Chapitre 6

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J'avais alors appris que Nono était quelqu'un de rancunier. Je n'avais plus accès à sa chambre, et quand bien même j'arrivais à me faufiler entre les infirmières, la porte était toujours fermée à clé ce qui était incroyablement dangereux, puisqu'en cas de problème les infirmières perdraient du temps à ouvrir cette fichue porte.

Il m'arrivait de parler pendant plus d'une heure derrière cette porte, m'excusant, je ne comprenais pas, il était le premier à m'encourager dans tout ce que j'entreprenais, j'était censée vivre pour deux, et voila qu'à la moindre petite dérive, il se décide à ne plus m'adresser la parole.

J'avais appris par son médecin que ses constantes se dégradaient depuis quelques temps, depuis le jour ou il m'avait dit de ne plus revenir pour être plus exacte. Je m'en voulais, je savais qu'il allait mourir, mais la tout de suite je me sentais responsable de sa mort, je l'accélérais, et le doc avait beau dire que rien n'était de ma faute, qu'il ne s'agissait que d'un hasard, je n'y croyais tout simplement pas.

Un jour alors que l'infirmière lui apportait son repas, j'ai pu l'entre-apercevoir. Dieu qu'il avait maigri, sa voix était chevrotante, ce qui m'en rendit encore plus coupable. J'avais alors épié leur conversation en tentant de me faire discrète. Il se faisait sermonner mais pas pour les mêmes raisons que d'habitude, il ne se nourissait pas assez, et refusais d'avoir une sonde naso-gastrique, j'aurai voulu entrer dans sa chambre et lui ordonner de se nourrir ou bien je le ferai moi même, mais je ne voulais pas qu'il m'en veuille encore plus.

A un moment ses yeux se détournèrent sur sa gauche, dans ma direction, et je retins mon souffle, son visage était cadavérique. Ses yeux d'habitude si brillants étaient désormais ternes et cernés. Ce n'était plus Nono non loin de la, il ne s'agissait la que d'une pale ombre de lui même.

Il avait alors hurlé.


- Sors ! Je veux pas te voir !


N'y tenant plus j'étais entrée dans sa chambre refusant d'entendre ces menaces et ses reproches. Je le pris dans mes bras, il était tellement frêle, j'avais peur de le briser en l'étraignant trop fort, je m'en voulais, je m'en voulais tellement fort. Les larmes affluaient sur mon visage, mes excuses devenant inaudibles, trop de pensées se bousculaient dans mon esprit, Nono avait cessé de combattre, peut être était il trop fatigué pour ca, ou bien alors il avait compris que j'étais désolée et s'était décidé à me pardonner.


Le jour déclinait quand enfin je decidai de le lacher. Il s'était endormi contre moi, le sommeil semblait apaiser ses traits, et durcissait les miens. Regardes ce que tu as fais Em, t'as tué ce gosse avant l'heure, cette pensée me hantais. Nono bougea dans son sommeil, ouvrit un oeil ensommeillé, murmurant un « Tu restes ? »


Le lendemain je me reveillai toute courbaturée j'avais dormi sur une chaise pour ne pas déranger Nono. Il était déja reveillé et me regardait d'une manière indescriptible, si bien que je ne pus savoir s'il comptait hurler après moi, ou bien me pardonner.


- Je m'excuserai pas.


J'haussai un sourcil, je ne m'attendais pas à ce qu'il s'excuse, tout cela était de ma faute. Il continua à parler, mais je ne n'arrivais pas a savoir si ces paroles m'étaient destinées ou pas.


- Je vais mourir, c'est une question de mois, le pronostic a changé, je vais mourir. Je crois que j'ai un peu peur de mourir maintenant. Tu sais avant je m'en fichais un peu, mes parents s'en sortent très bien sans moi, je suis déja six pieds sous terre pour eux et ca me va très bien. Mais maintenant tu es la. Tu es toujours la.

BROTHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant