Chapitre 4 : des vacances improvisées

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« Il n'y a pas d'amour perdu. »

Miguel de Cervantès

•••

Paniquée, je tends l'oreille pour voir si je les entends. Je me retourne vers Maria.

–Leur avez-vous dit que je vous aidais avant de les rejoindre ?

Je vois son visage se décomposer.

–Je pensais que tu l'avais fait.

À ces mots, je blêmis. Je cours jusqu'à l'espèce de poste de garde.

–Excusez-moi, est-ce que les autres sont venus prendre leurs affaires ?

–Oui, il y a une bonne vingtaine de minutes. Ils sont ensuite partis dans la forêt pour rejoindre le car.

–Je ne peux pas rater le car ! m'écrié-je d'une voix aiguë.

Les larmes me montent aux yeux. Le stress prend possession de mon corps. Mes paumes deviennent moites. Mes jambes flageolent. Ma tête tourne. Mon cœur va exploser. Je me tourne vers Maria, déconfite.

–Je fais quoi moi maintenant ! Il faut que je joigne Emma !

Je me tourne vers le garde.

–Où sont mes affaires ?!

L'homme m'amène la boîte où j'avais déposé mon téléphone. Celle-ci est vide. Il ne reste également plus de sacs dans la pièce.

–Je ne comprends pas ! Si Emma avait tout pris, elle aurait dit aux autres de m'attendre. De toute façon, elle n'aurait pas pris mon téléphone ! Il faut que je les rejoigne !

–Tu n'y arriveras jamais à temps à pied... annonce tristement Maria.

Tout à coup, son visage s'illumine.

–Ne bouge pas ! Je reviens dans cinq minutes maximum !

Elle se met à courir à toute vitesse vers le château. Je fais les cent pas. Je ne peux pas attendre ! Quelle perte de temps ! Je vais courir les rejoindre, il me reste une chance. Ils m'attendront sûrement là-bas ! Je me mets à courir et traverse le pont-levis, ignorant les injonctions du garde. Je m'enfonce dans la forêt qui n'est plus si accueillante que ce matin. En effet, l'obscurité naissante et le froid lui confèrent une atmosphère inquiétante. Au diable mes inquiétudes d'enfants ! Je dois les rattraper.

Beaucoup d'obstacles se dressent sur le chemin, comme de gros troncs, d'énormes rochers, ce qui m'oblige à contourner de façon importante plusieurs endroits. Je n'entends ni ne vois toujours rien. La nuit tombe petit à petit, faisant grandir mon angoisse. Je m'arrête de courir, à bout de souffle. Je n'ai même pas mon inhalateur pour m'aider à mieux respirer. Heureusement que je ne souffre pas d'un cas d'asthme sévère ! Cela doit faire une bonne vingtaine voire trentaine de minutes que je tourne en rond sans apercevoir aucun autre signe de vie. Est-ce possible de se perdre ici ? Il suffisait d'aller tout droit ! Suis-je si mauvaise que ça en orientation ? Léo, il faut absolument que tu les rejoignes ! Face à la pression, mon cœur n'a jamais battu aussi vite. J'ai l'impression que je vais le recracher. De plus, je n'ai plus du tout de souffle. Je ne parviens pas à me calmer. L'atmosphère de la forêt me pèse. Il fait à présent nuit. J'entends des grincements provenant des géants arbres devenus assez effrayants. Une chouette hulule à intervalle régulier. Les buissons frémissent au gré du vent, créant des bruits qui ressemblent à des murmures sinistres. De plus, chaque bourrasque est similaire à se prendre une gifle, tellement elles sont fortes et glaciales.

La malédiction de Bergham [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant