Réminiscence

De l'autre coté au rebours du soleil

Partage de Midi, Paul Claudel

Mesa: Qu'est-ce que vous lisez là qui est rompu et déchiré comme un livre d'insomnie ?

 Ysé : Un livre d'amour.

Mesa: Vous avez eu raison d'arracher la fin. C'est toujours pareil.

Bonjour à tous ! Voici quelques textes en attendant la suite de Réminiscence. Bonne lecture :)

Critique de l'écriture

Il suffit d'être attentif aux petites choses, de se poser des questions, de penser le monde. Vous savez les petites choses, presque imperceptibles, les fines lueurs furtives, comme des coïncidences ou des accidents. C'est dans l'imprévu d'un mouvement que la vie me semble être véritable. Et lorsqu'une lueur se présente il faut la saisir, puis la laisser s'accommoder aux autres idées pendant quelques temps et plus tard composer sa symphonie mêlant esprit, sensation, réflexion et inspiration. Surtout toujours écrire ce que les autres ignorent et peut-être ce qu'ils croient savoir. Il faut surprendre avec des vérités cachées, c'est comme cela qu'on aime lire.

"Jouissons de notre propre présence. P Claudel"

C'était un samedi après-midi, j'étais assise sur un banc au jardin du Luxembourg pour profiter un peu du soleil en ce mois de janvier. J'étais là, et tous ces gens étaient là aussi. On était heureux de se voir heureux, alors on continuait à être heureux pour les autres et pour soi. J'observais les enfants penchés sur la fontaine s'amuser de voir les petits bateaux à voile dans la grande fontaine tandis que d'autres se détendaient sur les chaises allongées. Le ciel était bleu et l'air frais, mais les doux rayons du soleil ne manquaient pas de venir réchauffer nos sourires à tel point qu'on crut que c'était l'été. Pour un jour du moins, enfin un après-midi, ou pour un instant.

Je me fis la réflexion en regardant les gens passer, et les reflets du soleil sur l'eau vacillés que le temps passait malgré tous nos mensonges. Et puis j'ai pensé qu'à partir d'un certain âge, on arrête de vivre. Et puis qu'on attend juste la mort au fond. Si vivre c'est ressentir, alors lorsque nous vieillissons et que nos sens s'estompent, il semble une fois vieux qu'on n'ait plus que nos souvenirs pour vivre. Il ne nous reste qu'à attendre la mort dans le souvenir. Peut-être que vivre c'est préparer sa mort. L'après-midi était bien avancé et l'atmosphère s'était rafraichie. Il était temps de rentrer vivre encore un peu, je me souviendrai plus tard.

Le temps d'une destination

Je crois que je suis prête à commencer ma vie. C'est dans la gare de Tours, éclairée par la faible lumière jaunâtre des lampadaires que j'attendais la navette pour prendre un train en direction de Paris Montparnasse. J'avais été larguée là, moi et mes trois bagages, en 1min environ, pour exactement 13min de trajet en voiture de la maison jusqu'à la gare, et 18 ans d'existence en famille. J'avais compris que le seul moyen de se prendre en main était de se retirer de celles de mes parents. Ainsi, alors que la navette n'arrivait toujours pas, je me trouvais dans l'obligation de faire ma vie au sens littéral du terme. En effet, je vous l'accorde quand on est jeune, c'est beaucoup plus confortable de se dire que quoiqu'il arrive, nous avons nos parents qui seront là, mais en y repensant c'est assez naïf et désespérant. Comment avoir la niaque de réussir, si la facilité est une option ? Ah ! Voilà enfin la navette, qui avance, remarquablement lentement. Cela doit être dure je me suis dit, de tous les soirs faire des allez, et retours, à vitesse constante, comme cela. Annuler l'action, annuler les heures, et sortir de ce train pour enfin vieillir. La porte s'ouvre, enfin ! Il faut maintenant monter et trouver sa place. C'est cela, il faut entrer dans la vie comme on entre dans un train. Déterminer à vivre ce grand voyage, curieux de la destination, et par-dessus tout, seul avec ses bagages. Même si cela fait peur, même s'il y a beaucoup de monde et qu'il sera difficile de trouver sa place. Il faut se battre, prendre sa valise à bout de bras et la hisser au-dessus de toutes les autres. J'arrive bientôt à Montparnasse. Il est temps de vivre pour de bon.