2 : Malédiction∙s

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Média : remuslupinenjoyer (instagram)

Son corps est enveloppé dans une couette, confortablement enfoncé dans un matelas quand il ouvre les yeux, si bien que Peter croit avoir fait un cauchemar. Pourtant, très vite, il s'aperçoit que la chaussette humide est restée à son pied et que son avant-bras droit le lance. Il se redresse. 

Le lit sur lequel il a dormi n'est à l'évidence pas le sien. Il reconnait pas sa chambre et n'entends pas les sons familiers de l'atelier de son père. En revanche, une fois la brume du réveil passée, il comprends qu'il se trouve tout simplement dans la maison qu'a acheté Sirius avec l'argent volé à ses parents. Celle qui est devenue depuis peu le quartier général de l'Ordre du Phénix

« Ah ! Tu es réveillé ! s'exclame une voix. 

Peter fait un bond, tourne sa tête vers l'entrée de là chambre -l'endroit d'où sont venues les paroles- et est soulagé de trouver Remus à ses cotés. Celui-ci lui tends un carré de chocolat qu'il accepte volontiers. 

Il y a un léger silence durant lequel Peter se sent observé. Il se frotte les yeux et soupire avant de demander :

« Salut, Lunard. Qu'est-ce que je fais là ?

- On t'a retrouvé évanoui dans une ruelle pas loin de Big Ben. réponds Remus en faisant mine de sourire sans pouvoir camoufler l'air inquiet qu'il arbore depuis le début de la guerre. Alice a dit que tu t'étais fait poursuivre par Croupton toute la nuit et qu'elle t'avais perdu de vue. Heureusement qu'elle nous a appelée à la rescousse, tu avais perdu connaissance. Tu ne te souviens de rien ? »

Peter se souvient de tout. Du regard assassin de Barty Croupton jusqu'au poison noirâtre qui doit maintenant couler dans ses veines, mais il fait "non" de la tête. Pas question d'avouer à Lunard la façon dont il a encore faiblit face au danger. Et puis ses ami∙es ont assez de problèmes comme ça à gérer, inutile de leurs en rajouter. En réfléchissant il pourra bien régler ça lui même, non ? 

Peter enfile de nouveau vêtements et rejoint Remus et les autres au Rez-de-chaussé. 

« Il est hors de question que Moony fasse ça ! s'écrit là bas Sirius, debout et en colère face à un Dumbledore. Lui est calme et confortablement assis sur une chaise, les bras croisés sur la table en bois et le dos droit. 

Le dit-Moony, de son coté, se teint en retrait, rouge de honte face au comportement de Sirius. 

- M. Lupin est peut-être assez grand pour décider seul des missions qu'il accepte ou non, ne croyez-vous pas ? rétorque le vieil homme. 

- Non ! le contredit Sirius, Moony ne veut pas causer de soucis à qui que ce soit, il se tuerait si vous le lui demandiez. Il n'a aucune conscience de ce qui pourrait être dangereux pour lui !

- Ça suffit ! intervint Remus en attrapant doucement le bras de son ami. C'est a moi de décider, Sirius. 

- Tu ne vois pas qu'il te manipule !? se fâche le Black quelques octaves plus bas. 

- Même si c'était le cas je ne pourrais pas lui en vouloir, réponds Remus sèchement, je suis le seul à pouvoir m'occuper des loups-garous ici. »

Peter comprends alors de quoi il est question et pioche un toast dans la corbeille à pain qui traine sur la table. Cela fait des semaines que le débat tourne en rond : Remus doit se rendre chez les loups-garous pour leurs soutirer des informations et les convaincre de rejoindre la résistance, seulement Sirius l'en empêche, avançant que c'est bien trop dangereux et qu'il vaut mieux faire venir une équipe. Même si la dernière équipe qui y est allé s'est faite attaquée quasi-mortellement. Peter n'a pas d'avis sur la question, pas d'opinion sur ce qu'il faudrait faire. Comme d'habitude, il préfère suivre et regarder. Les valeurs sont secondaires, c'est être serviable et gentil qui est primordial. 

Sans qu'il ne s'en rende compte, Dumbledore est parti et Remus fait face à Sirius, à la fois agacée et heureux. Amoureux, en fait. Comme a chaque fois qu'il le regarde. Peter comprends vite qu'il est en trop dans la pièce et emporte son toast avec lui avant de s'éclipser dans la chambre. 

