Chapitre 13 : complications inattendues

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«Mais le malheur réunit rarement ceux qu'il entoure. Chacun rumine, dissimule ses manques dans son cuisson de fureur étanche.»

André Bucher

***

Yuan tente tant bien que mal de se relever. Ses grimaces de douleurs m'envoient à chaque fois une décharge électrique au cœur. J'en viens à vouloir changer de place avec lui. Je me laisse tomber à terre, en pleurs.

–C'est à cause de moi tout ça. Tu n'aurais pas subi ça si tu n'étais pas venu me chercher. Pourquoi es-tu venu ?! Je suis désolée, Yuan ! Je suis désolée...

Il se met à genoux devant moi et prend mon visage dans ses mains. Il essuie mes larmes à l'aide de ses pouces.

–C'est pas le moment de craquer, reprends-toi. On doit foutre le camp d'ici avant que la situation n'empire. Et sois pas désolée, c'était mon choix et je suis pas déçu de l'avoir fait, parce que te savoir avec un taré pareil me dégoûte.

Nous nous regardons dans les yeux quelques secondes. Je sonde son niveau de sincérité. Il a l'être de l'être. Je me demande s'il l'aurait fait si ça avait été quelqu'un autre... Ben oui Léo, il n'aurait voulu laisser personne ici seul.

–Aide-moi à me relever.

J'essuie mes dernières larmes et passe son bras autour de mes épaules. Je le relève en même temps que moi. Nous nous mettons à avancer, doucement. Cela ne l'empêche pas de se prendre plusieurs fois les pieds dans des racines enfouie sous la neige et de trébucher. Ce qui me vaut de m'excuser encore un million de fois en plus. Nous progressons lentement.

–Au fait, c'est quoi cette tenue ? Tu fais un remake de Roméo et Juliette ? se moque-t-il.

Je jette un coup d'œil à mes habits. C'est vrai, je porte la robe que Lance m'a dit d'enfiler pour le portrait. J'avais complètement oublié ! Les derniers événements me reviennent comme un raz-de-marée en pleine face.

–Si seulement... Je t'expliquerai plus tard. Ou pas. Vaut mieux pas. On verra déjà si on arrive à sortir d'ici...

–Toujours aussi positive. Je laisserai personne te toucher, Grivaldi, y a que moi qui peut t'ennuyer.

Je m'arrête et observe s'il est sérieux ou non. Les petites phrases qu'il me lance parfois peuvent sembler anodine, mais cette attention qu'il me porte me réchauffe le cœur.

–Ah bon ?

–Ouai.

Plus on avance, plus on s'enfonce dans la neige. La couche s'épaissit à vue d'œil. On va finir par en avoir jusqu'à la taille si ça continue. De plus, il commence à faire assez froid, avec le soleil qui s'est couché. Je ne savais pas qu'il était aussi tard. Bien que j'aurais su le deviner, si j'avais écouté mon estomac gronder. Il va falloir attendre, désolée !

–Si on arrive à sortir de ce putain d'endroit, faudra que je te dise quelque chose.

Je m'arrête afin de l'observer.

–Quoi ?

–Pas maintenant, sinon je l'aurais déjà fait, p'tit tête blonde.

Je soupire. C'est du Yuan tout craché.

–Les jeunes ? Que faites-vous si loin ? résonne une voix féminine derrière nous.

On se stoppe net. Je n'ose pas me retourner. Je ne pensais que quelqu'un allait nous arrêter. Pas alors que nous sommes aussi loin dans la forêt. Mon cœur s'emballe à nouveau à cause de la peur. Le pauvre, il aura trinqué ces derniers jours...

La malédiction de Bergham [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant