Le gars d'en face [Law X OC]

Chapitre 6 : Vivant

Le jour-j était enfin arrivé. Dehors, l'hiver laissait place à un timide printemps, permettant à la rouquine de renfiler sa veste en jean. Law n'arriva au salon qu'en début de soirée, retenu à l'hôpital. Bien moins stressé que notre protagoniste, il s'allongea sur la table, torse-nu, après la pose du calque. Usopp assista à la première heure d'encrage, attentif à la stabilité de son élève qu'il n'avait jamais vu si calme et concentrée. Appliquée comme jamais auparavant, Hiyori faisait glisser son aiguille sur la peau de son voisin, enfermée dans sa bulle. Le stress lui avait d'abord noué le ventre, puis, une heure après l'autre, une certaine confiance l'avait entraînée, alors même que son patron l'avait laissé continuer toute seule. Près de quatre heures plus tard, elle rendit les armes.

" On va le faire en deux fois, je fatigue trop ", avoua-t-elle au chirurgien.

Elle fit craquer son poignet engourdi avant de nettoyer le torse de l'interne et d'appliquer un film plastique. Law se dirigea vers le miroir du fond de la salle, impatient d'observer le premier rendu. Il ne fut pas déçu : le cœur prenait forme. Tous les larges traits déjà tracés recouvraient son torse de haut en large. Ce premier jet lui plaisait et il le fit savoir à l'artiste, lui adressant un sourire sincère. Elle lui rendit, en promettant de finir le mois prochain et de faire de lui l'égérie du salon sur les réseaux sociaux. Cette cession l'avait grisée. Pour la première fois, elle se sentait capable d'accepter quelques futurs clients, de commencer véritablement son métier. Pendant que Law l'attendait dehors, elle termina de ranger le salon.

Debout sur le trottoir, rhabillé, le brun ressentait une légère impatience à l'idée de voir son tatouage enfin fini. Il s'était imaginé une seule séance, avec éventuellement quelques retouches, mais acceptait le choix de l'artiste. Mieux valait lui laisser le temps de souffler que de la voir se rater sur sa propre peau. Perdu dans ses pensées, il remarqua un peu tardivement deux hommes le fixer au bout de la rue, leurs capuches relevées et un air insistant sur le visage. De loin, il les entendit marmonner, comprenant sans mal qu'il attendait quelqu'un : une rouquine aux yeux noirs. L'entendant arriver, il décrocha son téléphone et composa le 114, un numéro qui lui permettait de demander de l'aide sans avoir à parler. Alors qu'Hiyori verrouillait la porte, Law vit les deux hommes s'approcher lentement. Il passa son bras par-dessus les épaules de la jeune fille pour l'obliger à presser le pas.

" Qu'est-ce que tu fous ? " Questionna-t-elle, surprise par cette proximité soudaine, en tournant sa tête vers lui.

A son air sévère, elle comprit que quelque chose clochait. Elle le côtoyait suffisamment régulièrement pour commencer à déceler certains de ses comportements. Instinctivement, elle jeta un regard derrière eux. Elle reconnut sans mal le duo qu'elle avait attaqué quelques semaines auparavant. Avant qu'elle ne puisse proposer quoi que ce soit à son voisin, les agresseurs se ruèrent vers eux, bien déterminés à se venger de l'affront qu'elle leur avait fait subir. Se dégageant du bras de Law, la rousse fit volte-face, se plaçant naturellement devant lui. Elle n'eut même pas le temps d'engager une quelconque discussion. Le plus grand, une batte de baseball à la main, fonça sur elle. Ses bras en croix devant son visage, elle encaissa le coup douloureusement puis répliqua. Son pied se logea dans le genou de son adversaire, tandis qu'elle le désarmait en tordant son poignet. Jetant la batte loin derrière elle, l'étudiante renvoya à nouveau son pied, cette fois, en plein dans le torse de l'homme, le faisant chuter lourdement sur le dos. Haletante, elle se retourna vers le second attaquant, prête à faire de même avec lui. Pourtant, elle ne le trouva pas sur le trottoir, mais plus loin, dégainant un couteau en face de Law. Cette vision la secoua de part en part. Son cœur, qui s'était emballé quelques minutes plus tôt pendant son combat, venait de se serrer instantanément. Sa tête lui renvoya toutes les images les plus sordides qu'elle tentait de contenir depuis plus de deux ans. Elle imaginait déjà le brun au sol, une lame plantée dans le corps. Ce scénario la pétrifia quelques secondes alors qu'un cri s'étouffait dans sa gorge. Les larmes aux yeux, ses mains tremblant le long de ses cuisses, elle fut incapable de prévenir Law, de lui hurler quoi que ce soit qui puisse l'aider. Elle se précipita sur eux, prête à le protéger, coûte que coûte.