Vingt.

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Comme convenu le lendemain matin il retourne à la grange, j'ai du mal à le laisser partir, mon impression de sécurité d'hier est intrinsèquement liée à sa présence.

Je tourne en rond chez moi en attendant de rejoindre Malia.

Sortir ... dehors dans la foule.

Je garde les clés dans ma main. Il y a tellement de monde dehors.

Je reprends ma liste des vérifications, j'élimine les hommes trop grands, ou trop petits, la coiffure ou la couleur des cheveux qui ne correspond pas, puis j'avance à tâtons, le radar enclenché.

Le chemin est long, j'ai mal au cœur, la gorge nouée, prête à prendre mes jambes à mon cou ...

Une fois avec elle je respire plus facilement, en huis clos dans son bureau, je me sens bien plus à l'aise que dehors. Elle me donne les accès promis, me montre le fonctionnement. L'idée d'avoir une occupation utile fait du bien à mes tocs. Je vais pouvoir me concentrer là-dessus.

Elle me propose qu'on aille courir demain matin, et sa aussi ça me fait plaisir. Je reste une bonne heure avec elle, on papote de tout et de rien, et je la laisse à ses premiers élèves.

Je suis encore sous les effets des médocs ... j'ai du mal à lui accorder plus d'attention.

Le radar est de nouveau opérationnel, tout le temps que je reste dans la rue, je surveille, scrute et observe toutes les personnes que je croise. Ça demande une énergie considérable.

Quand je rentre enfin chez moi ... je suis rincée, il n'est même pas midi que j'irais bien me recoucher.

Au lieu de ça... c'est la roue libre des tocs, je range, nettoie, aspire, plie ... ça me calme, m'oblige à me concentrer sur ma To do liste. Une fois que chaque chose est propre et a sa place je m'installe sur la table. Ordi, thé, weed et je me lance dans les exercices.

Je me concentre dessus deux bonnes heures et passe sur mon travail. Traduire me demande moins d'efforts, j'en profite pour glisser un vinyle sous le diamant.

Je réponds régulièrement aux garçons, pour les rassurer. Ça aussi à la longue ... c'est fatigant.

Nous sommes le deux janvier. Plus que trois cents soixante trois jours... Magnus passe me prendre en fin d'après-midi, il insiste pour que je dorme avec lui ce soir.

Il doit bosser sur une moto avec Douglas, et c'est plus facile de trainer à la grange, je peux y bosser, et lui aussi.

Darryn n'est pas là, et je ne m'en plains pas.

Je me goinfre d'un burger bien dégoulinant ... Douglas est redevenu lui-même, il en profite même pour finir mes frites.

Et pour ainsi dire, la première semaine de l'année ressemble à ça.

Je passe pas mal de temps ici. Et je comprends rapidement que quand je suis là, Darryn reste rarement longtemps, voire même me fuit. Enfaite non c'est certain ... 

J'arrive malgré tout à le coincer un matin dans son bureau. Une tasse de café à la main.

Je jure qu'il me faut tout mon courage pour passer la porte. J'ai même le droit à un regard soulé à peine entrée.

 - Je suis occupé.

Sans même un bonjour je me fais envoyé dans les cordes.

 - Je viens faire la paix.

Il laisse un sourire amusé apparaître, ne lève pas la tête pour autant, 

 - Parce que tu as quelque chose à te faire pardonner peut-être ?

#1 Ne pleure pas trop fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant