Ternariu [TodoBakuDeku]

2. L'architecte

Katsuki était sur un nouveau chantier qui allait durer plusieurs mois, voire plus d'un an, et c'était sous la supervision d'un architecte qu'il ne connaissait pas.

D'un côté, que son talent soit reconnu au point d'être intégré à la restauration d'un monument classé, c'était très gratifiant, disons-le franchement, ça gonflait son égo, mais de l'autre, il se retrouvait à devoir bosser qu'avec des inconnus.

Il venait de se changer et sortait du préfabriqué qui servait de vestiaires quand il percuta quelqu'un et se retrouva sur le cul. En colère, il se releva en pestant, leva à peine les yeux sur son vis-à-vis avant de lui gueuler dessus et de le bousculer violemment.

L'instant qui suivit, il était plaqué contre la tôle, ses pieds ne touchaient plus le sol, une main l'avait soulevé par le col.

??? : Tu vas apprendre très vite à t'adresser à moi mieux que ça. Je ne regardais peut-être pas devant moi, mais toi non plus, alors tu te détends

Il avait un ton ferme et neutre, il ne semblait même pas énervé, il donnait l'impression de seulement vouloir mettre les points sur les i. Katsuki, une fois le trouble passé, regarda l'homme qui l'avait lâché tout de suite après avoir dit ce qu'il avait dire.

Un peu plus grand que lui, tout aussi musclé, des cheveux rouges à gauche et blanc à droite, ses yeux étaient, eux aussi, de couleurs différentes, turquoise à gauche et gris foncé à droite. Une cicatrice vraisemblablement due à une brulure mangeait le côté gauche de son visage, du front jusqu'au milieu de sa joue. Un physique atypique et magnifique à la fois, mais surtout, ce regard qui venait de passer de neutre à doux quand Katsuki l'avait enfin regardé, ce sourire un peu timide mais franc, et cette main tendue vers lui, c'était comme un tableau dont on ne peut dépeindre la beauté avec des mots.

Katsuki : Et t'es qui ?

??? : Shoto Todoroki, l'architecte

Katsuki : Katsuki Bakugo, tailleur de pierre

??? : Écoute, si on pouvait oublier ça, agresser d'emblée les ouvriers, ça risque de me compliquer la tâche si ça se sait

Katsuki : Ouais, bah ça m'arrangerait aussi qu'on garde ça pour nous, j'ai déjà la réputation d'être le colérique en puissance, et puis, c'est moi qui t'aie bousculé en t'insultant

Shoto : Seraient-ce des excuses ?

Katsuki : Rêve pas non plus, c'est pas mon genre

Shoto : Du moment qu'on se respecte mutuellement à partir de maintenant, ça me va

Katsuki : En même temps, c'est toi qui commandes, j'ai plutôt intérêt de filer droit si je ne veux pas être viré

Shoto : Si j'avais su qu'il suffisait de ça, je me serais présenté quand je t'ai vu arriver au lieu de t'empoigner

Katsuki : C'est surtout que tu m'as pris par surprise, d'habitude c'est moi que les gens craignent *petit sourire en coin*

Shoto : Etre craint et respecté sont deux choses différentes, qu'on ait peur de moi est contreproductif si je veux obtenir le meilleur des ouvriers qui bossent pour moi

Katsuki : Je n'ai jamais dit que tu me faisais peur

Shoto allait rétorquer, seulement les autres ouvriers approchaient pour se changer, il salua tout le monde avant de rejoindre le deuxième cabanon de chantier qui faisait office de bureau et de salle de réunion.

Il était étonné d'avoir osé s'en prendre à un ouvrier comme il l'avait fait, Katsuki avait fait remonter ce qu'il le terrifiait à l'idée de conduire son premier chantier en solo, qu'on ne le prenne pas au sérieux.

Shoto était d'une famille réputée, son père et son grand-père avant lui étaient de grands architectes. Son géniteur, comme préférait l'appeler Shoto, avait obligé ce dernier à suivre la même voie et heureusement pour le jeune homme, ce métier lui plaisait beaucoup.

Prit dans l'entreprise familiale et supervisé par son père sur plusieurs chantiers, il avait décidé que son fils prodigue était prêt à diriger son propre projet, la restauration d'un temple dans la campagne de Tokyo.

C'était beaucoup de pression, énormément d'enjeux pour son avenir et surtout, la certitude d'être enfin reconnu par son paternel, qui de ce fait, lui lâchera certainement la grappe. Ce chantier solo était un peu un rite de passage, l'un de ses grands frères était passé par là avant lui et après avoir fait ses preuves, il avait eu la paix.

Seulement Shoto était certes d'un caractère peu enclin à se faire marcher dessus, il n'en était pas moins qu'à part le cendré qui semblait avoir son âge, tous les autres ouvriers étaient tous autour des 40 ans minimum. C'était d'ailleurs un soulagement autant qu'une source d'interrogation, qu'un homme aussi jeune soit sur un chantier aussi important. Surtout en taille de pierre, il était le seul ouvrier à avoir été retenu alors que pour toute la partie bois par exemple, ils étaient pas moins de trois.