#1 Ne pleure pas trop fort

Vingt-neuf.

- Tu t'es endormi.

J'ouvre les yeux. La lampe de chevet inonde la pièce d'une lumière chaude, douce.

Adossé au mur derrière le lit, je suis toujours dans ses bras. Il caresse timidement mon dos du bout des doigts ...

- haaa, ça fait longtemps ?

- Trois heures environ.

Je me relève légèrement, nauséeuse ;

- Quoi ? t'aurais dû me déposer, plutôt que de rester bloquer là.

Il est calme, apaisé. Ses yeux m'ont tellement manqué ... à tel point que ça me brule, me gêne ...

- Ça fait deux semaines que je ne t'ai pas eu contre moi. J'aurais bougé pour rien au monde.

Une grosse tache de bave inonde son tee shirt. Glamour.

- Les gars sont partis se couché après le départ de Douglas.

- Ça c'est passé comment ?

Il se relève légèrement contre le mur, réprime un grognement, il doit avoir le dos en compote. Mais il me garde contre lui quand j'esquisse un mouvement pour descendre de ses jambes.

Possessif.

Assise en travers de lui, dans ses bras ... moi non plus je bougerais pour rien au monde.

Possession.

- Dans l'ensemble, plutôt bien, il est vénéré. Darryn est dans leurs délires, que c'est toi le problème, que t'es toujours avec l'autre connard et tout ce bordel de mensonges là. Mais t'inquiète Dougy et de notre côté, il sait.

Pour combien de temps?

- En un sens il a raison. C'est moi le problème.

- Arrête. Steuplait.

- Tout ça ... c'est à cause de moi, le fisc, Malia ... sans compter le fait que Douglas a été drogué à ma place ... que Darryn soit ...

- Chérie ... c'est des tarés ok . Tu n'y es pour rien.

Chérie.

- Je culpabilise à mort ...

Doucement il relève mon visage vers lui. Ses gestes tendres m'ont tellement manqué. Il m'implore du regard.

- Pas plus que moi...

Sa main remonte le long de mon dos, j'ai un frisson ... de crainte. Je n'ai pas envie qu'on me touche. Il arrête son geste, laisse tomber sa main sur le matelas.

- Je suis désolé d'avoir été aussi con. Si je n'avais pas insisté, tu serais resté, tu n'aurais pas été seule, et jamais il ne t'aurait trouvé.

- Je n'arrive même plus à me souvenir à quel moment tout est partie en vrille.

Je laisse le silence faire le reste.Ma tête épouse parfaitement le creux de sa nuque, que c'est bon de noyer mon nez dans son odeur.

Malgré tout j'ai un milliard de question dans la peau.

- Pourquoi ... tu ne veux pas d'enfant ?

Il prend son temps, il a le droit de choisir les mots pour me raconter son histoire, je ne suis pas pressé de toute façon.

- Mmhh ... y'as quelques années de ça ... Une fille avec qui j'étais est tombée enceinte. Elle a avorté ... elle ne l'a pas mal vécu, mais moi ... je voulais pas avoir un enfant avec une fille de passage, me retrouver piégé dans un délire pareil. Mais si je suis honnête avec moi-même, ce n'est pas pour moi, j'aime les enfants, mais je n'ai pas envie de perpétuer le nom de mon père, ni même d'être responsable d'un être humain.