1_誘拐

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"Bien joué Dollie. On ira réclamer l'argent auprès de sa famille. Tu peux rentrer chez toi."

Cette voix provenait d'un jeune homme, juste un peu plus vieux que Dollie. Celui-ci avait ses mains dans ses poches et marchaient d'une manière décontractée aux côtés de la jeune femme. Chaque personne près de qui il posait les pieds s'inclinait de 90° par signe de respect.

"Merci Yanagi, je voudrais juste savoir si je pouvais aller faire un tour à l'infirmerie, mon bras va finir par rouiller à cause de la pluie. S'exclama Dollie, irritée."

Yanagi tourna la tête vers elle, et se mit à scruter son bras. Il se plaça devant elle - arrêtant la marche de la jeune femme - et prit son bras dans sa main droite. Il passa son pouce sur le métal trempé avant de finalement reposer ses yeux sur Dollie.

"Désolé petite, y a trop de monde à l'infirmerie. Vas-y demain. (Il donna deux tapes sur son épaule et se recula.)"

La concernée acquiesça. Après un petit signe d'au revoir, elle se retourna et se dirigea vers un ascenseur en ferraille à l'opposé de là où elle se trouvait. Elle passa devant la cantine. Une odeur fétide s'en dégageait, elle pressa le pas. La nourriture d'ici n'était pas réputée pour être la meilleure du monde, heureusement qu'elle n'y mangeait pas très souvent.

L'ascenseur dévoila sa cabine poisseuse et rouillée à la vue de Dollie. Celle-ci y monta et appuya sur le niveau 0. Les portes dévorées par la rouille se refermèrent et la cabine débuta son ascension vers l'extérieur. Elle tanguait. Dollie prenait peur dès qu'elle y mettait les pieds, elle détestait les ascenseur. Un sentiment lourd qui pesait sur ses épaules et qui lui murmurait "les fils lâcheront bien un jour, tu seras peut-être la victime".
For heureusement, cette fois-ci, aucun accident ne survint. Elle se précipita à l'extérieur, capuche vissée sur la tête.

La pluie battait encore à l'extérieur. Elle se dépêcha de rentrer chez elle, son bras protégé le plus possible par la faible épaisseur de sa veste noire. Elle passa à travers la foule agitée et sous les rails qui pendaient au dessus de sa tête. Des bus passaient dessus de temps en temps.

Le soir, les boîtes de nuit affichaient toutes complètes. Elles étaient régies par des Yakuza, enfin, c'est eux qui récupéraient le fric à la fin. Les gérants avaient peur d'eux. Nul ne sait pourquoi, mais le nombre de Violents a augmenté ces dernières années. Mine de rien, cela avantageait pas mal le gouvernement (pour les rentrées d'argent), mais surtout la police. Les Yakuza étaient connus pour faire le tri parmis les autres délinquants. Tout le monde les respectaient et évitaient les problèmes avec eux.
Cela n'empêchait malheureusement pas les guerres qu'ils se livraient entre clans. Dollie avait eu vent de ce clan rival qui faisait sa loi dans le quartier. Ils ne se considéraient pas comme des Yakuza - Selon leurs informations - mais comme des personnes œuvrant contre toute sorte de criminalité.

Dollie trouvait cela ridicule; la criminalité ne peut pas être irradiée par le crime.

Sur son chemin, elle croisa d'autres Violents, tous regroupés dans des ruelles en train de fumer des clopes. Ils la regardaient avec un sourire. Elle les reconnaissait, c'était trois Shatei de son clan venus faire du repérage près du quartier d'un des nombreux autres clans de Tokyo. La provocation, c'est une des valeurs majeures de son clan, le Kobayashi-Gumi. Ils régnaient en maître sur Shibuya, un des quartiers les plus populaires du Japon et de Tokyo.

Dollie parvint chez elle après avoir longuement salués d'autres Shatei en train de fumer devant des boîtes de nuit, toujours accompagnés de jolies filles. Sûrement des hôtesses. Elle tapa son code à l'aide sa main faite de chair. Sa porte claqua derrière elle, le son se coupa net. Ses oreilles se mirent à siffler alors qu'elle se déshabillait pour aller se laver. Elle posa sa prothèse sur le lavabo, elle était suffisamment trempée comme ça.

L'eau chaude ruissela sur son corps alors que sa main libre frottait son cuir chevelu avec du shampoing. Du produit tomba dans ses yeux, elle râla. Elle enchaîna sur son corps; galère à une main.
Dollie sortit de la douche, replaçant sa prothèse en premier. Elle enfila sa tenue pour aller dormir, un mauvais pressentiment pesait sur son cœur. Elle entendait des bruits de pas venir de l'entrée. Elle se plaça près des charnières de la porte. Elle ferma son poing. Grâce à l'eau qu'avait déposé la pluie sur le métal, l'électricité n'eut aucun mal à se propager dans toute sa longueur. Les pas se rapprochaient. La porte s'ouvrit dans un grincement désagréable. Dommage, elle qui voulait fumer un bon coup avant d'aller se coucher, ça allait devoir attendre.

Un jeune homme pénétra dans la pièce, leurs regards se croisèrent immédiatement. Dollie jeta un furtif regard à ses mains, il ne tenait qu'un couteau. Elle plaça ses bras devant elle, en garde. Le jeune homme se mit en position de combat, un pied en arrière, son couteau pointé vers elle.

Il fut le premier à attaquer, Dollie l'arrêta d'un coup vif dans l'estomac. Le garçon se mit à gémir alors que l'électricité avait totalement paralysé ses muscles.

"Qui t'envoie ?" Envoya Dollie.

Elle le neutralisa rapidement, son bras sous son genoux et l'autre plaqué dans son dos. Elle remarqua qu'il était inscrit - sur la veste du jeune homme - le kanji "死", qui signifiait la mort. Pathétique, pensa-t-elle.

"Parle, j'ai pas ton temps."

Le garçon colla sa joue au sol et expira bruyamment.

"Si tu penses que je veux te donner mes informations, tu te fourres le doigt dans l'œil. Rit-il.

- Pas dans mon œil, mais dans le tiens s'tu veux."

Dollie approcha son doigt métallique vers l'œil du garçon. Celui-ci se mit à se débattre, amusant la Violente.

"J'rigole. T'es venu pour quoi ? Me tuer ?"

Son bras arrêta subitement de produire de l'électricité.

"Je n'ai rien à te dire.

- Je vois."

Elle récupéra le couteau tombé au sol.

"Tu devrais venir m'voir un de ces quatre pour que je t'apprenne à te défendre... même une mouche aurait pas peur de toi."

Le garçon grogna, il se mit à gigoter un peu plus.

"Arrête de boug-"

Au même moment, un laser bleu passa près de sa pupille. Elle leva la tête vers la fenêtre: quelqu'un la visait sur un des toits au loin. Elle bondit sur la gauche et se planqua derrière la porte. Le couteau était tombé, elle souffla un grand coup.

La noiraude contacta son supérieur grâce au dispositif présent dans son oreille, lui expliquant vaguement la situation. Il ne pourra rien faire. Quelques secondes plus tard, deux autres personnes débarqueront dans son petit appartement. Elle ne luttera pas, armé comme ils étaient. Les intrus lui enfileront un casque de force, lui faisant avaler un gaz pour l'endormir.

Pendant ses derniers instants de conscience, Dollie comprit qu'on l'emmenait quelque part. Les voix se distordaient de plus en plus jusqu'à s'éteindre et laisser place à un silence des plus complet.

VoltageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant