10 - ''Essayer''

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Il se relève en chancelant, s'approche de moi, je me tiens bien droite comme lors de notre première rencontre, il passe une main sur mon cou, je ne bouge pas, pas un frisson, pas un mouvement de regard, je le fixe froidement, sa deuxième main rejoint la première, il entoure mon cou délicatement et pose son front contre le mien et soupire. "Désolé." Il bascule ma tête en arrière et pose ses lèvres sur ma joue, ouvre les yeux, une étincelle de désir s'illumine, sa bouche se dirige dangereusement vers la mienne mais je ne bouge pas. Lorsque ses lèvres brûlantes se posent sur les miennes, je déplie mes doigts d'eau qui courent sur sa peau étouffant les flammes qui tentent de s'échapper de son corps. Il s'appuie un peu plus sur moi, ses yeux plantés dans les miens puis se détache avec un regard interrogateur. Je ne cesse de le fixer, je me sens vide, comme si l'envie que j'avais toujours de l'aider s'était évaporée lorsque mon frère a disparu dans ce portail.
"Je t'ai cassée ?"
Je hoche doucement la tête, baissant les yeux. Une larme coule le long de sa joue, je le regarde à nouveau, une lueur d'inquiétude dans mon regard. Je pose mon pouce sur sa joue pour récupérer la larme, il rit doucement :
"Je peux être ton papier à poncer ?

- Seras-tu le meilleur ?

- Je ne sais pas... Je peux essayer...

- Je sais pas non plus Dabi..."

Malgré la haine et la peur qu'il m'inspire je sens au fond de lui de la bienveillance, de l'amour, ses émotions sont seulement trop faibles comparées à celles qui alimentent son cœur en continu : la haine, l'animosité, l'envie de destruction.

Ses mains descendent le long de mon dos, me collant à lui, j'inspire son odeur et entoure son cou de mes bras, il me porte doucement et j'enroule mes jambes à sa taille. Il pose un pied sur la fenêtre : "On va faire un tour ?" J'enfouie mon visage dans ses vêtements. Il saute et atterrit dans une gerbe de flammes bleues. Quelques minutes plus tard nous sommes au bord d'un étang, tout est noir, sauf ses yeux qui brillent toujours.

"La première fois que je t'ai vu, je me suis dis que ça serait vous : toi et ton frère, la nouvelle génération de héros qui allait rendre ce monde plus juste. Vous qui sauvez tout le monde, vilain, civil ou héros. Puis ce soir-là , lorsque l'on est allé dans le ciel parlé, j'avais jamais fait ça. C'était doux, ta main était douce. Ça m'a fait peur j'ai décidé de me débrouiller par moi-même, que j'avais pas besoin de l'aide qui que ce soit, que finalement ton idée d'équilibre c'était de la merde. Mais j'ai bu et la douleur était telle, dans mon cœur et dans mon corps que j'ai seulement su venir te voir. Puis j'ai eu peur de t'entraîner dans le monde des vilains, de détruire ton rêve de sauver des gens par ma simple présence dans ta vie. Quand le chef a dit de kidnapper ton frère, je me suis créé des barrières, je me suis menti en me disant que le fait que tu me haïsses ne me ferait pas si mal, que ça serait même mieux, que je n'avais réellement pas besoin d'une gamine comme toi. Et ton regard, quand tu m'as dit que j'étais un danger, j'ai senti qu'un morceau se brisait en moi finalement. Parce que ça doit être ça un coup de foudre, c'est douleur en permanence mais dès que je te voyais qu'est ce que j'étais heureux, le plus heureux du monde, je n'attendais que de te voir, à la télé, dans les journaux, dans la rue, à travers les barreaux, dans ta chambre. Je voulais te voir de partout, tout le temps..."

Il m'entoure de ses bras, me presse contre lui, des larmes coulent le long de ses joues. Mes doigts d'eau continuent d'apaiser ses flammes bleues.

"Rien ne me dit que tu ne referas pas la même chose encore et encore, nous faisant souffrir tous les deux. Tu ne peux pas quitter les vilains au risque de te retrouver en prison et rester avec eux ne t'en protèges pas non plus. Si tu vois en mon frère et moi une solution, pourquoi n'essaie tu pas d'en faire partie ?"

Ses yeux bleus brillent devant la lune, j'observe chaque partie de son visage, ses cicatrices, sa peau douce, les plis de ses paupières. Son regard ne me lâche pas, il semble réfléchir et enfouit sa tête dans mon cou, sa poitrine se lève et s'abaisse profondément, je passe une main dans son dos et frotte doucement pour assurer ma présence.

"Je n'ai que peu de souvenirs de mon enfance, j'ai seulement de la haine, et un peu d'amour pour certaines personnes, c'est comme marqué au fer rouge sur mon coeur, si je ne fais pas attention je glisse dans l'obscurité, est-ce que tu pourrais rester à mes côtés si je suis tenté par cette facette horrible de moi-même ? Je n'arriverais pas seul à me contrôler, pas au début." Sa voix s'étouffe à la fin de ses paroles, je sens que ça lui pèse.

Mon cerveau tourne à toute vitesse, je me rappelle mes rêves où l'on combattait des vilains l'un à côté de l'autre, la puissance qui s'échappe de lui, sa force, les émotions qui le guide, c'est un homme fort et si pur, teinté par la haine. Ma main glisse le long de son bras jusqu'à trouver la sienne, je passe mes doigts entre les siens, il relève la tête, je lui souris : "Et si on essayait."


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Save them (Dabi x reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant