdre un nouveau talent tu sais.
Lizzie acquiesça, puis elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il savait qu'elle était arrivée et il l'appelait. Laissant Tania, elle fendit la foule des danseurs, et se retrouva devant un grand rideau pourpre devant lequel se tenait un garde du corps. Celui-ci la regarda et écarta un pan du rideau. Elle pénétra dans une pièce sombre à l'ambiance feutrée ou quelques personnes se tenaient, un verre à la main et bavardant, d'autres s'embrassaient langoureusement. C'est alors qu'elle le vit sur le canapé au fond de la pièce, il avait ses yeux bleus braqués sur elle, comme la première fois qu'ils s'étaient vus. Elle sentit toute haine et ressentiment l'abandonner quand il lui sourit. Elle continua de s'avancer vers lui, sur son passage les têtes se tournaient. Les autres vampires savaient qui elle était, l'amante de leur hôte et ce n'était pas rien. Certains de ces visages lui étaient familiers, des connaissances de longue date. Ils s'adressèrent quelques signes de tête.
Elle était reine en ce royaume. Il faut savoir que la quasi-totalité des vampires proviennent de familles nobles très anciennes et que pour d'autres encore ce sont des personnes qui ont acheté leur immortalité en pactisant ou traitant avec des vampires. De plus, à l'heure actuelle il faut impérativement consulter le Conseil afin de transformer quelqu'un, sinon c'était la porte ouverte à l'anarchie et les vampires détestent ça.Il était toujours le même avec ses beaux cheveux mi-longs bruns et son sourire en coin. Il portait une chemise noire légèrement ouverte et un pantalon en jean moulant, noir également. Sur le canapé, appuyée contre lui, il y avait une humaine. Connaissant son amant, cette femme était une proie et elle ne savait même pas qu'elle était en présence de vampires. Certainement une junkie ou jeune fugueuse. Elle était plutôt jolie avec ses cheveux noirs mi-longs, elle devait avoir à peine 18 ans. Elle eut l'air courroucée de la venue de Lizzie. Sans dire un mot celle-ci s'assit de l'autre côté de la fille. Elle lui lança un sourire et se rapprocha pour être tout contre elle. L'humaine était prise en étau contre Cesare et Lizzie, elle avait l'air un peu éméchée et ne broncha pas quand la vampire prit son visage dans ses mains et commença à l'embrasser. Lizzie savait que sa condition faisait plier bien des esprits et elle s'était adonnée à ce jeu avec Cesare à de nombreuses reprises.
Celui-ci lui adressa un coup d'œil entendu et un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres. Elle laissa échapper tout son charme prédateur et animal, et la jeune fille se laissa aller complètement entre les deux vampires, comme hypnotisée. Ils l'embrassaient tour à tour jusqu'à ce que leurs lèvres se posent de chaque côté de son cou. Ils mordirent au même moment. La fille n'eut pas le temps d'émettre le moindre son tandis que les deux amants aspiraient sa vie en un baiser passionné. Cesare attrapa les cheveux de Lizzie pour la presser davantage contre ce cou chaud et doux. Leur proie hoqueta avant de s'effondrer sur le sol, les deux vampires ayant desserré leur étreinte. Immédiatement un videur vint enlever le corps, sous-entendant que ce n'était pas la première fois et qu'il savait exactement ce qu'il allait en faire.
– Bienvenue à la maison mon amour, dit Cesare.

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De lune et de sang
VampirAttention contenu très explicite ! 18+ Lizzie est une créature de la nuit, une buveuse de sang...une vampire si vous préférez. Partageant son temps entre le visionnage de Let's Play sur Youtube et chasse nocturne, elle a l'impression que sa « vie »...