Chapitre 8

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- Pincez moi je rêve.

Ce qu'il fit sans attendre, aucun doute il s'agissait bien de Nono.

Ces yeux étaient toujours cernés, ses traits fatigués, mais il était la, souriant, mon Nono était la. Je dois avouer que j'étais totalement sous le choc, la veille il était mourant, et la il était souriant en train de regarder un de ses dessins animés favoris l'air de rien. Il me regardait comme si je débarquais d'une autre galaxie. Pour tout vous dire, à cet instant j'ai vraiment cru en tous les dieux possible et imaginable, mes interminables prières plus farfelues les unes que les autres étaient enfin exaucées. Je jubilais de l'intérieur, et même si je ne me souvenais pas de ce que j'avais promis à ces divinités en échange de la vie de Nono, je m'étais promis de faire tout ce qu'il fallait, de ne plus jamais insulter les conducteurs agaçant, d'aider des vieilles dames à traverser la rue, de rendre visite à mes parents, de manger équilibrer, en somme de devenir une personne meilleure.

Encore en pyjama, je courus hors de la chambre pour chercher le doc sous le regard éberlué de Nono. Quand je finis par le trouver je lui dis avec mon plus grand sourire que Nono était réveillé et qu'il allait bien, du moins j'essayais, mon souffle était erratique du à mon sprint digne des plus grands coureurs des jeux olympiques. Ne saisissant pas la raison de ma venue, il me fit alors m'assoir avant de me demander calmement pourquoi je courrais comme une dingue dans l'hôpital. Je répétai donc intelligiblement, ne cachant pas ma joie. Sa réaction n'était pas celle que j'attendais, puisqu'il ne sembla pas être heureux de cette nouvelle. Je le secouai alors

- Et doc ! Nono va bien ! Peut être que votre traitement a fini par marcher ? Est ce qu'on pourra ressortir ? Je veux l'emmener à la foire et à la plage. Au et il y a un film que je veux lui faire voir au ciné.

Il me regardait d'un air désolé, peut être que je lui posai trop de questions d'un coup ? A moins qu'il n'ai pas eu beaucoup beaucoup de sommeil ? Peut être qu'il venait de perdre un patient, et que son humeur n'était pas au beau fixe. Mais je devais savoir, Nono allait mieux, ce qui était tout à fait improbable, totalement contraire au pronostic qu'il m'avait donné quelques jours plus tôt, je devais savoir quand est ce que nous pourrions reprendre nos escapades et quand est ce que je pourrais le sortir en ville.

- Emilie, Nicolas ne va pas mieux.

J'avais l'impression qu'il ne m'écoutait pas, bien sur que Nono allait mieux, je l'avais vu, de mes propres yeux. Peut être qu'il me prenait pour une folle ?

- Si ! Il est dans sa chambre, il va très bien, il m'a pincé, et ca fait mal j'vous assure. Je suis pas folle venez voir par vous même.

Joignant les gestes à la parole, je le tirai dans le long couloir menant à la chambre de Nono, les infirmières nous regardaient d'un oeil mauvais, oui je faisais du bruit, mais qui s'en souciait ? Nous n'étions pas dans un CDI, nous pouvions parler et Nono allait beaucoup mieux. Le doc me suivait en soupirant, il me répétait inlassablement la même chose "Nono ne va pas mieux".

Arrivés devant la chambre à Nono le doc me retins alors que j'allai ouvrir la porte.

- Emilie écoutez moi. Il ne s'agit très certainement que du regain.

Je le regardai alors d'un air éberlué.

- Le re quoi ?

- Le regain. Ca arrive à des tas de patients. Quelques jours avant leur mort, les patients vont beaucoup mieux, je ne saurai pas vous expliquer pourquoi, je ne le sais pas, le cerveau fait un ultime effort de survie, et quand ça arrive, ça permet à la famille de dire au revoir.

Et voilà que le doc disjonctait, quelle idée, le regain, et puis quoi encore ? Ne pouvait il pas tout simplement se rendre à l'évidence Nono allait bien. Peut être avait déjà il fait son deuil et il ne voulait pas admettre que Nono allait simplement mieux. Je dois avouer que même moi j'étais choquée, mais la stupeur avait vite laissé place au bonheur de pouvoir récupérer mon Nono. Je m'étais renseignée sur internet, certains enfants avaient déjà eu des cancers foudroyants puis s'étaient remis sur pieds, leur anticorps étaient jeunes et robustes et avaient finis par gagner contre les cellules dégénératives. J'avais fini par perdre espoir, mais de toute évidence ce miracle venait de se produire.

BROTHEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant