Chapitre 21 : tout est bien qui finit bien... ou presque

48 8 4
                                    


«Perdre quelqu'un qu'on a aimé est terrible, mais le pire serait de ne pas l'avoir rencontré.»

Marc Levy

***

Lorsque je reprends mes esprits, je ressens une grosse migraine qui me fait grimacer. J'ouvre doucement les yeux. Nous sommes encore dans la salle, un peu plus loin de la table. Je suis toujours assise sur la chaise, mais mes mains sont liées dans le dos de celle-ci et je suis bâillonnée, super.  En plus, ma tête pèse une tonne ! Je me demande pourquoi elle n'a pas pu utiliser ses pouvoirs pour nous endormir. Enfin, je ne sais pas si elle en est capable. J'ai une vision assez... imagée des sorcières. En même temps, ce n'est censé exister que dans la fiction !

J'explore les environs des yeux. À ma droite sont ligotés comme moi Lance, et à ma gauche Yuan. Ils sont tous les deux réveillés et m'observent avec attention. Tiens, je me demande où sont Albert, Silas, Ernest et surtout Maria. J'espère qu'il ne leur est rien arrivé... On est dans de beaux draps nous ! La panique comment à monter.

–La belle au bois dormant est enfin réveillée, ricane une voix au loin.

La sorcière se rapproche. Elle a enfin repris sa véritable apparence. Enfin, presque, car elle a pris beaucoup d'années en plus. Ses cheveux ondulés sont grisonnants et encadrent un visage très ridés. Elle ressemble désormais davantage à une sorcière au sens propre du terme. Elle revêt un jeans bleu ample et une blouse aux motifs différents dans les tons de rouge foncé. Je suppose que les sorcières aussi vieillissent. À savoir quel impact cela a sur ses pouvoirs.

Elle arrive à présent à ma hauteur et se penche près de mon visage. J'entends les garçons à côté de moi s'énerver.

–Dois-je vraiment me présenter officiellement ? Après tout, il y a plus d'une centaine d'années, nous nous sommes déjà rencontrées toi et moi.

Tous les souvenirs de 'ma' mort me reviennent. La voir devant moi me pousse à me rappeler de tout ça bien trop clairement. Une vague de tristesse m'envahit. Je ne voulais absolument pas mourir. Je retiens mes larmes, ce n'est pas le moment de craquer.

–Je vois que tu te souviens des événements. Ce qui signifie qu'il t'a souillée.

Souillée ? Elle croit qu'on est encore au 19se siècle ? Elle fait parcourir sa main ridée aux ongles noirs beaucoup trop longs sur ma joue. Je tourne mon visage pour échapper à sa prise et cela la faire rire de plus belle.

–Je ne sais pas si j'ai envie de jouer aujourd'hui. J'ai attendu plus de 180 ans que tu réapparaisses, mais je dois dire qu'avec le temps, je suis de moins en moins d'humeur jouette. Bien que je me sois amusée à te torturer ces derniers jours, j'hésite à te tordre le cou là, maintenant.

D'un air pensif, elle soulève sa main et, tout en la fixant, fait mine de claquer les doigts.

–D'un claquement de doigts, rajoute-t-elle.

Les garçons à côté de moi s'excitent en tentant de se détacher. Quant à moi, la panique atteint son paroxysme et quelques larmes s'échappent de mes yeux.

Elle se redresse et recule de quelques pas.

–J'ai réfléchi pendant des années à la manière dont je te tuerais à nouveau. J'ai tellement d'idées, je ne sais même pas laquelle choisir.

La malédiction de Bergham [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant