Chapitre 11

180 30 47
                                    

    Quelques semaines plus tard, je digérais de plus en plus mal le fait qu'Eléah était gentille avec moi un jour sur deux. Je ne savais plus quoi dire ni quoi faire pour qu'elle m'apprécie autant que la veille.

Ce n'était pas logique. Cela me rendait folle.

Parfois, j'avais envie de me lever de ma chaise pour aller tout expliquer à la maîtresse, mais j'avais trop peur et surtout trop honte pour oser raconter ce qui m'arrivait.

Je voyais bien qu'Eléah agissait comme ça avec d'autres camarades de la classe. Cela me rassurait un peu mais pourtant, j'étais blessée et je ne comprenais pas pourquoi elle jouait avec nos sentiments.

Un jour, je t'aime, un jour, je te déteste.

C'était toujours comme ça avec elle.

Parfois, je regardais Salomé de mon banc. Tiraillée par tout ce qu'il m'arrivait depuis quelque temps, je regrettais sa compagnie et sa bienveillance. Je voyais qu'elle était aussi mal que moi et pourtant, je n'osais plus l'aborder.

Peut-être avais-je peur de sa réaction ?

Étais-je prête à entendre ses reproches et sa déception face à mon comportement ?

Puis, il y avait Eléah qui ne loupait rien de ce qu'il se passait en classe. Elle était toujours au courant de tout. Comment adresser la parole à Salomé sans qu'Eléah ne l'apprenne ?

En parlant du loup, Eléah vint s'assoir à mes côtés. La journée allait commencer par une interrogation. Madame Aria était partie chercher les copies au secrétariat.

-Ça va, Sloann ? me demanda-t-elle avec un grand sourire.

-Euh... oui.

Tiens, elle est dans un bon jour. Tant mieux.

-J'aime bien ton t-shirt. Il est sympa.

Surprise, je la regardai en silence.

Un compliment ? Vraiment ? Elle ne me disait jamais rien de gentil, d'habitude. Logique, ses vêtements étaient bien plus beaux et bien plus à la mode que les miens.

-J'aime bien ton t-shirt aussi.

-Merci. C'est maman qui me l'a ramené de son dernier voyage à Dubaï.

-Super !

J'avoue que je ne savais même pas où se trouvait Dubaï mais je préférai taire cette lacune. L'endroit avait l'air d'être très connu et je ne tenais pas à me ridiculiser une fois de plus devant elle.

-Tu as étudié ? finit-elle par me demander d'une voix mielleuse.

-Bien sûr. Et toi ?

-Je voulais étudier, mais ... je me suis sentie super mal.

-Ah bon ?

-J'ai la santé fragile, tu sais.

-Non, je ne savais pas.

-Ce sera notre secret, d'accord ? Je n'ai pas envie qu'on se moque de moi, tu comprends ?

-Bien sûr.

-Tu m'aideras pour l'interro ?

L'aider pour l'interro ? J'hallucine.

-S'iiil te plait, supplia-t-elle.

-Non, t'es folle. Je n'ai jamais triché de ma vie.

-Je ne vais pas te forcer, souffla-t-elle froidement. Je pensais juste qu'on était... amies.

Amies ?

Elle avait utilisé le mot fort. C'était la première fois qu'elle me disait franchement qu'elle me considérait comme son amie et cela me transporta de joie.

-Bien sûr qu'on est amies.

-Alors aide-moi !

-C'est mal de tricher. Mon papa m'a toujours dit que...

-Papa-ci papa-là ! T'en as pas marre d'être le bébé de la classe, se moqua-t-elle.

Notre maîtresse revint à cet instant dans la classe avec les copies et réclama le silence. Eléah me fixa froidement avant de pencher la tête sur sa feuille d'interrogation.


**************

Que va faire Eléah d'après vous?

J'aurais tout fait pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant