Chapitre 2 : Agir avant de réfléchir

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Peu à cheval sur l'organisation, Hiyori trouva pourtant sans mal les ressources pour millimétrer ses matinées en fonction des horaires de départ de son nouveau voisin. Incapable d'enclencher son réveil plus tôt pour embaucher avant lui, par fénéantise, elle partait désormais constamment en retard de chez elle, jetant des regards dans l'impasse pour observer le jeune homme s'éloigner à pied.

Le reste de la semaine se déroula dans les mêmes conditions, permettant à la rouquine de souffler. Plus besoin de ruminer si elle pouvait l'esquiver, bien que ses nuits ne se révélèrent pas plus calmes, au contraire. Le premier week-end de cette nouvelle année scolaire arrivait à point nommé, laissant tout le loisir à l'étudiante de se défouler à la salle de boxe. Depuis que Luffy l'avait initié, il y a une dizaine d'années, Hiyori n'avait jamais arrêté ce sport, y consacrant minimum deux heures par semaine, voire bien plus en fonction de son état émotionnel. Son entraîneur pouvait le voir sans mal : lorsque son élève frappait le sac sans discontinuer pendant des dizaines de minutes, il ne fallait rien attendre d'elle pour la séance. Ses cheveux remontés en une haute queue de cheval, elle envoyait violemment poings, pieds et genoux contre son adversaire cylindrique. Epuisée, elle abandonna les gants, sa tête partiellement vidée de ses pensées bousculées.

Comme tous les samedis, ses pas la menèrent au salon de tatouage, son sac rempli de notes de cours sur le dos. Avant de poursuivre ses révisions, entre deux dessins, elle s'afféra à préparer la salle du fond pour Usopp qui recevait un client pour plus de 6 h d'encrage. En échange, elle pouvait l'observer travailler, les yeux pétillants d'admiration. Son casque sur les oreilles, la rouquine n'entendit pas la porte de la boutique s'ouvrir et son patron discuter avec le nouvel arrivant. Fredonnant un air bien connu de rock des années 80, Hiyori entamait quelques mouvements de danse approximatifs tout en finissant de tirer un film papier sur la chaise destinée aux futurs tatoués. Usopp la sortit de son monde en soulevant son casque.

" T'as un client !

- Impossible, souffla la jeune fille, un sourire gêné sur le visage.

- Il vient de me parler d'un projet dans le style de certains dessins qu'on a posté sur Instagram... Et ce sont tous les tiens ! "

Partagée entre stress et excitation, la rouquine se précipita à l'accueil, martelant le sol de ses rangers avec une grâce inexistante. Plantée derrière le comptoir, elle se redressa tout sourire pour accueillir son premier client. L'ascenseur émotionnel n'en fut que plus rude. Il était là, la dépassant d'une bonne tête, le même pull bicolore sur les épaules. Leurs regards se croisèrent alors. L'un semblait quelque peu étonné, l'autre, horrifiée. Un long silence s'installa, brisé par le brun.

" C'est toi la voisine qui m'espionne non ? Questionna-t-il en penchant légèrement la tête sur le côté, faisant s'entrechoquer ses boucles d'oreilles dorées.

- Je t'espionne pas ! " Rétorqua immédiatement la rousse.

Mais ces cheveux de feu ne trompaient pas. Il l'avait déjà aperçu le jour de son emménagement, au coin de la rue et par la fenêtre. Si elle ne s'en rendait pas compte, lui ressentait ces regards étranges portés sur lui. Elle l'esquivait. Comme pour justifier son flicage, la jeune fille renchérit.

" C'est juste que cette baraque avait pas été habitée depuis longtemps... Et elle est importante, termina-t-elle en baissant les yeux.

- Ah, une histoire d'amour qui a mal fini ? " Plaisanta le nouveau venu, pensant embarrasser un peu plus son interlocutrice.

La claque résonna dans tout le magasin, faisant rappliquer Usopp depuis le fond. Le coup était parti si vite qu'Hiyori sentit sa paume chauffée immédiatement. Elle avait contracté son bras sans réfléchir, laissant sa main rejoindre la joue de son voisin. Son cœur battait la chamade tandis que ses dents serrées trahissaient sa colère. Avant que ses larmes ne coulent, la rousse fit le tour du comptoir, bousculant le jeune homme au passage, et détala dans la rue. En quelques minutes, l'énervement laissa place au regret. La tête basse, la jeune fille traînait ses pieds sur le trottoir, se maudissant intérieurement d'avoir réagi aussi vivement. Arrivée dans l'impasse, sans même réfléchir à son trajet, elle s'assit contre un muret, les genoux ramenés vers elle.

Le gars d'en face [Law X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant