VI

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Le fantôme à la petit robe blanche était incapable de dormir mais avait préféré faire semblant face au caractère impulsif et violent du fléau. Elle voulait quitter cet endroit. Cette femme était de mauvaise augure. Elle avait un mauvais pressentiment. De la haine ? De la colère ? De la jalousie ? Elle ne savait pas. Elle ne se souvenait pas avoir ressentit ce genre d'émotions.

Alors que le démon sortait de leur chambre, elle se sentait déchirée, trahie. Il allait coucher avec cette morue et elle ne savait pas comment réagir face à cette vérité indubitable. Elle tournait dans son futon, incapable de se détendre. Elle n'était pas habituée à ce genre de sentiment. Emprisonnée dans sa solitude depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait, comment réagir face à son coeur qui se serrait dans sa poitrine ?

Les heures passaient plus lentement qu'un escargot traversant une ruelle. Elle devait prendre l'air. Ou aller trouver le Roi avant de basculer dans la folie. Il était le seul à pouvoir l'entendre, il pouvait être le seul à comprendre ce qu'elle ressentait. Autant lui parler de ce qui la tourmentait. Elle vagabondait dans le long couloir de l'auberge, ses pensées bien trop négatives envers l'inconnu. Derrière la porte de sa rivale, elle observait le moindre détails de l'ombre du corps du démon. Il était divinement beau. La lumière des lampes à huile de la chambre éclairait suffisamment à travers le paravent pour qu'elle puisse avoir un bel aperçu de Sukuna. Elle avait loupé le clou du spectacle, ils avaient déjà fini leurs petites affaires. Dommage, elle aurait bien voulu entendre les sons emplis de désir de ce dernier.

Non, elle arrivait au bon moment. Elle écoutait le récit de la vielle coche en silence. Espérant, priant, pour que ses souvenirs reviennent. En vain. Plus les minutes passaient, moins elle arrivait à retrouver la mémoire. Le seul mot "viol" restait au fond de sa gorge. Elle avait de nouveau mal à la tête. Avait-elle été violée avant de mourir, comme la pauvre fille de cette histoire ? Aucune idée. Mais c'était une possibilité à ne pas négliger.

Seishin n'était pas la "vraie Seishin". C'était une autre vérité indubitable. Rien de cette catin ressemblait à son caractère ou son apparence. Elle n'était morte que depuis quelques mois, pas depuis plus d'une année. Elle ne portait pas de kimono et était douée pour la musique, comparé à cette Geïsha. Pourvu que Sukuna s'en rende compte. Une chose était sûre. Si elle n'était pas le fantôme de cette fille, alors le pacte entre l'aubergiste et son compagnon n'avait pas de valeur.  Et s'il en avait une quelconque, alors le fait qu'elle comptait partir de ce village avec cet homme devait le conclure. Il n'y avait donc aucuns risques. Dans tous les cas, le rosé avait achevé sa part du marché. Ils pouvaient dorénavant prendre la route vers de nouvelles aventures. Elle avait hâte de pouvoir en toucher deux mots au concerné.

Le moment était mal choisi pour faire irruption dans la chambre à l'odeur trop sexuelle à son goût mais l'excitation de quitter ce maudit patelin était trop intense pour qu'elle reste derrière cette porte bien sagement. Les deux amants sursautaient en coeur. Le grand Sukuna avaient beaucoup à apprendre des fantômes. Dénuée d'énergie occulte, il avait été incapable de ressentir la présence de Seishin. D'où la surprise et la colère dans ses yeux lorsqu'ils croisèrent ceux de la brunette. Shizume commençait à prendre peur face à l'ouverture brutale du paravent. Il n'y avait aucune autre présence dans la pièce mise à part la sienne ainsi que celle du bel homme aux prouesses sexuelles surhumaines. Comment cette foutue porte s'était ouverte ? Pourquoi l'homme au kimono avait l'air de regarder un endroit précis avec haine comme s'il y avait vraiment une autre présence en ces lieux ? S'agissait-il du fantôme de son village ?

Sukuna était vraiment agacé d'être ainsi interrompu dans ses galipettes. Le visage trop enjouée de la jeune femme ne l'enchantait guère. Elle n'avait pourtant pas l'air d'être une voyeuse ou une perverse. Que faisait-elle ici ? Ne l'avait-il pas laissée, bien sagement endormie sur son futon ? Il claquait sa langue et d'un signe du regard, il l'invitait à lui expliquer la raison de sa présence en vitesse, avant que son calme légendaire éclate en morceaux. Seishin ne se faisait pas prier une deuxième fois et s'approchait du torse nu du fléau. Elle murmurait dans son oreille, son souffle et son parfum le faisait frissonner. Elle sentait divinement bon.

The Phantom of the cursedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant