Chapitre 15 : tout s'explique (ou presque)

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«L'expérience journalière nous fait connaître en toute occasion la méchanceté de l'homme.»

Axel Oxenstierna

***

Je reviens à moi et me penche sur le côté en crachant l'eau présente dans mes poumons. Je tremble de tout mon soûl, autant par peur que par manque d'air. Mes yeux, mes poumons, ma gorge, tout me brûle. Je halète bruyamment afin d'emmagasiner le maximum d'air que possible. Je me recouche sur le dos en fixant le plafond, l'air hagard. Il est parsemé de petits points noirs. Je pense qu'on essaye de me parler, je n'en suis pas sure. Je suis en état de choc, je ne parviens pas à revenir à moi. Je suis enveloppée dans quelque chose d'humide, j'ai froid. Mais... je suis en vie.

Plusieurs silhouettes s'affairent autour de moi. De longues minutes s'écoulent. Je parviens à retrouver petit à petit un semblant de respiration normale. Mon cœur, lui aussi, commence à se calmer. Je me redresse et regarde autour de moi, apeurée. Deux personnes se précipitent à mon chevet.

–Léo ! s'écrie Yuan.

–Éléonore ! crie le proprio en même temps.

Je les observe un à un. Il y a également le docteur, Maria, Emmet et Clothilde. Ça fait beaucoup de gens pour une si petite pièce, j'ai l'impression d'étouffer. Yuan semble repérer mon air désemparé. Il se relève et se tourne vers les autres.

–Elle va bien, sortez maintenant, laissez-lui de l'espace.

Son air sérieux semble convaincre les autres qui sortent tous de la pièce. Il reste juste le proprio, toujours à mon chevet, et lui.

Il se tourne vers moi.

–Il s'est passé quoi ?

Je fronce les sourcils.

–Ça, j'aimerais bien le savoir, articulé-je d'une voix basse et un peu rauque d'avoir toussé.

Son visage se déforme sous les traits de la colère.

–Si jamais j'attrape le connard qui t'a fait ça, je le défonce jusqu'à ce qu'on ne puisse plus le reconnaître !

Subitement il enfonce son poing dans le miroir.  Je retiens un cri et me cache les yeux.

Le proprio se lève et va le trouver.

–Crois-tu vraiment que c'est le moment de faire preuve de violence ? Regarde-la, elle est sous le choc !

Je ramène mes jambes contre moi et me recule contre le mur, les larmes aux yeux. Le proprio s'approche et s'accroupît devant moi.

–Je sais que tu voudrais oublier ce qui vient de se passer, mais j'ai besoin que tu nous dises ce qui t'est arrivé... Il n'y a que comme ça qu'on pourra trouver celui qui t'a fait ça.

Repenser aux événements réaugmente ma fréquence cardiaque.

–Je...

Je pars dans une crise de panique, l'air me manque. J'ai l'impression d'être à nouveau plongée sous l'eau. Il pose une main sur ma joue.

La malédiction de Bergham [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant