Le poète renferme une grande solitude, qui s'exprime par une impression permanente de décalage avec la société. Il est sensiblement extrêmement présent au monde, mais aussi absolument ailleurs. Doué et inspiré, il maitrise un art qui semble paradoxalement lui échapper. En effet, souvent incapable d'expliquer son œuvre, il est à la merci de son inspiration, comme possédé par elle. Ainsi, une angoisse peut se manifester dans la conscience de son « moi » . Il est dissocié dans le fait qu'il a conscience qu'il est inspiré et en même temps absolument entier par l'union créatrice de son histoire et de sa personne. Le poète déjà lui-même peine à « être en entier » c'est à dire entièrement présent au monde.
Cependant, par la poésie, le poète semble dévoiler son l'entièreté de son essence, et de cette manière, il existe « avec » les autres. En effet, je crois que le poète ressent la nécessité de partager sa poésie pour faire acte de présence vis à vis des autres. Par l'écriture le poète existe dans l'entièreté de son être : lui et son inspiration. Une personne qui renie une partie de lui-même n'a de fruit que le néant. Face aux autres, à la société, la personne est là, mais en réalité elle ne reflète pas la vérité de sa personne, l'individu annule donc sa présence au monde. Or, « l'homme est un animal politique » qui a besoin d'« être » en société, et non un « surhomme nietzschéen » ou presque. De facto, la tragédie du poète est de ne pouvoir exister sans l'écriture.
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Réminiscence
Short StoryRecueil de courts textes sur divers thèmes (le temps, le bonheur, petite enfance, la poésie...)