lettre du passé ❣

L?1

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Lettre 1 : Tu es réel.

Les femmes disent que rien n'est aussi formidable que de porter la vie, quelque chose d'aussi inimaginable que de porter un être humain dans son ventre, et pourtant c'est réel, tu es bien là dans mon ventre. J'ai pleuré comme une grosse merde lorsque j'ai entendu ton cœur résonner dans toute la pièce, ça m'a fait peur. Avant, je n'aurais jamais su à quel point c'était émouvant de te sentir en moi. J'aurais pu m'effondrer à ce moment-là, mais ça me rassure d'être là, avec toi. Même si je ne te vois pas, je sais que tu es bien réel. Je commence à compter les jours, et ça m'aide à le supporter. J'ai besoin de toi pour être forte, alors ne m'abandonne surtout pas. 

"Ton cœur bat", mon amour. Encore quelques mois avant ton arrivée. 

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Ses yeux étaient fixement ancrés sur les mots écrits à l'encre noire. Il avait reçu ce journal vingt-cinq ans après sa naissance. Il n'avait jamais connu l'homme qui l'avait porté dans son ventre, et durant toute sa vie, il avait cru qu'on l'avait abandonné devant l'orphelinat où il avait grandi. Il avait fait de son mieux pour être plus que fort, mais la réalité était toute autre : sa mère l'aimait bel et bien. Il avait mis un an avant d'ouvrir ce journal, et les larmes qui perlaient sur son visage étaient bel et bien le signe que toute sa vie, il avait souffert du manque de ses parents. Son père ? Il ne connaissait que son nom, et personne ne se rappelait plus de lui, comme s'il n'avait jamais existé. Qui était Kim Taehyung ? Était-ce un homme ? Était-il heureux lorsqu'il avait su qu'il allait devenir père ? Ces questions tournoyaient dans sa tête comme un orage en plein matin. 

Relire ces lettres lui rappelait la vie qu'il aurait pu avoir si Jung Jungkook n'était pas mort en lui donnant naissance. Il soupira tout en baissant les yeux, qu'il posa sur la boîte en carton bien conservée. C'était une amie de ce dernier qui la lui avait envoyée. Son cœur battait encore la chamade, et il ne savait pas quoi faire de cette envie grandissante de revoir ses parents. À chaque fois qu'il y pensait, il se sentait bizarre de vouloir tant les voir. 

Il essuya les larmes qui perlaient sur son visage avant de se rincer le visage à l'eau fraîche, pour essayer de se réveiller de son rêve absurde. Il quitta la salle de bain après avoir caché son dû ; il ne voulait absolument pas que quelqu'un puisse lire les mots qu'avait laissés sa mère. Son colocataire leva la tête, les sourcils froncés, avant de lâcher le magazine qu'il lisait en cachette. 

— Tu l'as fait ? demanda son ami tout en se plaçant devant lui. Je sais que c'est difficile pour toi, mais tu dois retourner dans le passé pour enfin faire ton deuil. Beaucoup d'orphelins ont grandi avec l'espoir qu'un jour leurs parents les accepteraient à nouveau dans leur vie, et parfois on a besoin des souvenirs du passé pour savoir qu'ils étaient des enfants aimés. Je veux que tu ailles mieux et que tu arrêtes de déprimer, dit-il tout en posant ses mains rassurantes sur les épaules de ce dernier. 

— Tu... tu crois vraiment que je suis bizarre d'être autant blessé par mon passé ? J'ai tellement envie de les revoir que j'ai l'impression que je vais devenir fou, demanda-t-il tout en s'effondrant dans les bras de son ami. 

Ce dernier ne savait pas quoi faire pour aider son ami qui était au plus mal. Ce n'était pas normal que ce dernier veuille autant retourner dans le passé. Peut-être que c'était une erreur de l'avoir autant encouragé à ouvrir cette boîte qui détenait un passé qu'il devait oublier. 

— Jimin, tu es normal. Te projeter autant dans le passé t'a donné envie de rencontrer tes parents. Je sais que je ne pourrai jamais comprendre tes sentiments : j'ai grandi avec mes deux parents, et je ne pourrai jamais comprendre ta peine. Et je suis désolé de t'avoir forcé à ouvrir cette boîte. Si tu ne l'avais pas fait, tu serais bien mieux que ce que tu es maintenant, soupira-t-il tout en serrant fort son ami dans ses bras.