Chapitre 62: Le manque

130 12 7
                                    

Charlie :

Bon, je vais le dire, j'ai légèrement abusé de l'état d'Alix pour en apprendre un peu plus. Je ne m'attendais pas vraiment à ça en tout cas. Je me doutais qu'il y avait eu des moments difficiles entre Jade et elle mais pas à ce point. Comment on peut rester avec quelqu'un qui nous fait autant souffrir ? Okay il y a de l'amour mais à un moment, il faut arrêter et reconnaître que la relation est vouée à l'échec.

J'espère du plus profond de mon coeur qu'elle ne retournera pas avec elle. De un, j'en ai pas envie, égoïstement je préférerais qu'elle reste seule. Et de deux, parce que c'est mieux comme ça, elles se font trop de mal, ça ne lui apporte que tourment et tristesse au final.

En dehors du contenu de la conversation, je suis contente qu'elle se confie un peu à moi même si j'ai dû lui tirer les vers du nez, ça fait plaisir. Je pense même que cette conversation pourra lui permettre d'avancer un peu, je l'espère en tout cas.
De toute façon, plus vite elle tombera, plus vite elle pourra se relever. Même si j'ai jamais vécu de rupture, mes amis l'ont fait, j'ai aussi lu des articles à ce sujet et une rupture serait similaire aux étapes du deuil. On a d'abord le déni, ensuite la colère, le marchandage, la dépression aka tristesse puis l'acceptation.

Actuellement, Alix doit être entre la colère et le marchandage. Elle essaie de se convaincre que ça va en buvant et en oubliant. Elle est beaucoup sur les nerfs mais lorsque la colère sera retombé, elle sera au plus bas. Cette phase peut durer très longtemps suivant les personnes.

Quand ma mère est morte, j'ai mis du temps à m'en remettre, genre vraiment beaucoup. J'ai jamais été aussi bas qu'après sa mort, un vrai déchet. J'étais un mort vivant 24h sur 24. Si j'étais pas défoncée, j'étais entrain de pleurer. Je me souviens même pas de son enterrement pour être honnête, j'en ai tellement honte. Mais ça ne m'empêche pas de replonger encore et encore, c'est plus fort que moi, l'appel est trop fort.

Une fois qu'Alix est partie se coucher, je vois qu'elle a laissé sa conso traîner. Tout le monde est bien endormi donc je me dis pourquoi pas, ça fait longtemps. Elle était défoncée elle ne se rendra même pas compte qu'il en manque demain matin. Je me roule donc un pet que je fume juste derrière. À la fin, je suis détendue mais je ne trouve pas ça suffisant, il m'en faut plus, j'ai besoin de plus. Je me retrouve obligée de sortir mon pochon et de me prendre une petite ligne pour satisfaire mes besoins.

Je m'affale sur la banquette, la tête en arrière, perdue dans un autre monde. Je suis suis présente sans vraiment l'être. Entre le pet et la coc, je suis partie loin.

Je reste dans cet état une bonne heure je crois. J'ai de la chance que personne ne soit venue dans la pièce durant ce lapse de temps, après on est en plein milieu de la nuit donc ça va. J'y reste encore une bonne heure de plus, perdue dans mes pensées. Puis je finis par me sentir plus « sobre » mais pour bien retrouver mes esprits je vais me rafraîchir dans l'espèce de salle de bain/toilettes qu'on a dans le bus. Je me mets de l'eau sur le visage et pose mon regard sur le miroir. Je peux déjà voir des effets de ma rechute, mes yeux sont plus petits et je sais que j'ai perdu du poids, ce n'est pas flagrant mais je le vois. Maintenant, je dois juste faire en sorte de garder les apparences et tout ira bien.

Après une introspection, je finis par sortir de là et aller moi aussi me coucher. Parce que bon, on a un concert dans quelques heures, si j'ai que deux heures de sommeil, ça va pas le faire.

Sans grand étonnement, je suis la dernière à me réveiller et je suis épuisée. La première que je fais est de m'informer sur l'état d'Alix et elle a l'air bien, enfin aussi bien que tu puisses aller après une rupture. Elle a l'air un peu plus renfermée que la veille.

Tout ne tient qu'à un fil (Volume I) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant