Chapitre 6

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Elia

La cellule sentait la saleté et la peur. On me poussa dedans, et on claqua la porte. Épuisée, je relevai mes jambes, et reposa ma tête sur mes genoux. C'était la première fois que je me sentais si désespéré, ce cauchemar n'allait sûrement jamais se finir. 

J'entendis du bruit dehors, et je me relevai. Il y avait dans ma cellule une petite fenêtre à barreaux, la vue donnait sur une cour arrière. Un coup de fusil retentit, une des personnes dans la cour s'effondra. Je fermai les yeux. Je savais que dans quelques jours, peut être la même chose allait m'arriver. Quand je les réouvris, de nombreux corps gisaient sur le sol. Je soupirai, et me détournai de la fenêtre. 

Peu importe la gravité de la situation, je ne pouvais pas abandonner. J'entendis dans mon esprit la voix de mon ancien moniteur. « N'abandonne jamais Elia, ta plus grande force quand tout semble perdu est de garder espoir. » Il pouvait bien parler lui, il ne se trouvait pas dans une cellule avec des murs en métal large de deux mètres et des cadenas d'un kilos aux portes. Mais mon esprit ne put tout de même pas s'empêcher de tout analyser. Une fenêtre à barreaux de 10 cm carré, une trappe à nourriture fermée à clé, mes yeux se baladèrent le long de la porte, mon seul moyen de sortie, et s'arrêtèrent tout en bas. En bas de la porte, il y avait un espace d'un millimètre entre la porte et le sol. Juste assez pour y faire glisser une feuille. Ce n'était pas grand-chose, mais je devais essayer.

Un bout de serviette blanche qui venait avec mon repas, me servit comme papier. Mon doigt pour le stylo, et mon sang pour l'encre. J'écrivis sur la serviette, aussi lisible que possible, en grandes lettres écarlates : « Viens ce soir, je t'attends. » Je le pliai et le glissai à travers l'espace sous la porte. Maintenant, il fallait attendre.

Avec le coucher du soleil et l'arrivé de la nuit, mon cœur battait de plus en plus vite. Je tournais en rond dans la pièce, je ne pouvais pas rester tranquille. Tellement de choses pouvaient mal se passer avec mon plan. Quand, après ce qui semblait une éternité, j'entendis enfin la porte s'ouvrir, mon cœur rata quelques battements. Un des gardes rentra, je ne le reconnus pas, mais cela n'avait pas d'importance.

- Alors mignonne, on s'ennuie ?

C'était à moi de jouer.

- Oh, je ne m'attendais pas à vous.

L'homme eu un rictus et s'approcha de moi.

- Ne t'inquiète pas, je ferai très bien l'affaire.

Je reculai de quelques pas et rentrai mes épaules, Malaca serait fier de mon jeu d'acteur. Je devais avoir l'air faible et soumise. Mais lorsque le garde ferma la porte, ma confiance s'évapora et mon ventre se resserra. Dans cette pièce mon mouvement était très restreint, et il venait de fermer ma seule échappatoire. L'homme sortit un couteau, le leva devant ses yeux et le caressa presque avec affection. Il s'approcha de plus en plus de moi, et moi je reculai. Qu'avais je fais ? Dans mon plan il n'y avait pas eu de couteau impliqué. Il approcha sa main, et je remarquai avec panique que je ne pouvais plus reculer, mon dos était plaqué contre le mur. L'homme fit balader ses yeux le long de mon corps, et, en même temps, souriait d'un sourire pervers. Il était maintenant si proche que je pouvais sentir son souffle. Il caressa son couteau contre ma joue, laissant une trace rouge et sanglante.

- Tu vas faire tout ce que je te dis d'accord, et tout va bien se passer.

J'étais sa proie, il allait pouvoir faire ce qu'il voulait. Il fit glisser ses mains le long de mon corps, et je me reteins de vomir. À ce moment, j'entendis des voix s'élever dans la cour, et je souris. C'était mon signal. Mon pied fusa vers son bras qui tenait le couteau, avec un cri de surprise il lâcha son arme, mais je ne lui laissai pas le temps de se reprendre. Mon genou percuta sa mâchoire, mon poing s'enfonça dans son ventre, un dernier coup et il s'effondra. Mon plan avait marché. Les voix dehors m'avaient averti que les gardes étaient sortis pour boire un verre comme tous les soirs. Il n'y avait donc personne devant la porte pour entendre le bruit. Le message avait attiré le garde dans la cellule, et il n'avait pas verrouillé la porte. Puis, croyant à ma vulnérabilité, il avait baissé sa garde. Le reste avait été le témoignage de toute une vie d'entrainement, il ne fallait jamais sous-estimer un espion. Mais je ne devais pas trop jubiler, le plus dure était encore à venir. 

Trahir ou mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant