Astreinte - Draken x OC

Chapitre 11 - Jeu d'équillibre

Mes pas martelaient le sol, suivant le même rythme effréné que celui de mon cœur dans mes oreilles. Rapidement, des perles d'eau salées s'échappèrent de mes yeux, et je les essuyais une à une. Le vent froid me fouettait le visage, et j'aurais aimé que ce soit lui, la raison de mes larmes.

J'inspirais profondément, essayant de me calmer, et la douleur due à mes côtes m'arracha une larme de plus. Mon souffle avait beau être saccadé, je ne ralentissais pas pour autant. Je voulais partir le plus loin possible, m'éloigner de ce qui venait de se produire. Les muscles de mes jambes devinrent rapidement douloureux, tant je pressais le pas pour fuir. Pourtant, cette douleur semblait si futile en comparaison à ce que j'éprouvais. Tout se bousculait en moi, et cela me donnait une raison de plus pour m'échapper, et partir le plus loin possible de ce qui venait de me blesser, bien plus fort que je ne l'aurais imaginé.

J'essayais de repousser mon altercation avec Ken dans un coin de mon esprit, mais je ne parvenais pas à ignorer la peine que cela avait engendré en moi. J'avais affreusement mal au cœur, c'était comme si le blond l'avait eu en main et l'avait broyé entre ses doigts puissants. La boule d'émotions qui s'était formée dans ma gorge m'empêchait de reprendre correctement mon souffle. C'était presque plus douloureux que lorsque l'autre tâche m'avait broyé la trachée.

Alors que je trébuchais, manquant de m'étaler, les derniers mots qu'avait prononcé Ken résonnèrent dans mon esprit, me brisant un peu plus.

« T'as pensé un peu à ce que dirait Shigure s'il te voyait aujourd'hui ? »

Si j'y avais pensé ? Je ne faisais que ça, chaque jour. Je savais pertinemment que mon grand frère n'approuverait pas, tout comme je n'avais pas approuvé ses choix en les découvrant. Seulement, Shigure n'était plus là. Je m'étais retrouvée seule, face à une situation qui me dépassait complètement. En un instant, j'étais devenue l'unique famille de Jiro, la dernière personne qui le protégeait. Et plus personne n'était là pour me protéger moi. La responsabilité de sa vie et de son avenir m'était revenu, pesant sur mes épaules. J'avais fait ce que je pouvais, du moins c'est ce que je me répétais le soir pour pouvoir dormir.

Était-ce seulement vrai ? N'y avait-il pas d'autres solutions ? N'aurais-je pas pu mieux faire ? Qu'aurait fait Shigure ?

J'avais beau essayer de me convaincre que j'avais fais de mon mieux, ces questions laissaient toujours le doute s'immiscer plus loin dans mon esprit.

Je secouais vivement la tête, chassant mes pensées. Ce n'étais pas le moment. Rapidement, j'arrivais en bas de mon immeuble, et m'arrêtais enfin. J'entrepris de reprendre mon souffle, avec quelques difficultés. La boule dans ma gorge prenait bien trop de place, et mes côtes douloureuses m'empêchaient de prendre de grandes inspirations. Mon cœur battait à bien trop vive allure dans ma poitrine, et j'entendais ses pulsations dans mes oreilles.

Je luttais aussi quelques minutes contre mon envie de pleurer, qui ne m'aidait pas vraiment à reprendre mon souffle. Quand j'eus retrouvé un semblant de calme, j'attrapais mon téléphone dans ma poche. J'ouvrais le clapet et descendais dans ma liste de contacts jusqu'à trouver le nom que je cherchais.

Hund.

Je devais l'appeler et lui signaler que j'avais rencontré Ryuguji. Si j'avais bien retenu une leçon, c'était que cacher quelque chose au second du gang était peine perdue. La douleur que mes côtes me faisaient ressentir en permanence en était la preuve irréfutable.