Chapitre 7

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Je me souviens du jour ou Nono avait commencé à délirer, le temps était gris, terne, comme mon humeur. La chambre avait été nettoyée, elle sentait l'hopital, ce qui m'en donnait des frissons. Cette douce odeur de vanille avait disparu. 

Quand j'arrivai au chevet de Nono son regard était vitreux. Je lui avais alors pris sa main qui était anormalement froide, je me souviens m'être attendue au pire, mon coeur avait laché, ma tête tambourinait tellement fort que j'avais du fermer mes yeux une dizaine de secondes. Appelant les infirmières totalement paniquée, elles m'avaient alors dit, qu'il allait parfaitement bien, il était sous morphine pour apaiser la douleur, puis elles m'avaient laissé la, seule; seule avec le bruit de ces machines infernales.

Parfaitement bien, parfaitement bien... Quel euphémisme, il ne réagissait même pas quand je lui serrai la main. Vers 10h45 il sembla enfin reprendre conscience, je souris alors, j'allais enfin pouvoir parler a mon ami.

Son regard était hagard, perdu, il me demanda alors. 


- Va chercher Emi.


Je n'avais pas tout de suite compris, je lui avais alors serré la main fermement. 


- Je suis la Nono.. 

- Je veux voir Emily ! 


Il commenca alors à se tortiller dans tous les sens sous mon regard horrifié, des larmes devalerent sur mes joues pendant qu'il hurlait inlassablement mon prénom, ces cris resteront probablement un des pires souvenirs de ma petite vie, il hurlait à s'en briser les cordes vocales et moi j'étais la, à essayer de le rassurer tant bien que mal, entre deux sanglots.


- Je suis la Nono, c'est Emilie, je suis la, je bouge pas, je reste près de toi.


Il ne semblait pas m'entendre, il était ailleurs, quant à moi j'étais effrayée ou était passé mon petit gars, souriant et enjoué ? Face a moi se trouvait une poupée de chiffon desarticulée qui hurlait inlassablement mon nom. Ce n'était pas mon Nono, certes son visage était le même, quoi que déformé par la douleur, mais son âme n'était plus la. Je pense que j'ai su a cet instant que la fin approchait, que plus jamais je n'aurai de vraies discussions avec lui, moi qui avait encore tant a lui dire, je devais lui raconter, comment je m'étais cassé une dent plus jeune, comment j'avais attrapé mon père à mettre les cadeaux sous le sapin le soir de Noël. D'ailleurs est ce que Nono croyait toujours au père noel ? Il devait reprendre ces esprits, je devais savoir ! Je ne voulais pas faire de boulettes et briser un mythe alors qu'il était mourant, je devais savoir.


Alarmées par les cris de Nonos et mes sanglots, le docteur vint en courant et soupira en nous voyant, il faut dire que nous étions pitoyable, lui à hurler mon nom et moi à pleurer toutes les larmes de mon corps, deux bras cassés, voila ce que nous étions.


Après lui avoir asséné une dose de morphine, le doc se tourna vers moi, son regard emplit de pitié, alors que je murmurais frénétiquement


- Nono croit au père noel ? Je dois savoir, je... Je ne sais pas, il faut que je lui demande.

- Calmez vous, ne paniquez pas, vous devez restez forte pour lui, vous voir dans cet état n'arrangera rien du tout. 


BROTHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant