Chapitre 11

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Arwin

La respiration du garde devint plus forte, mais il ne se réveilla pas.

Je soupirai.

Cela faisait 10 minutes que j'essayais de le faire sortir de l'inconscience, mais apparemment mon coup avait été vraiment efficace.

Malheureusement, il avait atteint la mauvaise personne.

Même si je n'étais pas très ravi à l'idée de partager ce moment enfermé dans le bureau avec un garde du Président, il pouvait peut-être m'aider. J'essayai une dernière tentative en le secouant le mieux que je pouvais sans mains pour m'aider, et, avec ma mobilité très limité. Il ne se réveilla pas. Mais l'effort me fit trébucher et je tombai entrainant avec moi une pille de livre qui se fracassèrent, ensemble avec moi, sur le sol en marbre. Le garde se réveilla en sursaut. Paniqué il regarda autour de lui, et quand son regard se posa sur moi, il eut un regard d'incompréhension. Prudemment, je me relevai et m'avança vers lui.

- Bienvenu parmi les conscients.

Il continua à me fixer.

- Où suis-je ?

- Dans le bureau de Calas. Du Président si tu préfères ; de ton chef quoi.

Il secoua la tête.

- Je ne travaille plus pour Calas.

- Alors que fais-tu ici ?

- Je me le demande aussi, le choc sur la tête a dû causer ma perte de mémoire.

Il caressa doucement le marbre du sol, le regard dans le vague. Puis, tout à coup, ses yeux s'élargirent en signe de compréhension.

- Je me souviens.

Il fit une petite pause dramatique, puis continua.

- J'ai laissé échapper des gens innocents qui allaient être exécutés, mais Calas l'a appris c'est pour ça qu'il m'a envoyé ici.

- Cela n'explique pas ce que tu fais ici, dis-je pas très convaincu.

- Calas savait que tu allais tenter quelque chose pour t'enfuir après qu'il t'ai laissé tout seul dans la pièce. Il voulait que, si c'était quelque chose de violent, je le subisse et non lui. Après bien sûr il allait nous cueillir tous les deux et nous placés dans une cellule, ou même pire.

- Mais où est Calas maintenant ?

- Il y a eu un nouveau problème avec la prisonnière qui s'est échappé, Calas devait être là.

Je réfléchis un instant. Si ce que disait ce garde était vrai, ils n'avaient pas encore attrapé la prisonnière. Cela voulait dire que ce n'était pas si impossible de s'échapper d'ici, et peut être que ce garde connaissait des sorties secrètes. La question était, est ce que je pouvais lui faire confiance ?

- C'est quoi ton nom ?

- Brice Tali.

Il avait prononcé ce nom vite et sans réfléchir, mais cela ne voulait rien dire. Dans ce milieu tout le monde avait un pseudonyme, moi-même le connaissait mieux que mon vrai nom. J'observai le garde pour un instant, lui aussi me regardait, ce qui donna un moment de silence où tous les deux nous défions du regard.

- Pourquoi ne travail tu plus pour le Président ? Dis-je finalement.

- Je n'ai jamais travaillé pour lui, si tu veux tout savoir, mais pourquoi tant de questions ?

- Je ne vais pas croire aux informations d'un garde comme ça, tout ce que tu dis me parais très suspect.

Brice Tali m'observa un instant, puis :

- Tu es Arwin Marin.

- Quoi ?

- Je sais qui tu es, tu es Arwin Marin.

En une fraction de seconde, mon corps s'était mis en garde. Mes muscles se contractèrent, mes sens étaient à l'affut.

- Comment tu sais ?

Il sourit.

- Nous sommes du même côté Arwin, je viens aussi de Saule, j'ai entendu parler de toi.

Saule était le nom de notre fraction d'espion. Il était secret à toutes personne n'y appartenant pas. Néanmoins, je continuai à ne pas être convaincu.

Brice Tali soupira.

- Écoute, si tu ne me fais pas confiance peut être cela te convaincra.

Il sortit de sa poche un trousseau de clés.

- C'est pour les menottes.

Il me les jeta. Je les attrapai avec un peu de mal, avec mes mains attachées, et me libéra les poignets et les pieds. Les menottes avaient laissé des traces rouges sur mes articulations, mais pouvoir enfin bouger librement était un sentiment incroyable.

- Je ne te crois toujours pas, dis-je en massant doucement mes poignés, mon nom et celui de la fraction ne sont aucune preuve n'importe qui aurait pu te les donner.

De nouveau il soupira.

- Pourquoi t'aurais-je libéré ? Je n'ai aucune utilité de toi si nous n'étions pas de la même fraction.

- Depuis ce métier j'ai appris à ne plus faire confiance, si tu veux me convaincre il faudra plus que ça.

- Je connais Malaca.

Je me tus.

Malaca était un des chefs de notre fraction. Un des meilleurs moniteurs qui ne prenait que les élèves d'exception. Je n'étais pas son élève, je ne lui avais même juste adressé la parole qu'à une seule reprise, mais je le connaissais comme tout le monde dans Saule. Et à l'extérieur de la fraction c'était une ombre, son identité n'étais pas connu.

- Disons que je te crois, que faisais tu vraiment ici si tu ne travaillais pas pour le Président ?

- Ce que font tous les espions, analyser, observer, essayer de comprendre. Je ne dois sûrement pas t'expliquer en quoi consiste notre métier.

Je réfléchis un moment.

Cet homme pouvait m'aider, c'était certain. Il connaissait Malaca, il m'avait libéré, et il était probablement la seule chance que j'avais encore de m'échapper. Je devais le tenter.

- C'est bon je te crois. Tu connais un moyen de nous sortir d'ici ?

- Je connais un moyen de nous sortir d'ici.

Trahir ou mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant