Le Cataclysme - Lockzie

Prologue

"Par Toutatis, le ciel nous tombe sur la tête !"

Un sourire ironique prit place sur le visage de Lucas qui posa la bande-dessinée sur la table de sa petite chambre en se levant.

Jamais il ne se serait douté que cette phrase puisse être si vraie, et pourtant...

Lucas revêtit son uniforme tout en se fixant dans le miroir. Soldat depuis ses dix-sept ans, il n'aurait jamais deviné qu'il finirait par se battre contre des êtres humains infectés dont le seul objectif était de les contaminer à leur tour.

- Bon, tu te bouges, idiot !

La voix de Baptiste, l'un de ses coéquipiers, le tira de sa contemplation.

- J'arrive, Lock ! répondit-il en finissant d'accrocher son arme à sa ceinture.

À côté du prénommé Lock, deux autres hommes attendaient aussi le blondinet. Corentin, Mickaël et Arif, respectivement Gotaga, Mickalow et Doigby, ou son lieutenant et deux soldats de son équipe. En d'autres mots, ses amis.

Puis, quand Lucas sortit de la pièce, fermant la porte derrière lui, ils se dirigèrent tous quatre vers l'hélicoptère prêt au décollage.

- Soldats ! Veuillez embarquer !

Le bruit des hélices se fit plus bruyant et Lucas observa deux de ses camarades monter dans le véhicule avec une boule dans le ventre.

Pourvu qu'ils rentrent en vie.

•

- Doig', derrière toi !

Le soldat se retourna brusquement avant de tirer sur le monstre qui s'approchait de lui.

D'un pas rapide, il se dirigea vers celui qui l'avait prévenu, son coéquipier depuis plusieurs années.

- Merci frérot, fit Doigby avec un sourire reconnaissant.

L'autre homme lui répondit d'un hochement de tête naturel avant de tirer à son tour sur l'un des infectés qui tentaient de les attaquer.

Plusieurs coup de feu plus tard, le plus petit baissa son arme avant d'entrer dans la jeep qui ne semblait attendre qu'eux.

- On y va ! lança-t-il.

Doigby hocha de la tête avant de monter de l'autre côté de la voiture.

•

- Alors, comment s'est passée votre mission, les gars ? demanda un grand brun en voyant les deux hommes s'asseoir à ses côtés.

En effet, pour cette mission, les deux hommes avaient été envoyé en duo, leur manager ayant considéré qu'il n'était pas nécessaire d'avoir un effectif plus élevé.

- Parfait ! J'ai pas fait trop de la merde ! répondit Doigby.

Son coéquipier sourit en acquiesçant.

- Il est modeste, il a été super.

- Arrête, Gota, j'ai failli me prendre un infecté dans le dos par inattention !

- Tu peux pas tout voir, t'as pas d'œil dans le dos !

Doigby grimaça en haussant les épaules. Il n'y croyait pas trop, après tout son ami n'avait, lui, jamais besoin de quoi que ce soit.

- Salut vous deux ! Je suis content de vous voir là ! lança Lucas en posant son plateau à côté d'eux.

- Hey Lucas, t'as foutu quoi ce matin ?

Le ton du brun était soudainement un peu froid, comme si le blondinet à la teinture estompée avait fait quelque chose qu'il ne devait pas.

- Ouais, désolé Lock, j'étais supposé te rejoindre ce matin, je sais, mais j'ai raté la navette, la barrière s'est fermée plus tôt et j'ai été bloqué... J'ai dû batailler pendant une heure sur le fait que j'étais officier ici...

Baptiste jaugea son camarade du regard. Évidemment qu'il allait lui pardonner. Il lui pardonnait toujours, mais il aimait tout de même garder un peu de doute. Pour le punir.

Finalement, le brun secoua la tête avant de se remettre à manger.

- Merci Baptiste, t'es le meilleur ! lança Lucas en souriant.

Ce dernier leva les yeux au ciel sans répondre, c'était toujours le même cirque.

- La prochaine fois, je te goume, prévint Baptiste pour la forme qu'autre chose.

- Ouais, d'ailleurs où est Micka ?

Les autres hommes firent une moue désolée. Ce n'était pas la première fois que le cinquième disparaissait sans prévenir. Dans ces moments, il allait parfois s'entraîner. D'autres, il se baladait seul.

Et même si tous savaient pourquoi, ils n'en parlaient jamais. Parce qu'ils la ressentaient tous, cette désagréable sensation leur rappelant qu'ils tuaient des êtres humains victimes de leur sort.

Lucas se souvenait du désespoir de Mickaël lorsque son ami avait dû abattre sa famille comme de vulgaires êtres vivants sans âme et les autres avaient vu sa douleur lorsqu'il en parlait.

Cet épisode l'avait détruit.

Ils étaient tous détruits, certains plus que d'autres. Pourtant ils faisaient de leur mieux pour ne rien montrer, pour tenter de vivre dans cette illusion de bonheur qu'ils aimaient se créer. Mais tout ne pouvait pas rester comme ça.

Il avait bien fallu que ça change un jour.