La malédiction de Bergham [terminée]

Chapitre 20 : à la vie à la mort

«Un premier amour jette dans le coeur de profondes racines qui étouffent jusqu'aux germes des sentiments antérieurs.»

Auguste Villiers

***

–Donc, en gros, on est foutus, résumé-je.

Nous arborons tous une mine dépitée.

–Ce n'est pas possible. Il doit y avoir une autre solution, continué-je.

–Tu vois bien qu'il n'y a que ces deux-là, m'agresse Maria.

Yuan tape sa main contre la table, l'air menaçant.

–Oh, tu lui parles pas comme ça. On est tous dans le même cas ici.

Le proprio se lève et nous fait signe de nous calmer.

–Ce n'est pas en se disputant que cela va régler ce problème. C'est à moi que revient la décision finale.

–Je te connais bien trop pour savoir à quoi tu penses. Je t'en supplie, reconsidère ton choix ! l'implore Maria, désespérée.

Elle s'accroche à ses avant-bras en le suppliant du regard.

–Je vais bientôt arriver à mes deux cents ans d'existence. Deux cents ans à errer dans ce château comme un fantôme rempli de regrets à attendre qu'on vienne me tirer de ma souffrance. À essayer de mettre fin à mes jours sans résultat. Il est temps que je parte. À voir Elisabeth, il faut croire qu'une sorte de réincarnation existe, la mort ne me fait pas peur, bien au contraire, je l'attends. Il faut que je passe à autre chose. Si seulement j'avais pu partir en même temps qu'elle, j'aurais peut-être été à ses côtés à l'heure actuelle. Le fil qui liait nos destins s'est brisé. Je ne peux à présent qu'espérer rencontrer quelqu'un d'aussi formidable lors de ma prochaine vie.

Il parle d'Elisabeth en me regardant moi. C'est étrange. Je me demande quand même toujours si je suis celle qu'il a connue. Et comment les choses auraient tournés si, en effet, il était de nouveau né à cette époque. Aurais-je alors agi comme son Elisabeth ? Nous serions-nous retrouvés grâce à une certaine destinée ?

Maria se met à pleurer à chaudes larmes. Je ne l'avais jamais vue craquer, c'est bizarre. J'ai la nette impression qu'elle ressent plus que de l'amitié pour le proprio. Tiens, maintenant que j'y pense, je ne sais même pas comment ils se sont connus. Faisait-elle aussi partie de sa vie à l'époque ?

Il pose ses mains sur ses joues et essuie ses larmes.

–Nous aussi nous nous retrouverons peut-être un jour.

Elle se cramponne à ses poignets en secouant la tête.

–S'il te plaît, Lance...

Il pose un regard attendrissant, mais ferme sur elle.

–Ressaisis-toi. J'ai besoin de la Maria logique et forte que je connais. Il faut que tu acceptes la situation au plus vite.

Elle se lève et s'en va dans un coin de la pièce, sûrement pour se calmer.

–Et si on essayait de remettre la main sur le grimoire ? Peut-être que c'est comme dans The Vampire Diaries et qu'il a toujours une faille dans les sorts.