Il est au courant de ce qui se passe entre Sirius et Remus depuis la fin de Poudlard, vu le nombre de fois où il les a surpris se glisser dans le lit l'un de l'autre dans le dortoir. Mais James ne sait rien. Parce que, pour des raisons que Peter ne saisit pas, les deux maraudeurs refusent de dire quoi que ce soit à leurs meilleur ami. Peter trouve ça bête, ce n'est pas comme si James allait mal réagir... 

La douleur dans son bras est persistante. Il se tire de ses pensés pour remonter sa manche. Sa peau est presque transparente, l'endroit que la baguette de Croupton l'a touché le soir précédent est marqué d'un bleu qui s'étend jusqu'au poignet. Ça fait très mal et on dirait que ça s'étends. Qu'est-ce que ce type peut bien lui avoir fait ? Est-ce un sortilège de surveillance, une malédiction ? Il a bien vu les ravages que font les malédictions après des années à côtoyer un loup-garou, et il ne souhaite pas vraiment expérimenter ça de plus près. 

Il serre le poing de son bras valide pour mesurer sa force, puis se change en rat. Il a supposé que sa forme non-humaine le guérirait de sa blessure. Au cours des pleines lunes il est souvent arrivé qu'il se blesse sous forme de rat et qu'il n'y en ai plus de trace une fois redevenu humain. Malheureusement la plaie persiste, sa patte avant presque entièrement noire. Il redevient alors humain. Pas le temps d'y penser d'avantage, il doit rabaisser sa manche car il entends des pas monter l'escalier. 

Remus ouvre la porte soufflant, saisit un carré de chocolat et va s'asseoir sur le sol, proche de la fenêtre.

« Ça va ? demande Peter en le rejoignant, ignorant la douleur qui persiste dans son bras. Il fait attention à ses paroles au cas où le poison serait une potion de traçage.  

- J'en ai marre de cette guerre. 

Peter est un peu surpris, il s'attendait plutôt à ce que Remus se plaigne de son petit-ami beaucoup trop possessif selon lui en ces temps difficiles, mais non. C'est la guerre la responsable. Remus croque rageusement dans la friandise, entortillant ses bras dans les barreaux du faux-balcon.

- Tu ne penses pas que c'est plutôt avec Sirius qu'il faudrait arranger les choses ? 

- Sirius est vraiment super en temps normal, tu sais. » 

Il sait, ou du moins il le suppose. 

Il sait que la guerre change les gens, mais honnêtement, il aurait plutôt tendance à dire qu'elle révèle leurs vraies natures. Remus n'en a probablement pas conscience, mais la facette colérique de Sirius est celle qu'il expose le plus souvent aux autres. En fait, seul les personnes qu'il aime profondément ont le droit à un peu de douceur de sa part - heureusement qu'il aime pas mal de monde. Peter sait tout ça car, dans la bande, pour des raisons plutôt logique, il est celui que Sirius aime le moins. Les autres ne le sentent surement pas, mais quand il faut taquiner l'un d'entre eux, par conséquent, c'est toujours lui qui prends tout. Et vu l'imagination qu'on James et Sirius pour taquiner, s'en prendre plein la gueule est le quotidien de Peter. Il leurs pardonne, il sait qu'ils ne le font pas exprès. Il a même compris que la plupart du temps ce sont des blagues sarcastiques, qu'il n'arrive jamais à saisir parce qu'il ne comprends jamais le sarcasme, mais qui ne sont pas méchantes. Et puis Remus et Lily sont là pour apaiser les tensions, en général. Et puis quand il est seul avec James tout ce passe très bien... ce qui n'arrive plus beaucoup depuis la fin de Poudlard...

« James et Lily viennent manger ce midi, tu veux rester ? Propose Remus. 

- Non merci, répond Peter, je dois... aider papa avec... le courrier. Il en reçoit plein. »

Remus ne semble pas le croire, mais il ne le retient pas quand il se lève pour attraper son manteau. Il se rappelle alors qu'il n'a plus de baguette, se fige, puis fait semblant de rien. Il va devoir rentrer chez lui façon-moldue, ça va lui prendre des plombes.  

En temps normal il aurait accepté de rester avec ses ami∙es, mais ce n'est pas une journée normale du tout et plus le temps passe, plus il se sent de trop dans le petit cercle. Et puis la guerre est difficile à ignorer, même en faisant la fête, c'est difficile d'oublier l'épée de Damoclès qui traine sur leurs têtes. 

Comment Peter disparuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant